Le nombre des naturalisations repart à la hausse : Ces Algériens qui ont choisi de devenir Français

Le nombre des naturalisations repart à la hausse : Ces Algériens qui ont choisi de devenir Français

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Un peu plus de 17 000 compatriotes ont acquis la nationalité française en 2015. Le chiffre le plus bas a été enregistré en 2012 avec un peu moins de 13 000 naturalisations. Depuis, le nombre des acquisitions progresse. Mais les démarches administratives restent toujours compliquées.

Rafika se remémore encore avec beaucoup d’émotion la cérémonie de naturalisation a laquelle elle a pris part en 2013, dans les locaux de la préfecture d’Évry dans le sud de Paris. “J’étais là un peu déroutée, à côté de mon mari et entourée de dizaines d’autres personnes, d’origines diverses, qui s’apprêtaient, comme moi, à devenir solennellement Français. Il y a quelques années encore, je ne me voyais pas autre qu’Algérienne. Le destin a fait que je me marie avec un cousin né et vivant en France. Mes deux enfants ont également vu le jour dans ce pays qui, avec le temps, est devenu aussi le mien. Parfois, j’imagine ce qu’aurait pensé mon grand-père mort au champ d’honneur pendant la Révolution, en me voyant entonner la Marseillaise et tendre la main pour recevoir un passeport français. Mais, je me dis que les choses ne sont plus les mêmes. Ma vie est comme un arbre, enraciné en Algérie et qui grandit en France, là où sont ma vie et ma famille”, illustre la jeune femme.

Comme elle, d’innombrables Algériens ont choisi de sceller leur lien avec l’Hexagone, leur terre d’accueil, en se drapant de ses couleurs. Selon des statistiques rendues publiques en juillet dernier par la direction des étrangers du ministère de l’Intérieur français, 17 337 Algériens ont obtenu la nationalité française (sur environ 113 000 étrangers). Ce chiffre porte à un peu plus de 200 000 le nombre des naturalisés algériens depuis une dizaine d’années. Le pic a été atteint en 2004 avec 40 058 acquisitions de la citoyenneté. Ce boom s’expliquait à l’époque par la croissance vertigineuse des demandes de reconnaissance de la nationalité française par filiation. Les requêtes provenaient d’individus dont les ascendants avaient acquis la nationalité française par jugement ou par décret pendant la colonisation. Certains candidats n’ont pas hésité à trafiquer leur arbre généalogique pour faire valoir leur droit de devenir Français.

D’autres ont eu recours à des artifices juridiques pour convaincre les tribunaux et les services administratifs de leur éligibilité à la nationalité française. C’est le cas, par exemple, de certains Algériens nés avant l’Indépendance et qui ont introduit des demandes de réintégration sous l’emblème de la République. Plus généralement, les demandes de naturalisation proviennent d’Algériens souvent jeunes et qui ont décidé de poursuivre leur vie en France. Leur résidence permanente dans ce pays les a conduits pour beaucoup à faire le choix de devenir français. “Je vivais ici depuis une dizaine d’années quand j’ai introduit un dossier de naturalisation. Je voulais me sentir une citoyenne à part entière, avec des devoirs mais aussi des droits”, explique Nabila.

Diplômée de la prestigieuse École des Ponts et Chaussées de Paris, elle travaille en qualité d’ingénieur dans une grande entreprise publique. Pour elle, la participation à la vie de la collectivité ne se résume pas seulement à payer des impôts mais également à voter. Sur le plan affectif, des liens se sont consolidés dans le temps, avec ce pays qui, dit-elle, l’a bien accueillie.

Plus pragmatiques, d’autres Algériens ont opté pour la nationalité française, non pas par amour, mais pour des raisons pratiques. Un soudage réalisé en 2009, à la demande de l’ancien ministère de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale (sous Nicolas Sarkozy), avait révélé que les demandes de naturalisation étaient motivées une fois sur deux par le désir de leurs instigateurs de “ne plus avoir à vivre les complications administratives des immigrés”. “Ce n’est pas faux, mais il ne faut pas perdre de vue aussi que beaucoup d’Algériens ont construit leur vie dans ce pays. Ils ont fondé des familles. Leurs enfants, par le droit du sol, sont Français. Alors pourquoi pas eux ?”, souligne Samir qui a acquis la nationalité française il y a quelques années. À la question de savoir pour qui, l’Algérie ou la France, son cœur vibre le plus, ce cadre supérieur du secteur des assurances affirme qu’évidemment, il reste ancré dans l’histoire de son pays natal à laquelle il s’identifie. Il avoue, par ailleurs, que tous les codes sociaux de l’Hexagone ne lui conviennent pas forcément. Mais il y a un socle de valeurs universelles qui est, selon lui, mieux défendu en France, un pays où sa voix, comme celle de tous les citoyens, compte au chapitre…réellement.