Le célèbre chanteur de jazz est décédé à l’âge de 76 ans: Al Jarreau tire sa révérence

Le célèbre chanteur de jazz est décédé à l’âge de 76 ans: Al Jarreau tire sa révérence

Le public algérien qui avait fait le déplacement à Tabarka en juillet 2001 n’oubliera pas de sitôt la prestation époustouflante de cette superstar modeste et accessible.

Le chanteur américain de jazz Al Jarreau est décédé dimanche dans un hôpital de Los Angeles à l’âge de 76 ans. Il nous quitte, ainsi, quelques jours après avoir annoncé sa retraite pour cause d’épuisement et à quelques heures seulement de la cérémonie des Grammy Awards dont il avait été récompensé durant sa carrière pas moins de… sept fois ! Fils d’un pasteur et d’une pianiste d’église, Alwyn Lopez Jarreau est né le 12 mars 1940 à Milwaukee, dans le Wisconsin.

Dès l’âge de 4 ans, il est dans le chœur de l’église paternelle. À l’université, il fait des études de psychologie. En 1964, il s’installe à San Francisco et travaille dans un centre d’aide aux cas sociaux. C’est dans la ville californienne qu’il fait la connaissance du pianiste George Duke (1946-2013), avec qui il commencera à se produire. Et c’est durant l’été 1975 qu’il sort We Got By, son premier album, qui le révèle véritablement au grand public. Outre la chanson-titre, cet opus contient le précieux You Don’t See Me qui va devenir l’un des classiques de son répertoire.

S’ensuivra en 1977 le double album Look To The Rainbow, enregistré lors des concerts de sa première tournée internationale qui révélera la “bête de scène” qu’il sera sa carrière durant. Ce sera très vite l’heure de la consécration : lors de la cérémonie des Grammy Awards – prestigieuses récompenses américaines de l’industrie du disque –, il reçoit le prix de la meilleure interprétation vocale de jazz ; le célèbre magazine musical américain de jazz Downbeat en fait son chanteur de l’année 1977 ; même récompense de l’Académie du jazz, en France. Autre moment fort de sa carrière, l’album Breaking away sorti en 1981, basé sur des improvisations jazzy qui vont faire très vite sa renommée. Plus près de nous, on se souvient qu’en juillet 2001, Al Jarreau s’était produit au festival international de jazz de Tabarka, à la frontière algéro-tunisienne.

Le public algérien qui avait fait le déplacement aura découvert en Al Jarreau une superstar internationale des plus modestes, des plus affables… Ayant le privilège d’être gratifié par ces moments inoubliables comme celui de l’interprétation a cappella de Put it, Where, You want it de Joe Sample, l’ex-Crusader ou encore de ses tubes qui ont fait danser des millions de fêtards comme High Crime, Favourite Thing ou encore I will be here for you, l’évocation de cette disparition n’est pas tout à fait indemne de quelques souvenirs ineffables et d’une indicible nostalgie.

Enfin, comme à son accoutumée, Al Jarreau avait proposé, ce soir-là, quelques intermèdes de scat (onomatopées) où la voix humaine devenait un véritable instrument évoquant tantôt la basse, tantôt les percussions et tout cela grâce à un époustouflant découpage rythmique dont seulement lui avait le secret. Al Jarreau avait également interprété à Tabarka Tomorrow today, le titre-phare de l’album qu’il venait alors de sortir et qui comportait une bonne part de critique sociale de l’Amérique du XXIe siècle. Juste avant d’entonner cette chanson, Al Jarreau avait lu un texte prémonitoire du reste, puisqu’il interpellait déjà le président américain George W. Bush qui venait à peine d’être élu, lui demandant d’éviter de trop compromettre, durant son mandat, l’avenir des enfants de la planète… Et cela à quelques semaines du 11 septembre…

Souvent critiqué et assimilé au genre variétés, Al Jarreau, qui connaîtra, n’en déplaise à ses détracteurs, une carrière commerciale des plus florissantes, rendra, pour l’histoire, le jazz accessible au plus grand nombre et servira d’une manière fort éloquente la cause jazzistique, et précisément le “Vocal-Jazz”, qui n’en est pas, il est vrai, à un disciple près. Adieu l’artiste !