L’Algérie a besoin d’un plan Marshall pour mettre en oeuvre son programme d’énergies renouvelables

L’Algérie a besoin d’un plan Marshall pour mettre en oeuvre son programme d’énergies renouvelables

L’Algérie a besoin d’un véritable plan Marshall pourmettre en oeuvre son ambitieux programme d’énergies renouvelables qui vise à produire à l’horizon 2030 près de 40% d’électricité à partir de ces énergies alternatives, a estimé lundi Pr Chems Eddine Chitour.

« Nous avons fait des calculs à l’Ecole nationale polytechnique qui nous ont conduit à dire qu’il fallait un véritable plan Marshall pour mettre en place ces 40% » de capacités de production, a déclaré à l’APS M. Chitour en marge de la 16ème journée de l’énergie.

Sans mettre en doute la capacité de l’Algérie à mener ce programme, M. Chitour a relevé qu’il « risquait de ne pas être appliqué car il ne s’inscrit pas dans une dynamique d’ensemble qui fait que tout le monde soit engagé, notamment

l’université à travers la formation des hommes ». M. Chitour estime à ce propos que l’Algérie n’est pas en mesure de mobiliser la ressource humaine nécessaire pour la conduite de ce projet.

« Il faut former des milliers d’ingénieurs et de techniciens, mais est-il facile de le faire alors qu’on est en train de supprimer la formation d’ingénieurs et de la remplacer par le LMD. L’Ecole polytechnique forme 200 ingénieurs par an, c’est très peu », a fait observer cet universitaire qui a appelé à la multiplication de ces instituts.

M. Chitour ajoute que ce programme a été conçu par le ministère de l’Energie et des Mines sans associer le reste des départements ministériels ni même la société civile. « Ce n’est pas facile de mettre en place ces capacités, il faut avoir une problématique d’ensemble où on doit associer toute la société civile. Nous sommes tous concernés » , note le directeur du laboratoire de valorisation des énergies à l’Ecole nationale polytechnique.

Pour autant, il considère que l’Algérie doit élever la barre en matière de renouvelable et ne pas se contenter des 40% retenus dans le programme gouvernemental annoncé en 2011.

Pour lui, l’Algérie est en mesure de produire 100% des ses besoins énergétiques à partir des énergies renouvelables pour peu qu’elle opte pour la bonne méthode.

« Rien n’interdit d’aller vers les énergies renouvelables et même dépasser les 40%, mais ce n’est pas la bonne méthode. La bonne méthode consiste à faire ce qu’on appelle les états généraux où chaque département ministériel sera concerné pas uniquement celui de l’Energie et des Mines », a-t-il recommandé. « Le plus grand ministère qui doit être concerné par ce programme est le ministère des Finances, c’est ce département qui va contrôler l’efficacité, en matière d’énergie, des équipements et des véhicules importés », cite-t-il à titre d’exemple.

Selon M. Chitour tous les appareils importés en Algérie sont « des gouffres du point de vue de l’énergie ».

« Les citoyens ne sont pas concernés par le plan de développement des énergies renouvelables du ministère de l’Energie car on n’a pas d’états généraux. En France, ils ont fait « le grenelle de l’environnement » une sorte de stratégie où tout le peuple français est associé à commencer par les universités et les associations jusqu’aux entreprises et au gouvernement ». « Chez nous , il y a un seul département ministériel qui a fait son étude et qui a dit que c’est 40%. C’est très beau on souhaite que ça marché », indique-t-il toutefois.

Il relève encore que ce programme ne règle qu’un seul aspect de la problématique d’ensemble, celle de l’électricité, alors que l’Algérie a besoin de mettre en place un mix énergétique pour faire face aux défis de demain « Nous avons une génération devant nous pour réussir cette transition énergétique, moi je pars du principe qu’il faut aller vers le développement durable », conclut M. Chitour.