Ce qui se passe en Syrie, à n’en plus douter, est une guerre entre l’Occident et la Russie, par Syriens interposés. Moyennant la conversion des discours des uns et des autres en valeur géostratégique, on voit et apprécie bien ce qu’un pays qui n’a pas de pétrole ou de poids économique précis peut avoir en termes d’enjeux d’équilibre régional.
Les enjeux sont de plusieurs ordres. Si la géostratégie américaine a partie liée avec l’axe Damas-Téhéran-Hezbollah dans le sens de conforter le désir sécuritaire d’Israël, celle des pays du Golfe a à voir avec ce même axe mais plutôt dans le sens de lutter contre la volonté d’hégémonisme du chiisme dans la région.
Les objectifs des uns et des autres se rencontrant à travers les mêmes leviers révolutionnaires, c’est la religion qui semble être aujourd’hui le levain dans lequel fermentent les haines et les élans belliqueux et irrédentistes. Une guerre de religion ? En tout cas, cela expliquerait pourquoi les Saoudiens financent sans compter l’effort de guerre de l’insurrection syrienne contre le régime d’Al-Assad.
Pour les Américains, ce ne semble pas être la même chose ; ils ont bien déstabilisé un régime irakien de sensibilité sunnite pour lui substituer un régime à dominante chiite, voilà qu’ils soutiennent, contre des Alaouites (des chiites), une mouvance islamiste d’obédience sunnite.
Chaque jour, le conflit compte son lot de victimes et au fur et à mesure que la liste s’allonge, la haine grandit davantage et grandit avec elle le fossé qui sépare les communautés confessionnelles, voyant des deux côtés, des soutiens internationaux, chacun alimentant, par ses armes et ses appuis politiques et diplomatiques, le feu d’une guerre folle.
Optimiste ou orienté idéologiquement, le discours qui consiste chaque jour à annoncer la fin prochaine du régime d’Assad ne semble pasvoir ou feint de ne pas le faire, que c’est la Syrie dont on est en train de signer l’acte de décès et que la ville qui a ouvert ses portes, ces derniers jours, à la guerre civile est la plus ancienne capitale du monde.
