La consommation interne de gaz en Algérie pourrait doubler au cours de la décennie. Cela risque de peser sur les importations françaises de gaz algérien.
L’Algérie pourrait commencer à manquer de gaz dès 2014 en raison d’une forte augmentation de sa demande interne et ne plus être en mesure d’honorer ses engagements internationaux, notamment vis-à-vis de la France qui la compte parmi ses principaux fournisseurs de cette énergie. Selon les prévisions de la Commission de régulation de l’électricité et du gaz d’Algérie (Creg), la demande interne pourrait progresser selon un taux annuel compris entre 6,6 % et 9 % d’ici à 2018 pour atteindre alors entre 50,5 et 63 milliards de mètres cubes, contre 28 milliards en 2009. L’Algérie, qui produit 100 milliards de mètres cubes par an compte porter ses exportations à 85 milliards de mètres cubes à partir de 2013 contre 64 milliards actuellement. Le déficit à combler avoisinera donc 45 milliards de mètres cubes.
Essor industriel
Parmi les projets à l’origine de cette forte demande figurent notamment des installations pétrochimiques projetées par le groupe pétrolier public Sonatrach, des stations de dessalement de l’eau de mer et des centrales électriques fonctionnant au gaz naturel pour alimenter des usines, un métro à Alger, des tramways, des trains électriques, etc. Sans compter des millions de foyers à alimenter en gaz naturel, une énergie très bon marché comparativement à l’électricité.
En fait, la période sensible se situe entre 2010 et 2014, au cours de laquelle le pays connaîtra une forte croissance de sa demande interne. Un rapport interne établi par Sonatrach prévoit d’ailleurs une grave crise interne à partir de 2014. « On ne sait pas si l’Algérie dispose vraiment de suffisamment de gaz pour tenir ses engagements », s’inquiétait déjà en 2009 un diplomate britannique. Or l’Algérie est l’un des trois plus grands fournisseurs de l’Europe en gaz, avec la Russie et la Norvège. En France, les importations d’hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) en provenance d’Algérie représentent ainsi 4,8 % des importations de combustibles et carburants de la France.
Alors que la demande interne va doubler durant les quatre prochaines années, les projets d’exploitation du gaz ne sont pas si nombreux. L’Algérie prévoit la mise en service de deux usines de production de gaz naturel liquéfié (GNL) d’une capacité globale de 10 milliards de mètres cubes. Le pays peine à attirer de nouveaux investisseurs en raison de la baisse des prix de l’or bleu et d’une législation peu attractive.
Ali Idir, à Alger