Kouchet El Djir: Trois ans de prison pour des violences ayant coûté une rate

Kouchet El Djir: Trois ans de prison pour des violences ayant coûté une rate

Mardi dernier, le tribunal criminel d’Oran a examiné une affaire dans laquelle B. Djamel, vendeur de fruits et légumes à Kouchet El Djir, était poursuivi pour violences volontaires ayant provoqué une infirmité permanente sur la personne de R. Ayoub.

Les faits de ce dossier remontent au mois de juillet 2015 quand B. Djamel, 22 ans, se rend compte que R. Ayoub lui a volé une paire de sandales, un téléphone portable et 6.000 DA. En allant réclamer ses effets, Djamel est reçu par un Ayoub hargneux et armé d’un gourdin et d’un couteau. Une dispute éclate entre les deux adversaires et Ayoub finit à l’hôpital, le corps lardé de coups de couteau dont un l’a grièvement atteint à la rate. La blessure est d’ailleurs telle que, pour le sauver d’une mort certaine, le chirurgien qui l’opère décide de lui enlever l’organe abdominal.



Lorsqu’il sera interrogé par la police, Djamel dit s’être violemment disputé avec Ayoub et lui avoir porté les coups constatés par le personnel médical sur le dos, la jambe et le ventre de la victime. Plus tard, devant le juge d’instruction, le suspect revient sur ses déclarations pour soutenir que s’il s’est effectivement accroché avec Ayoub, il n’est pas responsable des lésions. Il affirmera que la victime s’est accidentellement blessée au ventre en tombant sur son propre couteau lors de l’altercation. B. Djamel sera finalement inculpé pour coups et blessures volontaires ayant entraîné un handicap permanent.

Lors de son procès, qui s’est déroulé en l’absence de la partie civile, le prévenu changera une nouvelle fois de version en affirmant à la cour ne pas être l’auteur de l’agression. Il n’était même pas présent, dira-t-il : « C’est vrai que je me suis battu une première fois avec Ayoub mais la deuxième fois, j’ai pris peur et je me suis réfugié à la maison. Je n’ai appris ce qui lui était arrivé que lorsque la police est venue m’arrêter », soutiendra-t-il en prétendant que des voisins, présents lors de l’altercation, auraient pu infliger ces blessures à Ayoub.

Dans son réquisitoire, le représentant du Parquet s’appuie sur les déclarations contradictoires de l’inculpé -qu’il assimile à une tentative de se dédouaner- et l’accusation formelle de la victime pour réclamer huit ans de prison contre B. Djamel.

En réponse, l’avocate de la défense déplorera l’absence de témoins qui auraient pu apporter des éléments nouveaux avant de plaider la légitime défense : « La victime a provoqué notre client en le dépouillant de ses sandales, son mobile et 6.000 DA ; et vous savez comment certains Algériens réagissent à ce genre de provocation », a-t-elle tenté d’expliquer en mettant en avant la situation socioéconomique difficile de son client. Elle conclura sa plaidoirie en sollicitant l’indulgence de la cour et les plus larges circonstances atténuantes pour son jeune client.

Au retour des délibérations, le tribunal criminel condamnera B. Djamel à trois ans de prison.