Kenya: la magistrature s’indigne de “menaces voilées” du président

Kenya: la magistrature s’indigne de “menaces voilées” du président

La magistrature kényane s’est indignée de « menaces voilées » formulées par le président Uhuru Kenyatta contre les juges de la Cour suprême en réaction à la décision historique de cette institution d’annuler la réélection du chef de l’Etat pour irrégularités.

L’Association des juges et magistrats du Kenya (KMJA) « s’insurge contre les remarques » de M. Kenyatta, « qui ont eu pour effet de dénigrer les juges de la Cour Suprême », a déclaré samedi soir le secrétaire général de la KMJA, Bryan Khaemba, s’adressant à la presse devant la Cour suprême, dans le centre de Nairobi.

M. Kenyatta a notamment qualifié les juges de la Cour suprême d' »escrocs ». Ensuite, s’adressant à des représentants de son parti, il a appelé à la paix, mais a aussi soutenu que ces juges avaient « décidé qu’ils avaient plus de pouvoirs que plus de 15 millions de Kényans qui ont fait la queue pour voter ». « Cela ne peut pas durer, et nous nous pencherons sur ce problème, après les élections. Il y a un problème et nous devons le régler », a-t-il mis en garde.

« Nous condamnons cette attaque contre l’indépendance décisionnelle » des juges, a dès lors réagi Bryan Khaemba, regrettant des « menaces voilées » contre les juges ayant annulé l’élection.

Saisie par l’opposant Raila Odinga, la Cour suprême a ordonné vendredi la tenue d’un nouveau scrutin présidentiel d’ici au 31 octobre. Inattendue, la décision a été saluée par de nombreux observateurs comme « courageuse », « historique » et preuve de la « maturation » de la démocratie kényane.