Investissements étrangers en Algérie: La BAD rend son “verdict”

Investissements étrangers en Algérie: La BAD rend son “verdict”

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Les indices de performance et d’avancées qu’enregistre l’économie du pays ne correspondent pas au classement du Doing Business.

Au sein du Conseil national de concertation pour le développement de la PME (Cncd-PME) on reste convaincu que le déclassement à la baisse, de sept places, de l’Algérie par le groupe de la Banque mondiale Doing Business 2018 ne saurait être accepté tant de nombreux éléments démontrent le contraire. Un point de vue que le Cncd-PME a défendu à l’occasion d’une journée de travail sous le thème «L’impact de la concertation sur l’évolution positive du climat des affaires» qu’il a organisée hier à Alger.

En effet, Nacira Haddad, membre du bureau du Cncd-PME a, lors de sa présentation sur les réformes réalisées ces deux dernières années, au titre du Doing Business, notamment en matière de dématérialisation (un des indicateurs du climat des affaires) s’est montrée tout à fait étonnée de la place actuelle qu’occupe l’Algérie dans le classement du Doing Business, «alors que le pays a enregistré des avancées considérables durant la période», a-t-elle rappelé à l’assistance. Cette dernière est allée jusqu’à se demander «comment est établi le classement réalisé par le groupe de la BM.?». Et de lancer: «Au lieu d’un classement qui traduit objectivement nos avancées, on apprend que nous passons à la 169e place des économies dans 190 pays».

A propos des avancées enregistrées, Nacira Haddad a indiqué qu’ «elles ont été surtout observées dans les réformes structurelles». Elle citera entre autres exemples «le délai de délivrance du permis de construire par les autorités locales qui ne dépasse pas les 48 heures, l’acte notarial que l’on peut formuler à partir de chez soi et le branchement au réseau électrique qui s’exécute en moins d’une semaine. Autre élément avancé par Nacira Haddad, dénigrant ce classement «la Banque africaine de développement (BAD) rapporte dans son dernier bulletin de conjoncture que sur l’ensemble des pays de l’Afrique du Nord, c’est l’Algérie qui a enregistré la plus forte avancée de son industrie et cela malgré la difficulté de la crise que traverse le pays depuis 2014. «A partir de ces éléments, je considère que le classement opéré par le groupe de la Banque mondiale n’est pas du tout fiable», a jugé cette dernière. Et d’ajouter: «Cela veut dire aussi que le mécanisme de récolte d’informations, c’est-à-dire les outils d’évaluation usités par Doing Business, manque d’efficacité.»

Revenant sur le thème de la journée de travail, Nacira Haddad a tenu à rappeler qu’elle est nécessaire car elle permet de se faire une idée sur l’évolution du climat des affaires en Algérie. «De ce fait il devient utile qu’elle soit organisée plus souvent» a-t-elle jugé. Comme elle a tenu à informer dans la foulée qu’un comité national de suivi pour l’amélioration du climat des affaires a été installé en 2013. « Depuis, aucun de ses procès-verbaux des séances de travail que le comité a établis depuis, n’a été suivi d’appréciation et encore moins une considération de la part des services concernés», a déploré Nacira Haddad. Devant cette situation cette dernière suggère «de rattacher le comité au Premier ministère».

Interrogée par L’Expression sur ce qui grince encore dans le climat des affaires en Algérie, celle-ci a évoqué en premier «une insuffisance criarde de communication entre les parties prenantes». Autre cause citée par cette dernière «les préposés au guichet des administrations concernées ne sont pas assez formés pour remplir leur mission convenablement. Nous avons constaté sur le terrain que ces derniers n’appliquent pas comme il se doit les directives qu’ils reçoivent. Et ainsi par de tels agissements des dispositions, aussi importantes qu’urgentes, décidées par le ministre de l’Industrie et des Mines voient leur mise en place retardée. Et du coup des projets tardent à se concrétiser».

Devant cet état des lieux, notre interlocutrice estime que «la mise en place d’un canal d’écoute des investisseurs devient tout à fait indiqué si l’on veut se débarrasser de ces insuffisances».

Soulignons que lors de cette journée, les présidents de filières boissons, matériaux de construction, industrie cellulosique et comme commerce transfrontalier, Anexal, ont été invités à prendre la parole pour se prononcer sur le climat d’affaires qui prévaut dans notre pays. Et à ce titre Ali Nasri, président de l’Anexal, ne s’est pas fait prier pour dire: «Nous mettons en doute le classement du Doing Business et cela à plus forte raison que nous détenons des preuves pour démontrer que ce classement ne correspond en rien aux résultats économiques atteints par le pays ces trois dernières années.» Et de s’appuyer dans ce sens sur un domaine qu’il connaît assez bien, celui des exportations hors hydrocarbures. Il a en effet révélé que «Doing Business fixe actuellement les délais d’exportation chez nous à six ou sept jours alors que c’est absolument faux car ils sont de moins de 90 minutes au niveau des frontières terrestres. Cette performance résulte entre autres de l’implication positive de toute l’administration douanière du pays». Et de faire savoir enfin que «de par les indices de performances que nous avons décelés sur le terrain notamment au niveau des postes frontaliers, je reste convaincu que nous allons enregistrer en 2018 de très bons résultats en matière d’exportations hors hydrocarbures. Un nouvelle qui ne peut que bien être accueillie par les temps qui courent où le pays a besoin de gonfler ses recettes extérieures.