Intox et discours clivants sur Facebook: Vaste opération de torpillage de la contestation

Intox et discours clivants sur Facebook: Vaste opération de torpillage de la contestation

C’est à travers les réseaux sociaux que les Algériens maintiennent la mobilisation et s’organisent pour encadrer les foules. Le pouvoir panique et riposte.

Le recours à l’intox, aux comptes automatisés et d’autres techniques de manipulation ont tout particulièrement fait irruption depuis quelques jours et augmentent au fur et à mesure que la contestation populaire prend de l’ampleur. C’est d’ailleurs à travers les réseaux sociaux que les Algériens maintiennent la mobilisation et s’organisent pour donner forme à leur mouvement initialement qualifié de spontané.

Après quatre vendredis de démonstration de force du peuple de manière pacifique, les internautes s’interrogent sur la suite à donner à la contestation. Un grand nombre y répond par des appels à la formation de comités de quartier et à l’ouverture d’espace de débats publics.

À cette mobilisation et cette organisation toutes deux inédites, le  pouvoir panique et riposte. Certaines sources parlent même d’un contingent de jeunes étudiants qui auraient été engagés et bien rémunérés pour infester la Toile de faux profils avec pour mission de distiller des messages et des discours clivants, afin de susciter des divisions au sein du peuple. Mais pas seulement. Les utilisateurs de Facebook ont constaté, également, une prolifération de fausses informations, de discours partisans controversés et de messages semant le doute dans les esprits en évoquant notamment “l’impasse” ou encore “le risque de voir la protesta s’essouffler”.

Certains iront jusqu’à qualifier les manifestations du vendredi de “sorties de détente” s’attelant à folkloriser une contestation qui rejette catégoriquement le régime actuel. “Contrairement aux méthodes de censure directes, comme le blocage de certains sites ou les arrestations de certains activistes sur internet, la manipulation de contenus en ligne est plus difficile à détecter, surtout lorsqu’elle émane de personnes se présentant comme des gens ordinaires, loin des sphères politiques.

D’où le degré de l’efficacité potentielle de l’entreprise”, nous a expliqué un expert en TIC, appelant les Algériens à plus de vigilance. “Acculé, le régime, qui s’accroche désespérément au pouvoir, ne lâchera pas prise facilement et, pour cela, il est prêt à tout, persuadé que même un mouvement spontané peut donner forme à ses indignations”, ajoute notre interlocuteur qui soutient, par ailleurs, que “ces moyens technologiques peuvent servir ou desservir la démocratie, car l’effet de la technologie sur l’activisme civique peut parfois se révéler dévastateur”.

Autrement dit, “la manipulation sur les réseaux sociaux, notamment lorsqu’elle est sponsorisée par l’État, est un moyen idoine pour affaiblir les canaux de communication traditionnels, à l’exemple de la presse. Il s’assure en même temps de discréditer l’info sur les réseaux sociaux par l’intox où de nombreux citoyens ne distinguent d’aucune manière les informations et autres commentaires faux ou trompeurs”.

Aussi, les fakenews à même de façonner des opinions et de salir des réputations peuvent s’avérer être une arme de destruction massive. Face à cette tentative de torpiller la contestation, les Algériens sont loin d’être dupes et les messages de “vigilance” se multiplient sur Facebook, notamment pour prévenir contre “toute forme de régionalisme”, assurant que “nous sommes un seul et même peuple uni dans nos différences”.