«Notre combat est, en fait, contre les binationaux d’ici et détenteurs de logements et de comptes bancaires là-bas», indique le patron du RND.
Dérogeant à ses habitudes, Ahmed Ouyahia s’est senti l’obligation de répliquer au traitement médiatique du commentaire qu’il avait fait par rapport à l’élimination précoce de l’Equipe nationale de football, lors de la coupe d’Afrique des nations. Le secrétaire général du RND n’a donc pas apprécié qu’on lui impute une tendance à l’exclusion des binationaux. «J’espère que mes compatriotes à l’étranger auront compris combien étaient fausses les prétentions que le RND ou son secrétaire général était contre nos compatriotes à l’étranger», affirme Ahmed Ouyahia dans un communiqué publié sur le site de son parti, rapporte TSA.
Le directeur de cabinet à la présidence de la République, qui a trouvé dans la défaite de l’Equipe nationale, matière à tirer des leçons sur la gestion de la ressource humaine algérienne, tient à expliciter son propos en assumant une partie, relative notamment aux binationaux qui profitent des largesses du pays. «J’espère aussi que ma clarification a été comprise que notre combat est, en fait, contre les binationaux d’ici et détenteurs de logements et de comptes bancaires là-bas», indique le patron du RND qui ouvre une sérieuse brèche susceptible de créer une grande tension au sein de sa propre formation politique. En effet, même si les responsables politiques algériens concernés par la pique ne sont pas binationaux, il est tout de même aisé de deviner l’identité des personnes auxquelles pourrait faire allusion le directeur de cabinet à la présidence de la République.
Le propos est on ne peut plus grave et la tentative de «calmer le jeu» pourrait aboutir à tout le contraire. Ce ne serait pas raisonnable d’affirmer qu’Ouyahia se soit mal exprimé, sachant le caractère «perfectionniste» de l’homme. Y a-t-il donc un message «subliminal» dans le propos du patron du RND? Annonce-t-il une nouvelle «bataille» au sein du système à moins de deux mois des législatives? Ces interrogations restent de mise, même si Ahmed Ouyahia tempère quelque peu son propos en relevant que le rêve que caresse le RND est «de voir nos compatriotes binationaux à l’étranger, que je salue, être demain le lobby puissant économique et politique de l’Algérie, leur patrie ou leur patrie d’origine, comme le sont les Italiens d’Amérique par exemple pour leur patrie d’origine». L’ensemble des observateurs savent pertinemment qu’un lobby ne naît pas du néant.
Il est spécifiquement issu d’une volonté politique qui s’exprime prioritairement dans le pays d’origine, à travers une démarche claire en direction de la communauté installée dans un pays étranger. Il faut dire qu’à voir le discours et la politique du gouvernement algérien, l’on n’est pas dans une logique de constitution de lobbys des binationaux algériens. C’est dire donc que le voeu du RND exprimé par Ahmed Ouyahia n’a d’autres fonctions que celle d’habiller un discours qui semble apparemment destiné à un public précis. Dans «sa mise au point», le responsable à la présidence de la République a tout simplement affiché une détermination à ne pas céder sur la question des binationaux, même après le vote de la loi les concernant. De là à dire que le sujet demeure encore chaud et qu’il rebondisse d’une manière ou d’une autre lors de la campagne électorale pour les législatives, il n’y a qu’un pas que Ahmed Ouyahia pourrait lui-même faire.
