Il mettra fin au parasitisme politique: Les bienfaits du nouveau régime électoral

Il mettra fin au parasitisme politique:  Les bienfaits du nouveau régime électoral

L’article 94 du nouveau régime électoral va filtrer les candidatures de sorte que seuls les partis et les personnalités à fort ancrage dans la société et fort potentiel de mobilisation pourront se présenter aux prochaines législatives.

Les élections législatives du mois de mai ne seront vraisemblablement pas comme les autres. Et pour cause. contrairement aux précédentes, qui ont vu la participation d’une cinquantaine de partis politiques et de plusieurs listes d’Indépendants, l’élection qui arrive va se tenir dans des conditions si rigoureuses que seuls les partis ayant un ancrage effectif dans la société pourront y prendre part.

En effet, l’ensemble des partis n’ayant pas participé aux législatives de 2012 est tenu de collecter les signatures de 10 élus ou 250 signatures des électeurs pour chaque siège afin de pouvoir présenter des listes. Les partis y ayant pris part, mais qui n’ont pas obtenu 4% et plus des suffrages sont également tenus de collecter des signatures pour présenter des candidats aux législatives de mai prochain. C’est l’article 94 de la loi organique n°16-10 relative au régime électoral qui le stipule. Lors de son annonce, cette disposition a été vigoureusement contestée par plusieurs partis de l’opposition… mais, très vite, ces derniers se sont rendus à l’évidence et se sont mis à travailler en vue de mobiliser leurs troupes et affronter le scrutin en force. En effet, tous les grands partis connus sur la scène politique nationale se sont dit prêts à affronter l’élection et ont fini, chemin faisant, par trouver des vertus à l’article 94 de la loi électorale.

C’est ainsi que le RCD, par exemple, considère que «dans l’absolu, on ne peut prétendre à une représentation nationale si on est incapable de réunir 250 signatures par candidat». Même chose pour le PT, le FLN, le RND, le FFS, TAJ, le MPA qui considèrent tous qu’un parti qui ne peut pas justifier d’une présence minimum dans la société n’a raisonnablement pas de rôle précis à jouer sur l’échiquier politique national.

Cette tendance vers l’élimination de fait des petits partis saisonniers qui ne sortent de leurs tanières qu’à la veille des élections se confirme sur deux plans. D’abord, au moment où les grands partis se déploient sur le terrain et entament la constitution de leurs listes, les partis qui ont une présence timide ou qui n’ont carrément aucune présence sur le terrain, font profil bas pour certains, organisent leur mort en silence et optent, contraints, au boycott pour d’autres.

C’est le cas de Jil Jadid de Soufiane Djilali, l’UCP de Zoubida Assoul, le MEN, le RA, le PLJ, le RPR, le MNE, etc. Ensuite, certains autres partis, que la disparition semble effaroucher, s’accrochent à leurs sigles et essaient de mettre la pression sur le gouvernement afin qu’il gèle l’article 94 de la loi organique n°16-10 relative au régime électoral. C’est le cas, entre autres, de l’Union pour le rassemblement démocratique, la Tribune de l’Algérie de demain, le Parti des jeunes démocrates, le Mouvement national pour la nature et le développement, le Parti national algérien, le Front du militantisme national, le Mouvement pour la jeunesse et la démocratie, le Front de la bonne gouvernance, le Mouvement national des travailleurs algériens, le Parti En Nour El Djazairi, le Front démocratique libre, le Front national des indépendants pour la concorde, le Parti national pour la solidarité et le développement et le Front national démocratique.

Ces formations politiques, au nombre de 14, ont en effet annoncé, samedi à Alger, la naissance de «l’Instance nationale des partis politiques» dont la principale revendication est l’annulation de la condition relative à l’obtention de 4% des voix exprimées lors des dernières législatives pour participer aux élections de 2017. Cette Instance estime que cette condition prive la majorité des partis de la participation aux élections, ce qui serait contraire aux dispositions de la dernière révision constitutionnelle. Pourtant, de tous ces partis, à peine un ou deux, notamment Jil Jadid et l’UC, font parler d’eux. Tous les autres, n’ayant ni élus ni cadres ni militants, ne retiennent l’attention de personne.

Mais ce ne sont pas seulement les partis à faible ancrage que l’article 94 va écarter des élections législatives de mai prochain.

Les candidats indépendants eux aussi vont avoir du mal à constituer des listes tant il leur est exigé de collecter 250 signatures pour chaque siège, soit environ 10 000 signatures pour présenter une liste à Alger, 5000 à Sétif, 4000 à Tizi Ouzou, etc. De fait, seul les personnalité très populaires et charismatiques ou les grosses fortunes pourront se présenter comme candidats à titre indépendant aux prochaines législatives. Cette situation laisse apparemment les portes ouvertes devant l’entrée en scène de «l’argent». Mais, les conditions rigoureuses instituées par le nouveau régime électoral vont filtrer massivement les candidatures et seuls les partis et les personnalités à fort ancrage et à potentiel de mobilisation appréciable prendront part à la compétition politique qui se prépare. Et ceci, bon gré mal gré, a au moins une vertu: élever le niveau des débats et mettre fin au parasitisme politique des années précédentes.