Gestion des établissements d’accueil de la petite enfance : Ce qu’ignorent les parents.

Gestion des établissements d’accueil de la petite enfance : Ce qu’ignorent les parents.

En quête du profil facile, les gérants d’établissements d’accueil de la petite enfance relèguent l’aspect pédagogique au second plan.

La mort d’un enfant âgé de 3 ans la semaine dernière à Oran dans une crèche, suite à une défaillance avérée de la part du responsable de cet établissement, a fait remonter à la surface ces jours-ci auprès des familles les inquiétudes qu’ elles ont toujours nourries quant aux conditions dans lesquelles leurs enfants sont accueillis au niveau de ces établissements et surtout quant au profil des personnes autorisées à gérer ce genre d’établissements ôh combien important de nos jours! A priori, la réglementation sur l’ouverture de ces établissements, est tout à fait claire sur le cahier des charges et les exigences techniques concernant la bâtisse devant abriter cet établissement.

Toutefois, la réalité du terrain n’est pas toujours le reflet exact de ce qui est indiqué dans la réglementation. Ainsi et selon une source bien informée au niveau d’une direction de l’action sociale(DAS) d’une wilaya du centre du pays que nous n’allons pas dévoiler pour préserver la source d’information, l’ouverture d’une crèche ou d’un établissement d’accueil de la petite enfance, comme on l’appelle administrativement, se fait aussi de façon frauduleuse avec la complicité bien entendu de certains employés, au niveau du service chargé de ce dossier au sein de la DAS. La première anomalie qui peut entacher le dossier d’ouverture d’un établissement d’accueil de la petite enfance, est relative au profil du gérant. Notre source indique que si du point de vue de la réglementation, le gérant doit être titulaire d’un diplôme d’éducateur délivré par un centre ou institut de formation professionnelle ou titulaire d’un diplôme universitaire dans une spécialité ayant un rapport avec le domaine de l’enfance, telles que les sciences humaines et sociales avec en appoint un certificat de travail attestant d’une durée de travail de plus de trois ans dans le domaine de l’enfance, le dossier du gérant qui se présente peut ne pas correspondre au gérant effectif. En effet, notre interlocuteur explique que «le dossier du gérant une fois approuvé au niveau de la commission chargée de l’étude du dossier au niveau de la (DAS), celui-ci peut confier la gestion de son établissement à une tierce personne qui n’a rien à voir avec le domaine de l’enfance».

Pour l’anecdote, notre source, fera savoir que des cas de gérants ayant quitté le pays sans pour autant fermer leurs établissements sont légion.

L’autre anomalie concernant le manque de sérieux d’un gérant d’une crèche, est celui relatif au cumul de fonctions. Dans la réglementation, un enseignant en poste peut signer un engagement écrit auprès des services de la DAS pour renoncer à son poste et se consacrer à la gestion de la crèche. Néanmoins, dans les faits, l’enseignant continue à occuper les deux postes sans que la (DAS) ne s’en rende compte.

L’opportunisme des gérants des établissements d’accueil de la petite enfance se manifeste, selon notre interlocuteur, notamment par la relégation du côté pédagogique devant prendre le dessus dans ce genre d’établissement au second rang, et celui du non- respect des gérants dans leur majorité pour la clause les obligeant à engager un certain nombre de profils du personnel, à savoir un psychologue éducateur, un juriste et un infirmier.

Les gérants les plus sérieux s’occupent eux-mêmes de ces tâches, tandis que les autres préfèrent les confier aux personnes nullement formées pour ce genre de mission et souvent sans niveau d’instruction élevé.

Les curriculum vitae (CV) n’étant pas exigés dans le dossier d’ouverture, ajoute notre interlocuteur, les directeurs des établissements d’accueil de la petite enfance leur tourment le dos. Pour ce qui est des anomalies qui caractérisent le dossier technique, autrement dit celui de la bâtisse, notre interlocuteur évoque particulièrement, l’exiguïté des lieux – par rapport au nombre d’enfants accordé par la réglementation.

D’autres anomalies qui restent tout aussi graves que les premières et devant être corrigées, fait remarquer notre source, par le ministère de la Solidarité nationale (ministère de tutelle), sont la liberté totale donnée aux directeurs des crèches dans la détermination du montant de l’inscription des enfants, la liberté d’accueillir tous les enfants sans distinction d’âge dans le même établissement, et l’accueil parfois des enfants handicapés avec des enfants qui ne le sont pas dans le même établissement.

Cette anarchie enfonce ces établissement dans le commercial et les éloigne de leur rôle principal, à savoir l’éducation des enfants et la substitution au milieu familial, déplore notre source.