Ferhat Mehenni répond à Ahmed Ouyahia “L’Algérie ?… Mais vous l’avez déjà détruite !”

Ferhat Mehenni répond à Ahmed Ouyahia  “L’Algérie ?… Mais vous l’avez déjà détruite !”

d-lalgerie-mais-vous-lavez-deja-detruite-bfeef.jpgDans une longue mise au point parvenue hier à notre rédaction, Ferhat Mehenni a tenu à répliquer à Ahmed Ouyahia qui, lors d’une rencontre avec les jeunes du RND, tenue vendredi dernier à Alger, l’avait accusé de rechercher “l’aide des sionistes” pour “détruire l’Algérie”.

Dans l’impossibilité de publier le texte dans son intégralité en raison de sa longueur, et par souci de conformité aux usages en matière de droit de réponse, nous en reproduisons ci-dessous de larges extraits.

(…) En relisant de plus près sa déclaration (de Ouyahia, ndlr) m’accusant de “vendre l’Algérie aux juifs”, j’en conclus qu’on est davantage devant l’ultime acte d’un condamné, qui s’adresse à son tortionnaire, Bouteflika, lui demandant de l’épargner, que devant l’expression d’une quelconque conviction. Ouyahia est réputé n’en avoir aucune. Sa demande de grâce adressée à ses puissants adversaires peut aussi avoir deux lectures supplémentaires : la première révèle qu’il met genou à terre. Celui auquel d’aucuns prêtaient encore hier une ambition de présidentiable vient de céder et de les démentir. Pour le moment, il ne cherche que sa propre survie. Le deuxième fait de cette pathétique supplique un acte de trahison de son propre clan, celui du DRS dont il est devenu le dernier des Mohicans après la chute de Toufik (…) Mais revenons sur le fond de l’accusation : “Vendre le pays aux juifs.” Cette phrase raciste et criminelle a sûrement pour but de me diaboliser (…) Mais elle nourrit surtout l’antisémitisme et la haine du juif que cultivent les institutions  algériennes à travers l’école, les médias et l’administration.

Cette Algérie qui aurait pu être notre bien commun a été assassinée en 1962 par l’armée des frontières. Sa dépouille a été disséquée et vendue aux puissances de ce monde. Le clan d’Oujda s’en repaît encore. Contrairement à mon accusateur, je n’ai jamais fait partie de ceux dont la liquidation de l’Algérie a permis de s’enrichir. Pour preuve, je suis prêt à rendre publique la situation exacte de mon patrimoine, mais je demande à Ouyahia et à tous les autres d’en faire autant.

Nous comparerons (… ) Quant au fait de dire que mes intentions vont au-delà de l’autonomie, dont il tolère enfin la perspective pour la Kabylie, et que mes velléités sont de “détruire l’Algérie”, il y a là, à la fois, une vérité et un mensonge. La vérité est que je milite ouvertement, sans tabou ni complexe, en faveur du droit du peuple kabyle pour son autodétermination, autrement dit, pour l’indépendance de la Kabylie. Le mensonge consiste à me prêter l’intention de “détruire l’Algérie”.

À supposer que ce soit vrai, il n’y a plus rien à détruire. Ouyahia et ses maîtres l’ont déjà fait. Si l’Algérie pour laquelle s’était sacrifié mon père avait pris le parti de reconnaître tous les droits des peuples qui la composent ; si la liberté, la démocratie, les droits humains y étaient respectés ; si la préoccupation des gouvernements successifs était de construire un avenir à la jeunesse au lieu de la pousser à fuir, de cultiver le respect entre les identités en

présence plutôt que de semer la haine pour les diviser, aurais-je eu l’idée de revendiquer l’indépendance de la Kabylie ? Je ne le crois pas (…).

Washington, le 17/10/2015

M. Ferhat Mehenni

Président de l’Anavad