Expulsion des migrants subsahariens: Des ONG internationales accablent l’Algérie

Expulsion des migrants subsahariens: Des ONG internationales accablent l’Algérie

L’expulsion de milliers de migrants par les autorités algériennes ces dernières semaines suscite la polémique. Plusieurs ONG ont dénoncé un acte contraire aux droits de l’Homme.

Amnesty International et Human Rights Watch ont fait part de leurs réactions à l’expulsion de migrants par les autorités algériennes concernées et ont appelé la communauté internationale à réagir face à ces “rafles” et ces “expulsions sommaires”. Human Rights Watch rappelle qu’en tant que “signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, l’Algérie n’a pas le droit de renvoyer de force toute personne reconnue comme réfugié, demandeur d’asile ou tout autre étranger dans un lieu où elle serait menacée de persécution, de torture ou soumise à des traitements dégradants et inhumains”.

Quant à Amnesty International, elle a saisi l’occasion de la Journée internationale des migrants pour affirmer que “les autorités algériennes doivent dépénaliser l’immigration irrégulière, adopter une loi sur l’asile et lutter contre les propos racistes anti-subsahariens dans le pays”. De leur côté, les autorités algériennes ont réfuté ces propos. Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale de promotion des droits de l’Homme, a justifié cette expulsion massive et soudaine des migrants en déclarant au quotidien arabophone Essawt El Akher que “la présence des migrants et des réfugiés africains dans plusieurs localités du pays peut causer des problèmes aux Algériens, notamment la propagation du sida et d’autres maladies sexuellement transmissibles (…) D’où, la décision des autorités algériennes de les expulser afin d’éviter une catastrophe”.

La présidente du Croissant-Rouge algérien, Saïda Benhabylès, s’est, pour sa part, exprimée dans le quotidien El Moudjahid. “Vu la promiscuité qu’il y a dans la capitale et qui pose des problèmes d’ordre sécuritaire, les pouvoirs publics ont décidé de transférer les migrants dans le Sud où les conditions d’accueil sont meilleures”, a-t-elle expliqué.

Le 1er décembre dernier, les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation, dans différents quartiers de la capitale, de plus de 1 500 migrants, réfugiés et demandeurs d’asile subsahariens, chez eux, dans la rue et sur leur lieu de travail, selon des chiffres rapportés par la presse. Parmi eux, des ressortissants du Mali, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de la République démocratique du Congo, de la Guinée et du Bénin. Des gendarmes et policiers ont procédé à l’arrestation de ces migrants, sans vérifier leur identité ou leurs documents, ni leur communiquer la vraie raison de leur détention, au mépris de la loi, d’après un communiqué d’Amnesty International.

Certaines parmi les personnes arrêtées étaient en situation irrégulière et d’autres étaient demandeurs d’asile et réfugiés, selon cette même source. Il est notamment reproché aux autorités de les avoir regroupés à Zéralda, à l’ouest d’Alger, dans des “conditions inappropriées, tant du point de vue de l’hygiène que de l’alimentation”.  Environ 200 Maliens, une fois arrivés à Bamako, se sont plaints de mauvais traitements qu’ils auraient subis de la part de policiers algériens et ont même évoqué trois morts, selon Amnesty International.

Sarah Bachir