Enseignements de la langue Tamazight: Un défi à relever

Enseignements de la langue Tamazight: Un défi à relever

Plus d’un an après la promulgation de la nouvelle Constitution qui accorde un statut de langue nationale et officielle à tamazight, son enseignement demeure un défit majeur que le département de Nouria Benghebrit aura à relever.

La ministre de l’Education nationale avait annoncé fin 2016 que l’enseignement de la langue Tamazight sera élargi aux établissements de 32 wilayas du pays pour l’année scolaire en cours (2016-2017). Chose faite. Près de 34 postes budgétaires ont été affectés par le ministère de l’Education nationale à cette matière rien que dans la wilaya d’Alger contre deux postes seulement il y a deux ans. A titre d’exemple, les écoles d’Alger-centre ont bénéficié de 18 postes au primaire et 07 autres au moyen. La direction de l’éducation (DE) de l’Ouest et de l’Est d’Alger ont aussi bénéficié du recrutement d’enseignants au primaire qui ont pris leurs fonctions à Maqaria, Baraki, Aïn Bénian, Alger-Centre et Kouba.

En deux ans, 711 postes budgétaires ont été affectés à cet enseignement. Un effort «important» et une évolution «visible» effectuée par le département de Benghebrit, avait jugé les défenseurs de cette langue. Le Haut Commissariat pour l’Amazighité a lui préconisé de nouveaux recrutements chaque année. Ces recrutements seront possibles, estime le président du HCA Si Il Hachemi Assad car, désormais, des promotions sortent de l’Ecole nationale supérieure de Bouzareah laquelle a enregistré 60 inscriptions en 2016.

Cependant, ce n’est pas l’élargissement de son enseignement qui pose problème selon plusieurs enseignants, mais plutôt l’obligation de l’apprendre. En effet, Brahim Hand Ouyahia, enseignant dans un collège dans la wilaya de Tizi Ouzou, demande que tamazight soit obligatoire au même titre que les autres matières enseignées. Contacté, M. Hand Ouyahia dira que l’obligation de son enseignement aidera tout les citoyens algériens à se comprendre, à communiquer avec cette langue et à accéder par la même occasion à la culture qu’elle véhicule.

Un moyen assure-t-il pour «renforcera la cohésion sociale». Notre interlocuteur rappellera que l’enseignement de la langue amazighe est obligatoire depuis 2008 dans la wilaya de Tizi Ouzou. Cette date correspond, en effet, à l’année à partir de laquelle la direction de l’Education de cette wilaya a décidé de ne plus accorder de dispenses aux élèves ne souhaitant pas étudier cette matière.

Un collectif d’enseignants de la wilaya d’Alger a lui exposé un autre facteur qui freine l’Enseignement de cette langue. Il s’agit des enseignants affectés vers des établissements, mais une fois arrivés sur place les chefs d’établissement leurs disaient qu’ils n’avaient pas reçu d’instruction des directeurs de l’éducation pour entrer en fonction. Pour répondre à ces doléances, le HCA a demandé une réunion avec les directeurs de l’éducation. Ils se sont entendus, affirme le président du HCA, pour que cette situation «ne se reproduise plus à l’avenir».

L’Académie de tamazight Toujours attendue

C’est aussi le manque «flagrant» de manuels scolaires qui est soulevé par des enseignants contactés par nos soins. Hamid Saïdi, enseignant de Tamazight dans un Lycée à Tizi Ouzou, témoigne des difficultés que rencontrent les élèves et les enseignants par la même à s’acquérir un livre. En outre, c’est le contenu de ce manuel qui est aussi contesté par notre interlocuteur. «Nous trouvons souvent des difficultés à expliquer la réelle signification de certains textes traduits mot par mot de l’arabe ou du Français vers Tamazight.

Nous peinons parfois à donner des réponses immédiates aux élèves qui pourtant ont Tamazight pour langue maternelle». Pour cet enseignant en fonction depuis 12 ans, la création de l’Académie algérienne de tamazight, placée auprès du président de la République et prévue dans la Constitution amendée de février 2016, pourra «répondre aux besoins de l’Enseignement de la langue Tamazight».

Il est, d’ailleurs, attendu de cette académie, rappelons-le, l’organisation et la fonctionnalisation du savoir édité en tamazight, l’édition des lexiques spécialisés et la lutte contre la médiocrité, notamment en matière d’édition.