El Tarf: nuit de violence à Ben M’hidi

El Tarf: nuit de violence à Ben M’hidi

La localité de Ben M’hidi, dans la wilaya d’El Tarf, a été le théâtre de violents affrontements entre des habitants et les forces de sécurité, jeudi, suite au décès par balles de Tewfik Azaidia, un jeune de 30 ans, qui aurait tenté d’agresser avec un sabre artisanal des gendarmes venus l’interpeller pour vol de cheptel.

Selon différentes sources recoupées, la nuit d’émeutes, qui s’est prolongée jusqu’à 3 heures du matin, a éclaté lorsqu’un groupe d’individus, parents et proches de la victime, venus du village de Sidi M’barek voisin, ont pris d’assaut la brigade de gendarmerie, criblant de projectiles les véhicules qui y étaient stationnés et tentant même de s’introduire à l’intérieur du casernement pour y mettre le feu.

Cet assaut a contraint les gendarmes à s’enfermer à l’intérieur de la brigade et à demander des renforts pour contenir la foule en colère, rapporte un habitant de M’hidi, qui a assisté à toute la scène, comme de nombreux riverains, avant-hier. “Les membres de la famille Azaidia auxquels se sont joints des amis de Tewfik se sont d’abord rassemblés après la rupture du jeûne devant le cantonnement de gendarmerie, qui fait partie d’un groupement d’habitations, puis ils ont commencé à crier à l’injustice et à la hogra, accusant les gendarmes d’avoir assassiné froidement leur parent. Les choses se présentaient mal pour les gendarmes qui se sont barricadés dans leurs locaux, jusqu’au moment où les véhicules des forces d’intervention sont arrivés sur les lieux et que ceux-ci ont commencé à repousser et à faire fuir la cinquantaine d’agresseurs au moyen de grenades lacrymogènes”, affirme notre interlocuteur.

Un marchand de fruits et légumes dont le magasin a été saccagé par les émeutiers impute aux éléments des forces de sécurité un manque de discernement flagrant lors de leur intervention, lorsqu’elles s’en sont prises aux habitants de Ben M’hidi qui n’ont rien à voir avec l’attaque de la brigade. “Les gens du village sont d’habitude pacifiques et ne comptaient pas prendre part à l’expédition punitive des Azaidia de Sidi M’barek, mais les bombes lacrymogènes fusaient dans tous les coins, suffocant les familles chez elles et les fidèles dans la mosquée du quartier. Il n’en fallait pas plus pour qu’ils réagissent et c’est ainsi que les échauffourées ont eu lieu. Je suis formel, ce sont les brigades d’intervention qui ont provoqué la pagaille en se trompant de cible et en bombardant de projectiles systématiquement tout ce qui bougeait. Heureusement qu’il n’y a pas eu d’autres victimes”, témoigne à son tour un élu, en affirmant qu’il n’y a eu aucune arrestation.

Maintenant que le calme est revenu à Ben M’hidi, les citoyens ne parlent plus que des circonstances du décès tragique de Tewfik Azaidia, qui est décrit ici comme étant un personnage peu recommandable, un repris de justice recherché de surcroît pour divers délits et agressions.

Selon la version qui revient le plus souvent, les éléments de la gendarmerie le recherchaient pour vol de moutons à Sidi Kaci, un hameau dépendant de la commune de Ben M’hidi et s’apprêtaient à le surprendre et à lui mettre la main dans l’étable appartenant à son père à Sidi M’barek, mais il leur aurait opposé une résistance farouche, allant jusqu’à blesser l’un d’entre eux avec un sabre.

Ce qui expliquerait qu’un des gendarmes a été obligé de faire usage de son fusil mitrailleur en état de légitime défense, le touchant mortellement à l’abdomen. L’enquête en cours devrait permettre d’en savoir plus cette affaire.

A. Allia