Education: La rentrée s’annonce chaude

Education: La rentrée s’annonce chaude

Yazid Alilat

Education: La rentrée s’annonce chaude

La fragile « paix des braves » entre les syndicats des enseignants regroupés au sein de la Confédération des syndicats algériens (CSA), ou l’intersyndicale ((Unpef, Cnapeste, Snapeste, SNTE, CELA, Satef) et le ministère de l’Education nationale a fait long feu.

L’année 2019 va très certainement renouer avec « la protesta » des syndicats, qui reprochent à leur tutelle des décisions pédagogiques et de suivi des carrières sans concertation, prises unilatéralement, ainsi que des « menaces graves» contre les libertés syndicales. Quelques semaines avant la fin de 2018, les syndicats membres de l’intersyndicale sont même montés au créneau en se retirant avec grands bruits de la charte de déontologie, mise en place par la ministre de l’Education nationale Nouria Benghebrit, et à laquelle ils avaient, dans un premier temps, adhéré. A l’origine du retour de la grogne au sein des membres de l’intersyndicale, le refus de dialogue du ministère de l’Education. La réunion de l’intersyndicale tenue mardi 11 décembre dernier avait en fait stigmatisé ce manque de dialogue avec le partenaire social adopté par le ministère.

Dans un communiqué rendu public à l’issue de cette réunion, l’intersyndicale ou la Confédération des syndicats algériens (CSA) a stigmatisé « les entraves » aux activités syndicales et appelé pour que le ministère revienne « sur son refus d’un dialogue social sérieux et décide de solutions devant assurer la stabilité du secteur ». « Nous avons décidé le boycott de toutes les réunions pour dénoncer les entraves à l’activité syndicale malgré les engagements pris par la ministre. Les dispositions de la charte sont bafouées, d’où notre décision de nous retirer », avait précisé Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapeste). La grogne au sein de la CSA est palpable, et des actions de protestation sont attendues dans les prochains jours. Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, a annoncé hier mercredi au Le Quotidien d’Oran qu »’il y aura une réunion le 7 janvier prochain de l’intersyndicale ».
« Cette réunion, précise t-il, devra examiner la situation actuelle sur les fronts professionnel, pédagogique et syndical, et décider du plan d’action à suivre, notamment le retour à la plateforme de protestation syndicale ». Cette réunion de l’intersyndicale, a t-il ajouté, « sera précédée auparavant le 5 janvier, c’est-à-dire samedi prochain, de conseils nationaux des cinq membres de l’intersyndicale, avec à l’ordre du jour de ces rencontres les propositions que chaque syndicat va soumettre lors de la réunion du 7 janvier prochain ». M. Boudiba a expliqué que « chaque syndicat membre de l’intersyndicale devra au cours de ces réunions dégager ses propositions et les soumettre à la conférence de l’intersyndicale », avant de relever que « là, on peut aller vers la grève ou des actions de protestations dures, comme les sit-in et des actions d’accompagnement ».
Selon le porte parole du Cnapeste, « nous rencontrons actuellement beaucoup de problèmes sur le front syndical et professionnel, notamment des pressions sur les syndicalistes, des entraves aux actions syndicales, des enseignants empêchés de travailler, des poursuites judiciaires contre des syndicalistes ». Selon le porte-parole du Cnapeste, « il y a beaucoup de problèmes sur le terrain et nous sommes prêts à aller vers un autre mouvement de protestation ». Pour autant, il a tenu à préciser que « le plan d’action de cette action de protestation sera cependant décidé lors de la réunion de lundi prochain de l’intersyndicale ».
De son côté, Meziane Meriane du Cnapeste a confirmé que les six syndicats membres de la CSA vont tenir chacun en ce qui le concerne, samedi 5 janvier, un conseil national pour examiner la situation actuelle sur le front syndical et pédagogique, avant la rencontre du 7 janvier de la Confédération des syndicats algériens. « Nous allons tenir notre conseil national le 5 janvier, et le principe de la protestation, à l’instar des autres syndicats, est déjà acquis », a-t-il annoncé au Le Quotidien d’Oran. « Car nous rencontrons les mêmes problèmes que les autres syndicats, dont un manque flagrant de concertation sur les questions pédagogiques avec la tutelle, et donc la charte de déontologie ne sert à rien », a-t-il fait remarquer. « En outre, il n’y a pas de volonté de la part du ministère de reconnaître les partenaires sociaux », accuse M. Meriane qui a expliqué que « nous ne voulons pas d’une reconnaissance qui soit conjoncturelle. Lorsqu’il y a des problèmes pédagogiques, on est conviés à des réunions avec la tutelle, parfois on travaille à des heures tardives de la nuit, et après, il n’y a plus rien ». « Nous, on exige un vrai partenariat social, pas un partenariat conjoncturel avec la tutelle, car souvent il y a des décisions pédagogiques dont nous prenons connaissance à travers la presse », a-t-il détaillé.

Entre le ministère de l’Education nationale et les syndicats membres de l’intersyndicale, le bras de fer persiste, d’autant que, selon ces syndicats, il y a « les poursuites en justice contre les syndicalistes pour incitation à la grève»,  » la politique de fuite en avant» du ministère dans sa gestion des dossiers sur le statut particulier et les œuvres sociales par l’application « de mesures provocantes» et des instructions de nature à mettre le secteur dans l’impasse (évaluation pédagogique, atteinte aux droits des fonctionnaires »). Il y a également la manière dont est gérée la carrière des travailleurs du secteur, enseignants et autres, qui fait « désordre», estime de son côté le secrétaire général de la Coordination des enseignants des lycées d’Algérie (CELA), Idir Achour. Il a fait remarquer dans des déclarations de presse que « le ministère prend des décisions sans concertation.

Nous dénonçons, par exemple, des mesures sur la gestion des carrières, prises avec la Fonction publique, et sans prendre en compte les conclusions formulées dans le rapport final de la commission sur la révision du statut particulier». Le Cla et le Cnapeste, contrairement aux autres syndicats membres de l’intersyndicale, avaient refusé de signer la charte de déontologie proposée par le ministère.