Droits de l’Homme: des Sahraouis racontent leur enfer dans les territoires occupés

Droits de l’Homme: des Sahraouis racontent leur enfer dans les territoires occupés

 Les travaux du dernier jour de la 6e Conférence internationale sur le droit des peuples à la résistance tenue à Alger, a été consacré aux témoignages des Sahraouis venus des territoires occupés raconter, devant une centaine de participants venus de 53 pays, leurs vécu marqué par les stigmates de la tortures et diverses atteintes aux droits de l’Homme commises par l’occupant marocain.

La 6e édition de la Conférence dédiée à la cause sahraouie n’est pas une simple tradition annuelle pour Tamek Ali Salem. Ce militant qui a adopté le slogan : »nous ne baisserons pas les bras », discerne, par ailleurs, la particularité du lieu où s’est tenue l’événement, en l’occurrence l’Algérie qui est « contre toute tendance colonialiste où quel que soit son emplacement géographique ».

Tamek, est venu des territoires sahraouis occupés, pour parler aussi des graves violations des droits de l’Homme qui peuvent constituer, selon le Droit international, « un crime contre l’humanité ». Il a cité, pour étayer ses propos, le cas de Abdelfatah Abou Zein privé d’assistance médicale suite à quoi il avait succombé.

Il a aussi évoqué un autre cas celui du jeune Ayoubi condamné à 20 ans de prison, torturé, et touché dans sa dignité humaine, alors emprisonné.

Le même châtiment été réservé à Hassan Elwali, condamné à 3 ans de prison.

Nous subissons un « impôt double. L’occupant se venge de la position politique des Sahraouis ».

Toutefois, et en dépit de « l’effritement » dans laquelle évoluent les populations sahraouies, en raison du mur érigé par l’occupation marocaine pour séparer les territoires sahraouis, « nous sommes restés unis, fidèles à nos principes et présents sur tous les fronts », s’est-il exprimé. « Et ce n’est pas maintenant que nous allons baisser les bras. Nous continuons notre combat pacifiquement comme nous l’avons toujours fait depuis le début du conflit du Sahara occidental », ajoute-t-il.

Interdite durant longtemps de voyager, M’Barka Bouali, a évoqué les dépassements dont elle a fait l’objet. « Il m’a été interdit d’employer ma langue maternelle, d’exercer ma fonction, on m’a tout simplement coupé les vivres ».

Comme quoi, aucun secteur n’échappe à la répression de l’occupation marocaine qui est allée jusqu’à détruire un centre de jeunesse, et fermer un espace dédié aux activités de la femme sahraouie, (une contribution de la femme Basque), comme en témoigne Mme Bouali.

Pour cette militante, le choix de la femme sahraouie est fait.

 « Nous allons continuer à lutter pacifiquement », soutient-elle, assurant qu’elle ne cherche pas « à promouvoir sa place dans la société, car sa place est noble ».

Elle a en outre révélé une autre réalité celle de l’analphabétisme que cherche à instaurer l’occupant marocain. « Il y a un besoin criant en matière d’éducation », fait-elle remarquer, appelant à l’application totale des recommandations des Nations unies dans ce domaine.

-Des femmes enceintes torturées dans les prisons marocaines-

De son coté, Soukeina Idrissi, qui continue de combattre l’injustice dans les territoires occupés, a été kidnappé avec son fils de 16 ans, et emprisonné vers 1981. Durant son emprisonnement arbitraire durant 12 ans, elle a été torturée. « J’ai subi de l’oppression et la torture, moi et d’autres femmes, jeunes et moins jeunes, et quelques fois des mineurs.

Certaines étaient enceintes, et d’autres allaitent ».

Avant cette date, vers la fin des années 1970, précise-t-elle, les femmes étaient sous-alimentées, et nombreuses sont mortes suite à ces privations.

Aussi, sous l’oreille attentive des présents, Mme. Idrissi a mis à nu la politique marocaine qui tend à priver les diplômés sahraouis de l’accès à l’emploi.

La Conférence international a permis également à Mohamed el-Motawkil de prendre la parole, lui qui se dit muselé dans sa propre terre, privé de son unique arme, à savoir, la parole. Depuis 2007, note-t-il, « les Sahraouis sont privés de leur droit de constituer une association, nous n’avons, non plus, le droit de hisser notre drapeau ».

 « A chaque fois qu’on essaye de s’exprimer on est jetés dans des prisons, ceci en sus des restrictions qui nous sont imposées en termes de circulation », dit-il. Malgré cela, Mohamed el-Motawakil, condamné entre 2000/2005, résiste et continuera toujours de résister sous la bannière du Front Polisario, « unique représentant légitime du peuple sahraoui.

« On ira jusqu’au bout de notre objectif », a-t-il insisté.

En 1975, se rappelle-t-il, « au lendemain de l’invasion du Sahara occidental par le Maroc, la scène nationale sahraouie a été vidée de ses hommes. Il parle d’au moins 560 disparus et plusieurs centaines de détenus politiques.

Brahim Bouchraga, qui a conclu toute une série de témoignages vivants, a consacré son intervention aux « offensives répétées » contre les étudiants qui visent à   casser les ponts de communication entre Sahraouis dans les milieux estudiantins.