Don du sang: Le sens profond de l’éthique

Don du sang: Le sens profond de l’éthique

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Le simple et humble citoyen, qui tend son bras pour donner de sa vitalité, ne sait pas que cette pochette de sang collectée peut faire des milliers de kilomètres et revenir comme un boomerang sur les lieux de la collecte sous forme de médicaments dérivés de ce sang. Il n’aura pas, peut-être, de quoi payer ce traitement…

Le don du sang de nos jours n’a rien à voir avec l’acte humain bénévole de nos prédécesseurs. Même si du côté du donneur on cherche à servir son prochain, à être peut être la cause pour sauver une vie, c’est aussi un geste banal qui n’a aucun prix compensatoire si ce n’est cette volonté farouche de se rapprocher du Créateur en appliquant les appels de Dieu et de notre prophète (Qsssl) à servir son prochain, à l’assister dans ses joies et ses peines… Si chez nous la récolte de ce liquide vital reste non lucrative et est encadrée par des associations sous la coupe d’une fédération dont la réputation a dépassé nos frontières et pour preuve le choix pour un second mandat de la fierté nationale le docteur Abdelmalek Sayah comme secrétaire général de la Fédérations internationale des organisations de donneurs de sang (Fiods), outre-mer et derrière l’Atlantique, le don du sang est une industrie lourde qui brasse annuellement des milliards de dollars. C’est l’objet d’un combat acharné entre l’Amérique et l’Europe. Il s’agit sur le Vieux Continent de mettre la meilleure stratégie pour une indépendance vis-à-vis des lobbies du pays de l’Oncle Sam.

Les associations et la Fiods pour préserver l’éthique

Dans cette guerre à qui imposera son diktat, la Fiods s’intercale pour défendre l’éthique et combattre le don rémunéré. Des pays comme l’Arabie saoudite, la Bosnie, la Chine ont récemment intégré la Fiods. Aux Etats-Unis, une association proche de la fédération lutte pour la sauvegarde de l’éthique et tente de barrer la route à une nouvelle forme d’esclavage surtout que le commerce du sang demeure plus pratique et plus facile que celui des organes humains. Le simple et humble citoyen qui tend son bras pour donner de sa vitalité ne sait pas que cette pochette de sang collectée peut faire des milliers de kilomètres et revenir comme un boomerang sur les lieux de la collecte sous forme de médicaments comme l’albumine, les facteurs de coagulation ou l’immunoglobuline de ce sang. Il n’aura pas peut-être de quoi payer ce traitement.

Le simple citoyen qui répond favorablement à toutes les demandes ne sait pas que les Etats-Unis d’Amérique ont un monopole avec plus de 70% du marché sur les dérivés du plasma et Trump et ses frasques est une menace pour toute l’Europe, mais aussi pour le reste du monde. En plus de l’indépendance alimentaire, l’indépendance énergétique, l’indépendance hydrique…on s’achemine vers une guerre pour l’indépendance du sang entre les puissances mondiales. Le monde entier dépend des méga laboratoires des sociétés du pays de l’Oncle Sam en matière de dérivés extraits du plasma. Ces laboratoires, et ce n’est un secret pour personne, profitent de la misère de certains pour s’enrichir davantage. Dans ce registre, l’Afrique occupe les dernières places en raison de l’inexistence d’une volonté politique de ses dirigeants.

Le don du sang doit rester non lucratif

Il y a des associations qui tentent de barrer la route aux sans scrupules. L’Association internationale du plasma et du fractionnement (Ipfa) est l’association faîtière internationale qui promeut les intérêts et les activités de ses organisations membres actives dans la collecte de sang et de plasma humains, ainsi que dans la fabrication et la fourniture de médicaments dérivés du plasma humain. Les médicaments dérivés du plasma sont essentiels pour traiter les déficiences en facteurs de coagulation telles que l’hémophilie, les déficiences immunitaires ainsi que les maladies liées au système immunitaire telles que les maladies inflammatoires et auto-immunes et les dysfonctionnements circulatoires tels que les chocs. Ces médicaments sont reconnus par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme essentiels pour tout programme de soins de santé.

L’Ipfa et ses organisations membres s’efforcent d’offrir aux patients et aux prestataires de soins de santé un accès plus large, à l’échelle mondiale et au niveau national, ces médicaments vitaux dérivés du plasma, basés sur une préférence pour le «modèle du don» de dons de sang et de plasma sans rémunération (Voluntary Non Don de sang rémunéré, Vnrbd) et le «modèle commercial sans but lucratif» dans lequel aucun gain financier ne découle de Vnrbd à une partie prenante externe ou individuelle. Rencontré le docteur Sayah Abdelmalek nous a dit: «Nous partageons les objectifs avec ces associations. Je préfère aussi bien parler de l’éthique et notre combat à l’échelle internationale et les enjeux stratégiques et économiques du don de sang Tout cela pour sortir de l’ordinaire.» Depuis son avènement au poste de secrétaire général de la Fédération internationale, le représentant algérien mène un vrai combat pour défendre l’éthique et prémunir le don du sang des appâts des grandes firmes.

Le sang et ses dérivés

Le dernier pays à avoir intégré le rang est l’Arabie saoudite où il y a quelques années le don du sang était rémunéré. «Après le combat pour les indépendances: alimentaire, hydrique, énergétique, de nos jours l’indépendance sanguine est une priorité. Le sang et ses dérivés peuvent demain être un moyen de pression qui va à l’encontre des volontés populaires dans beaucoup de pays accusant du retard dans le domaine des technologies. Notre pays n’échappe pas à cette menace et la Fédération algérienne des donneurs de sang mène un combat pour décrocher cette autodépendance» dira le docteur Sayah. La Fiods qui se positionne comme le gardien de l’éthique multiplie les actions pour intégrer dans ses rangs le maximum de pays et barrer ainsi la route aux mercantiles et aux représentants des grands laboratoires. «Quand on donne à quelqu’un un présent, il le touche, il peut le garder dans un coin de la maison où il le voit, l’objet est là pour remémorer le geste. Quand un citoyen offre son sang, il ne sait même pas à qui il est destiné. Ce sang va couler dans le corps d’une autre personne qu’il sauvera. Toute la valeur humaine de ce geste est là. Notre objectif est d’éviter de banaliser cette activité qui doit garder sa dimension humaine, non lucrative», a précisé le docteur Sayah.

Et l’Algérie dans tout cela?

Les dirigeants à qui échoit la mission de contrôle, doivent dès maintenant déterminer la conduite à suivre. Investir dans cette industrie reste une option très coûteuse, mais la souveraineté d’un pays n’a pas de prix. La concurrence mondiale et l’avance prise dans le domaine rendent cette option presque irréalisable. L’obligation aussi de certifier ISO ce plasma, une exigence mondiale, rendent cette voie encore plus délicate. L’Algérie peut imiter ses voisins: le Maroc, la Tunisie, le Sénégal…qui exportent leur plasma pour le réimporter sous forme de médicaments, mais à des prix moindres que ceux que débourse notre Trésor public. Sur le terrain national, le don du sang non rémunéré connaît une nette évolution grâce aux associations affiliées à la Fédération nationale.

Pour l’exercice 2017, il a été enregistré 59.3697 dons dont 68% comme collecte sur des lieux fixes, 32% dans des opérations conjoncturelles mobiles. 66% des donneurs sont des volontaires, 43% occasionnels alors que 34%, ont consenti un don suite à un appel au profit d’un malade précis, souvent membre de la famille. «L’Algérie qui m’a honoré en me responsabilisant au niveau de la Fiods a toujours été à l’avant dans la lutte pour un ordre mondial juste. Le don du sang doit rester non lucratif. Personne n’a le droit de faire un bénéfice et tirer profit de la détresse d’un autre. Nous défendrons avec acharnement l’éthique et la valeur humaine de ce geste qui est de donner son sang pour sauver des vies», nous déclarera Abdelmalek Sayah le secrétaire général de la Fédération internationale des donneurs de sang Fiods.