Djezzy face à la réalité du marché

Djezzy face à la réalité du marché

Le groupe Veon maison mère de Djezzy a rendu jeudi 3 août les résultats du deuxième trimestre 2017 en affichant un certain nombre d’indicateurs qui démontrent à première vue une baisse des revenus de la compagnie. Les chiffres parlent d’eux même et aucun observateurs avertis ne peut nier que la reprise opérationnelle de l’entreprise après plus de 5 ans de blocage peine à atteindre la vitesse de croisière, surtout en considérant que pas mal d’obstacle réglementaires se dressent encore de façon non équitable sur le parcours de Djezzy.

La volonté de certaines autorités de créer un marché de type anglais reparti entre les trois opérateurs s’est fait au dépend de Djezzy : Maintien du statut d’Opérateur Dominant pendant 9 ans, une Asymétrie Tarifaire pénalisante et refus de l’utilisation des infrastructures internationales dans lesquelles la société a considérablement investi et qui reviendraient aujourd’hui à une EPE Algérienne après l’acquisition par le FNI en janvier 2015 des 51% du capital de l’entreprise.

En somme, un environnement qui ne favorise pas un redéploiement harmonieux de Djezzy au moment où tout le monde s’attendait à une véritable relance de la machine suite aux accords VEON-FNI.

Dans le même temps, le processus de transformation mené depuis avril 2015 pour faire de Djezzy l’opérateur digital de référence en Algerie n’est pas encore achevé pour tirer toute conclusion qui dans l’état actuel des choses donnerait une fausse lecture de la situation d’Optimum Télécom Algerie.

Que disent les résultats? Que la baisse est de 8% comparativement à la même période en 2016, avec une diminution importante de cette baisse qui était de 15,2% dans la période précédente. Ce qui signifie que le nouveau management a pu arrêter l’hémorragie que la société subi depuis la fin 2014 sans attendre les « leçons » de certains personnages pour qui tout est toujours mal fait chez Djezzy.

Le nombre d’abonnés data augmente pour dépasser les 7 millions de clients. Une indication de taille qui prouve que Djezzy est déjà dans le marché de demain et que les offres digitales mises sur le marché suscitent l’intérêt des consommateurs.

Dans un marché où s’exerce une forte concurrence, Djezzy subit également l’érosion de sa base d’abonnés globale. Bien entendu, l’augmentation du prix du modem qu’il a été le premier à lancer en novembre 2016 au lendemain de l’ouverture du réseau 4G y est pour quelque chose. Mais il n y a pas que ça. Djezzy est dans une phase d’éducation d’un marché totalement déstructuré autant par la stratégie de dumping autant par la cannibalisation du produit menée par la concurrence. Les produits 4G se vendent au prix de la 3G, ce qui veut dire que Djezzy n’a pas augmenté ses tarifs agissant en totale conformité avec les orientations du gouvernement.

Djezzy totalise au 30 juin dernier 15,5 millions d’abonnés. A l’ère du digital, le nombre d’abonnés ne signifie pas forcément des revenus plus important. Mais cela veut dire que Djezzy est aujourd’hui face à un nouveau challenge où il doit consolider sa base clients et faire en sorte de gagner plus d’abonnés et les initier au monde digital.

Il faut dire que la construction du nouveau Djezzy totalement digital ne se fera pas du jour au lendemain mais s’inscrit dans un processus de moyen terme, comme indiqué par le CEO de VEON Jean-Yves Charlier.

Ce programme de transformation et la mise en œuvre d’un nouveau modèle d’entreprise doit absolument trouver des moyens d’émancipation à travers le développement d’une économie digitale qui malheureusement tarde à se concrétiser.

Si le paiement électronique et le paiement mobile attendent toujours un cadre réglementaire pour trouver un début de concrétisation sur le terrain, il n’en reste pas moins que le secteur économique et particulièrement l’industrie des télécoms fait l’objet d’importante pression fiscale. Ce qui n’est pas de nature à faciliter la mutation du secteur vers le monde technologique et digitale.

Lorsque la TVA sur le data passe de 7% à 19%, alors que la taxe sur le rechargement électronique passe de 5% à 7% sans compter la TVA globale qui atteint le taux de 19% au lieu de 17% auparavant, quel opérateur peut prétendre aujourd’hui réaliser de meilleure performances?

Ajouter à cela l’inflation galopante et la dévaluation du dinar, il ne faut plus regarder les chiffres d’un seul œil mais il s’agit d’analyser l’ensemble des facteurs qui rentrent en jeu et qui permettent de lire avec objectivité les résultats.

Le taux de change officiel n’est plus celui de 2006 lorsque le dollar s’échangeait à moins de 60 dinars alors que l’euro était seulement côté à 80 dinars. Aujourd’hui, l’effet de la dévaluation impacte toute l’économie nationale et pas seulement l’industrie. Mais ce qui est certain c’est que la majorité des produits de large consommation a connu des augmentations sauf la téléphonie mobile. C’est tout dire.