Une ville, Une histoire : Mers El Hadjadj, du port romain à la station balnéaire

Une ville, Une histoire : Mers El Hadjadj, du port romain à la station balnéaire

Mers El Hadjadj, appelée anciennement Port aux poules, est une ville relevant du territoire de la wilaya d’Oran, elle est située à l’extrême est du chef-lieu de wilaya, entre la ville de Bethioua à l’est et de la commune de Fornaka au sud. Elle est réputée par sa station balnéaire, créée en 1904, qui reçoit toujours des estivants de tous les coins du pays.

Mers El Hadjadj signifie  en français  ‘’ port des pèlerins’’ et selon certains historiens il  serait très possible que  cette appellation française  de ‘’ port aux poules’’ vienne d’une traduction erronée due à la similitude phonétique et graphique en arabe des mots ‘’ pèlerins’’ ‘’  El Hadjadj’’ et ‘’ poules’’ ‘’ El Dadjadj’’ faisant une allusion aux poules d’eau ou aux poules sultanes fréquentant la rivière  d’El Macta, à l’arrière des dunes de la localité. Une autre variante de cette toponymie  a été également retenue, en attribuant l’origine du nom à celle du nom romain d’un port antique qui occupait le golfe, et s’appelait  ‘’portus Paulus’’ (le port de Paul, nom d’un haut dignitaire de l’empire romain). Les historiens mentionnaient l’existence d’un port sous le nom de  « Portus Paulus »  et qui a été créé par les Romains entre l’an 225 av. J.-C. et 200.  De nombreux vestiges de cette période attestaient de la prospérité de ce petit port marchand. Il  est encore probable que les peuplades primitives de berbères, nomades et pasteurs, y aient vécu, davantage attirés par les marais humides que par la rocaille désertique. Il est en revanche fort possible que les Grecs et Carthaginois y aient trouvé refuge dans leur course vers le couchant. Certains autres historiens  attribuent la fondation de  Port aux poules à un jurisconsulte romain, Paulus Julius, préfet du prétoire sous l’empereur Septime Sévère, vers l’an 200, ou légèrement plus tard, en 225 sous le débonnaire Alexandre Sévère. Les Romains avaient, pour construire un hameau, ouvert une carrière dans les grés rouges et tendres de la petite pointe. Sur une butte rocheuse, au bord de l’eau, ils avaient élevé un temple, des colonnes, des portiques, bâti des villas, pavé des ruelles. Les vestiges de cette présence étaient nombreux à Port aux poules. Les plus grosses pierres, taillées autrefois par les soldats de la 3ème Légion d’Auguste de la Maurétanie Césarienne, étaient encore visibles dans les soubassements de nombreuses maisons du Petit Port. En 1854, le Préfet d’Oran  prenait acte de la situation et décidait, après avis du Gouvernement Général, d’étudier l’implantation d’un centre de population au lieu dit  ‘’ Portus Paulus ‘’ près du pont d’El Macta. Fin 1855, le 31 décembre, dans un rapport trimestriel, l’Inspecteur départemental de la colonisation signalait la présence de deux fermes isolées, d’une maison de la douane occupée par quatre hommes, et d’une chapelle. La première ferme était la concession de 25 hectares, la seconde, de 22 hectares  .Elles étaient situées de part et d’autre de la route, là ou la pierre était plus en profondeur, la terre moins calcaire et  plus sableuse. Ces agriculteurs semaient du blé et de l’orge, faisaient pousser des légumes, cultivaient un peu de vigne, des figuiers, des jujubiers. La plantation des pins d’Alep à proximité des puits et de la grande route, où de plus en plus souvent bivouaquaient des soldats, la fréquentation de la crique par des pêcheurs aventurés au large, faisaient  de Port aux poules un centre commercial actif et attractif. Des familles espagnoles, françaises, indigènes continuaient d’arriver, de défricher et de planter. Depuis 1854, le projet de village piétinait en incessantes allées et venues entre la préfecture et le gouvernement général. Il avait été enfin adopté en 1877 mais tardait à se concrétiser sur le terrain. Seule la construction d’une gendarmerie, avec un grand jardin pour subvenir aux besoins, était entreprise au bord de la route, face à la chapelle un cimetière, il le fallait bien, était délimité et clôturé au bord de la mer. En 1879, Saint Leu  (Bethioua)  devenait une commune de plein exercice qui intégrait également Port aux poules. Elle en avait délibéré au mois de mai 1881, sous la présidence de son  maire, de la présence d’une nombreuse population, dispersée, sans règle collective d’hygiène, sans contrôle, et avait demandé la réalisation urgente du projet de lotissement. La situation de  Port aux poules cependant évoluait favorablement. Une nouvelle commission mandatée sur place l’avait constaté. En 1886, trois premiers attributaires prenaient enfin possession de leurs lots. Tout en bas, près de la mer, l’ancien petit port romain s’était réveillé. Des pêcheurs espagnols et italiens,  y relâchaient de temps à autres leurs barques. D’autres pêcheurs avaient construit des baraques en planches au fond de la crique, face aux ruines du port romain, sur les flancs de la barre rocheuse qui fermait l’abri sud.  L’administration avait fini par  régulariser la situation des pêcheurs installés au bord de la mer. Ceux qui étaient Français recevaient la propriété de trois ares de terre. Les autres devaient acheter. Les pêcheurs étaient très pauvres, ils n’avaient les moyens ni de bâtir, ni de s’étendre. En 1904 les géomètres matérialisaient sur le terrain les nouveaux lots pour  la réception  de la station balnéaire.  Deux ans après, en 1906 les premiers estivants arrivaient à Port aux poules. En 1922, le village  devenait une commune de plein exercice. La population stable s’élevait à 1 750 habitants dont seulement 189 Européens. La population flottante avoisinait, en saison d’été, les 10 000 habitants et près de 200 villas, maisons, cabanons et deux hôtels ont été construits. Depuis, Mers El Hadjadj n’a cessé de prospérer, en  recevant des unités industrielles et étant toujours une station balnéaire de renommée nationale.