Disc-Jocket la nuit, cadeaux onéreux et tapage nocturne: Ces habitudes qui gâchent nos fêtes de mariages

Disc-Jocket la nuit, cadeaux onéreux et  tapage nocturne: Ces habitudes qui gâchent nos fêtes de mariages

Le paraître l’emporte sur tout autre considération.

Les fêtes dans les villages ne sont pas uniquement source de joie et de liesse. Derrière les youyous, les décibels du disc-jockey règne un silence angoissant des dettes et des dépenses accessoires. Ces moments difficiles surviennent généralement une fois que le disc-jockey et les youyous se sont tus. Les appels téléphoniques des bouchers se font récurrents et persistants. Toutefois, cette angoisse, qui succède à la liesse, est vécue non seulement par les familles qui font la fête mais même par les invités. Des pratiques «coûteuses» se sont érigées en traditions ces dernières années. On ne peut pas aller à une fête sans le cadeau.

Cela coûte cher d’être invité en ces années où les modes de vie différent d’une famille à une autre. Le paraître l’emporte sur tout autre considération. Aussi, nous avons tenté de comprendre ce qui pousse les gens à se jeter pieds et poings liés dans les bras de l’endettement. Les familles s’endettent pour des futilités alors que dans quelques jours, elles vont devoir affronter une période à «double tranchant». Après un été aux dépenses faramineuses, les familles s’apprêtent à faire face à la rentrée scolaire et à l’Aïd.

A travers les témoignages que nous avons recueillis en plusieurs endroits, il s’est avéré que les dépenses en cadeaux sont estimées pour chaque famille à plusieurs millions de centimes. «Chaque week-end, je suis invité à deux ou trois fêtes de mariages. Le cadeau nécessaire pour chaque fête coûte au moins 2 000 DA. Imaginez un peu deux mois passés à ce rythme», se plaint Omar, un enseignant. En effet, les fêtes se tiennent à un rythme effréné ces dernières semaines du mois d’août. Les familles préfèrent terminer ce projet avant les rentrées scolaire et sociale qui approchent. «Je me suis endetté pour acheter des cadeaux.

Je ne pouvais pas aller à la fête d’un neveu sans lui ramener un beau cadeau», témoigne un autre enseignant. Pour lui, un beau cadeau ne pouvait coûter moins de 5 000 DA. «Pour un neveu, il faut au moins quelque chose qui a de la valeur: un ventilateur ou carrément une machine à laver. Vous imaginez un peu la situation», précise-t-il.

Rencontré au niveau des galeries situées au chef-lieu de la commune, un père de famille était en train de rechercher à travers les étals un cadeau à offrir à une fête de mariée. «Je ne sais vraiment pas quoi acheter. Je n’ai pas beaucoup d’argent, mais je ne trouve pas un cadeau qui ne me fasse pas rougir en le remettant à la concernée. Je ne sais même ce qu’il faut acheter. Tous les articles que j’ai vus coûtent plus de 5 000 DA», regrette Ali, retraité de l’enseignement.

Saïd, enseignant au lycée, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour critiquer la société. «Sous d’autres cieux, les membres d’une société vivent les uns avec les autres alors que chez nous on vit les uns contre les autres. On passe notre temps à nous ruiner mutuellement au nom de traditions que nous ne savons pas adapter à l’air du temps», affirme-t-il. Un autre père de famille, lassé de chercher un cadeau moins cher, jette l’éponge et décide de ne pas y aller.

«D’ailleurs, je ne suis pas obligé d’aller à toutes les fêtes. Il faut cesser de se torturer. Je n’en peux plus. C’est la rentrée qui approche et c’est l’Aïd». Par ailleurs, beaucoup de personnes commencent à prendre conscience du chemin sans issue pris par la société. «Notre société est complètement désintégrée et désorientée. On refuse le disc-jockey alors que c’est tout le monde qui le fait. On veut alléger le fardeau alors que c’est tout le monde qui veut paraître riche en apportant des cadeaux faramineux. Je n’ai rien compris», se désole un jeune universitaire qui s’apprête à se marier. «Avant, on se plaignait du fruit de revient d’un mariage. Aujourd’hui, c’est tout le monde qui s’en plaint. Même les invités n’en peuvent plus», conclut-il.