Détournement du foncier industriel: Les opportunistes dans le collimateur

Détournement du foncier industriel: Les opportunistes dans le collimateur

Le Premier ministre a chargé les walis d’établir une liste détaillée des opérateurs économiques qui ont bénéficié d’assiettes foncières sans pour autant les exploiter.

Sale temps pour les pseudos opérateurs économiques. Le gouvernement compte faire le grand ménage. Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, veut prendre les choses en main et en finir avec la culture du laisser-aller. Pour lui, pas de faveur au détriment de l’intérêt de l’Etat. L’ère des grâces est révolue.

Les opérateurs qui n’ont pas respecté leurs engagements, à savoir la réalisation des projets d’investissement, vont perdre ce qui leur a été accordé. La machine a été mise en branle. Le Premier ministre a chargé les walis d’établir une liste détaillée des opérateurs économiques qui ont bénéficié d’assiettes foncières sans les exploiter. Cette black-liste vise à faire le tri entre les vrais et les pseudos opérateurs qui se sucrent sur le dos de l’Etat. La commission interministérielle installée par Abdelmadjid Tebboune pour suivre le dossier du foncier industriel a provoqué un véritable séisme au niveau des états-majors des walis. Ces derniers doivent rendre des comptes sur les transactions et les acquis liés aux hommes d’affaires.

Une démarche qui sonne le glas dans les milieux d’affaires. De nombreux opérateurs risquent de perdre leurs titres d’exploitation et de faire même l’objet de sévères sanctions. Abdelmadjid Tebboune veut faire table rase en recensant le foncier industriel au millimètre près pour distinguer les faux des vrais investisseurs. Le ministre de l’Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda a reconnu en personne que beaucoup de zones industrielles restent inexploitées. Le problème du foncier est soulevé à chaque reprise par les opérateurs économiques comme un grand handicap à l’investissement. Or, il se trouve que des centaines d’opérateurs ont acquis des assiettes foncières pas dans le souci d’investir, mais en vue d’accroître leur patrimoine.

Sur instruction du Premier ministre, Bedda a ordonné son équipe de mener une enquête sur les zones industrielles et les concessions accordées aux opérateurs. Ce n’est pas tout.

Le Premier ministre a fouiné également dans le dossier des concessions agricoles. Tebboune a ordonné de geler les décisions portant affectation des réserves foncières agricoles destinées à la création de nouvelles exploitations agricoles et d’élevage, a indiqué lundi dernier un communiqué des services du Premier ministre. Cette décision a été prise à l’issue du Conseil interministériel consacré à l’examen de la situation des réserves foncières agricoles du Domaine national.

En présence des ministres des Finances, et de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelmadjid Tebboune a procédé, précise le communiqué, «à l’évaluation des différents dispositifs mis en oeuvre dans le cadre des politiques publiques destinées à assurer le renouveau agricole dans l’ensemble des régions du pays, notamment ceux relatifs à l’accès au foncier agricole et à la création de nouvelles exploitations».

Dans son exposé, le ministre de l’Agriculture a fait état des «dysfonctionnements, des anomalies et autres facteurs de blocage qui caractérisent le secteur». Suite à quoi, le Premier ministre a instruit les départements ministériels concernés du gel des affectations de réserves foncières agricoles destinées à la création de nouvelles exploitations agricoles et d’élevage, notamment les fermes pilotes associant des partenaires privés, en attendant l’arbitrage du Conseil des participations de l’Etat (CPE) qui se tiendra prochainement».

Abdelmadjid Tebboune a également instruit d’initier une opération portant «révision des textes et dispositifs réglementaires présidant à la gestion, à l’affectation et à l’exploitation des réserves foncières agricoles en veillant à mettre un terme aux contradictions constatées» ainsi que de «l’élaboration d’un nouveau cahier des charges déterminant les conditions d’accès aux réserves foncières agricoles du Domaine national».

La même source a précisé que le gel ne concerne pas les investissements réels déjà réalisés.