Désorganisation du marché à la veille du Ramadhan : La flagrante défaillance de l’État

Désorganisation du marché à la veille du Ramadhan : La flagrante défaillance de l’État

En dépit des assurances du gouvernement, les ménages continuent d’assister, impuissants, à une flambée des prix des fruits et légumes ainsi que des viandes rouges et blanches qui renvoient encore une fois à la désorganisation du marché. Comme à l’accoutumée, il suffit de se rendre dans les marchés pour se rendre compte du peu d’efficacité des mesures décidées par le ministère du Commerce pour juguler ces hausses importantes de prix qui atteignent pour plusieurs produits très prisés comme la tomate et la courgette, les 50% à la veille du premier jour du Ramadhan. D’abord, le gouvernement a tablé sur les marchés de proximité pour réduire les prix : 3 à 6 par wilaya. Or, ce nombre s’avère très insuffisant pour couvrir la masse des consommateurs dans les grandes villes. À Alger, que peuvent faire six marchés de proximité dans une wilaya qui compte 57 communes ? À cela s’ajoute comme d’habitude l’absence ou l’insuffisante information sur l’emplacement des sites. Le gouvernement donne ainsi l’impression d’un Exécutif qui fait les choses dans la précipitation sans une minutieuse préparation du mois de Ramadhan plusieurs mois, voire un an à l’avance. Mais au-delà de cette période conjoncturelle, on peut constater une fois de plus l’absence de volonté politique pour organiser les circuits de distribution des produits de large consommation. Une situation qui participe à l’érosion du pouvoir d’achat des ménages. Encore une fois, pour les fruits et légumes par exemple, le circuit normal agriculteur-marché de gros-marché de détail n’est pas suivi au profit d’un circuit incluant un plus grand nombre d’acteurs, en un mot une multitude d’intermédiaires ou au bénéfice d’un circuit où prédomine l’informel. Les marchés de proximité ont cette vertu d’éliminer pourtant ces intermédiaires et donc de faire baisser les prix des produits de large consommation. Autre image de cette démarche improvisée du gouvernement : peu d’information sur l’intervention des offices publics de régulation sur le marché, du système de régulation Syrpalac qui touche les fruits, les légumes et les viandes. Quelle serait leur contribution dans cette lutte contre ces hausses des prix très importantes ? Le gouvernement qui exerce son rôle de tutelle via le ministère de l’Agriculture, n’a pas communiqué en ce sens pour rassurer les citoyens. Autre image de cette défaillance de l’État : tout citoyen peut constater l’absence d’affichage des prix chez nombre de commerçants, une infraction emblématique de l’insuffisant contrôle des services du commerce. “Les agents de contrôle sont absents sur le terrain”, cette phrase, est dans la bouche des consommateurs à la veille et pendant chaque Ramadhan, sans que cette situation ne change d’un iota. Enfin, les campagnes de sensibilisation pour une consommation rationnelle pendant le Ramadhan, pour moins de gaspillage, ne sont pas très visibles pour l’heure. Alors que cette boulimie a un coût pour le Trésor public au regard des produits subventionnés gaspillés. En l’occurrence, le gaspillage du pain est estimé à 1,2 milliard de dinars pendant le Ramadhan, à plus de 1 000 milliards de centimes annuellement ! Morale de l’histoire : ces phénomènes récurrents de flambée des prix des produits de large consommation, de multiplication des infractions aux lois du commerce et de gaspillage à large échelle renvoient à l’organisation archaïque du commerce intérieur qui perdure depuis plusieurs décennies, à l’absence de culture de consommation ainsi que l’absence de volonté politique pour mettre fin à ces situations qui pénalisent au premier chef les citoyens.

K. Remouche