A l’évidence, les herboristes qui commencent à voir leur activité soumise aux règles du code de commerce et à la réglementation sur la protection du consommateur, commencent à ruer dans les brancards en criant à l’étouffement. Le désarroi provoqué chez les professionnels résulte de nouvelles instructions communiquées par la tutelle aux directions du commerce de wilaya dans le cadre de l’organisation de cette profession, instructions qui sont entrées en vigueur et sont applicables à partir du 1er juillet 2017.
Dans ce cadre, une quarantaine d’herboristes de la wilaya de Constantine ainsi que des représentants d’association de protection du consommateur et des opérateurs économiques ont été conviés hier à une rencontre au siège de la direction du commerce pour se voir communiquer et expliquer les nouvelles instructions concernant leur secteur.
« Cette rencontre tout à fait ordinaire était programmée bien avant que ces instructions ministérielles nous soient communiquées », nous a expliqué hier M. Bounaas Abdelghani, cadre de la direction du commerce (DC), chef du service de la qualité et de la protection du consommateur, qui a présidé la rencontre avec les herboristes.
Ce dernier nous a expliqué qu’il a été fait comprendre aux herboristes qu’il y a des lois et des conditions qui régissent leur activité. Et de signaler que les inspections faites par la DC ont fait apparaître que plusieurs d’entre eux se livrent, dans le même local, à la vente de produits cosmétiques, des épices, par exemple, en tant qu’activités secondaires. Ce qui est incompatible avec l’activité principale. Et la réglementation est claire à ce sujet : on ne peut pas sortir du cadre de la profession spécifiée dans le registre du commerce.
D’autre part, les cosmétiques, les produits d’hygiène corporelle, etc., sont soumis à des autorisations préalables de la DC. D’autre part, ceux qui importent des produits de consommation tels que les herbes qui sont mélangées à des formules médicinales, sont soumis à une réglementation spécifique et ils doivent se rapprocher de la direction du commerce pour avoir ce type d’autorisation. « C’est ce que nous avons fait comprendre aux herboristes », a conclu M. Bounaas.
N’empêche que les herboristes sont dans tous leurs états et ils ont vu là une menace pour leur profession. « Ce sont de nouvelles instructions qui nous ont pris de court et nous ne pouvons pas les appliquer sans avoir reçu les instructions de notre fédération nationale qui couvre les 48 wilayas du pays. Ceci, d’autant plus que nos représentants syndicaux n’ont pas été consultés par le ministère pour discuter de la nouvelle organisation que celui-ci compte mettre en place en ce qui concerne notre corporation », nous a déclaré hier le président de la fédération de wilaya des herboristes, M. Guerrache Nadir.
Ce dernier venait de sortir de la réunion tenue au siège de la direction du commerce avec les cadres de cette dernière. Selon les herboristes de Constantine, les nouvelles dispositions réglementaires ne semblent pas servir les intérêts de la corporation, bien au contraire, selon leur appréciation, elles ont été édictées pour détruire la profession. Et pour cause, disent-ils, elles interdisent désormais l’importation des herbes de mélange entrant dans la préparation des herbes médicinales et elles visent à exercer un contrôle strict sur les herbes et leurs dérivés. « En plus, on nous demande de refaire nos registres de commerce, ajoute Guerrache. Aussi, nous considérons que ces instructions constituent une véritable menace pour la survie de la profession.
Et c’est pourquoi nous demandons un délai pour nous permettre de nous concerter, entre nous et avec notre fédération avant de s’engager dans l’application des nouvelles instructions du ministère du Commerce ».