Confronté au dilemme du pouvoir: Le rêve islamiste s’effondre

Confronté au dilemme du pouvoir: Le rêve islamiste s’effondre

Après une irruption fracassante dans le champ politique en 1989, ils ont essayé la guerre, ils l’ont perdue. Rassérénés, ils ont tenté la voie des urnes, ils ont échoué.

Ramassés à la cuillère lors des législatives du 4 mai dernier, la principale coalition MSP-FC qui n’a récolté que 33 sièges au Parlement assiste démunie à l’effondrement du rêve islamiste en Algérie. Face au dilemme du pouvoir, les morceaux recollés juste avant les législatives risquent de se fracasser une seconde fois. D’une part, le puissant groupe de Bouguerra Soltani pousse à la participation au prochain gouvernement et un autre groupe radical qui refuse tout idée de faire de la figuration dans une équipe censée appliquer le programme du président Bouteflika. Et c’est l’affrontement.

Bouguerra Soltani habitué au compromis, préfère être au centre du pouvoir plutôt qu’à sa périphérie. Sa présence au sein du gouvernement donnera de la perceptive aux militants du parti, et permettra surtout de régler nombre de questions liées à la vie quotidienne des mêmes militants. Ils ont goûté aux «délices» du pouvoir depuis 1996, année durant laquelle ils ont intégré l’Exécutif. Leur passage à la tête du ministère du Commerce qu’ils ont monopolisé pendant près de 10 ans a donné lieu a l’émergence d’un commerce de bazar et fai fleurir des fortunes parmi les militants du MSP. Comme cela a été le cas dans le secteur de la pêche du temps de Amar Ghoul et de celui de Bouguerra Soltani. Niet répond le camp d’en face.

Il ne sert à rien de participer à la gestion de la crise surtout que le prochain gouvernement sera dans l’obligation de prendre des mesures très impopulaires pour suppléer la crise financière que traverse le pays. A quelques jours de l’installation de la nouvelle Assemblée populaire nationale et de la nomination d’un nouveau gouvernement, la rencontre entre le président du MSP, Abderrezak Makri et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a monopolisé l’attention des médias. Pas seulement, parce que le pouvoir en place se cherche une voie de sortie face à la crise financière en ratissant large au sein de la classe politique, mais parce que la mouvance islamiste fraîchement ressoudée se trouve désemparée.

Comment agira-t-elle dans les prochaines semaines face aux élections locales qui pointent déjà du nez? Noyée par la question de sa participation ou non au gouvernement, cette mouvance navigue à vue. Divisés, dispersés, les islamistes algériens ont du mal à retrouver leur place réelle sur l’échiquier politique. C’est une véritable galère. L’urne a prouvé maintenant qu’ils n’ont plus d’emprise sur le terrain. Ils ne drainent plus les foules qui faisaient trembler la mouvance démocratique, qui a mordu la poussière lors des dernières législatives.

L’électorat islamiste étant très discipliné, ils ne peuvent de ce fait se revendiquer de la majorité silencieuse. Les millions d’électeurs qui ne se sont pas rendus au urnes et ceux qui ont glissé des bulletins blancs, sont tout sauf des sympathisants de l’Alliance FC-MSP. L’entrisme, la duplicité, le retournement de veste n’ont pas été cette fois-ci d’une grande utilité pour empêcher l’effondrement du rêve islamiste. Depuis cinq ans, la tentation du pouvoir par l’urne en surfant sur la vague du printemps arabe était réelle chez les islamistes algériens.

Aux législatives du 12 mai 2012, déjà, l’opportunité était inespérée. C’était la mode des gouvernements islamistes dans le Monde arabe qui s’est même offert une présidence en Egypte avec l’élection de Mohamed Morsi comme chef d’Etat. Peine perdue. Non seulement les islamistes n’ont pas réussi leur entreprise de réunification, mais ils ont subi un cuisant échec électoral. L’urne a opposé un niet catégorique à cette mouvance.

Surtout que la conjoncture régionale a vite tourné en leur défaveur avec ce qui s’est passé en Egypte où Morsi a été démis de ses fonctions par l’armée pour graves dérives dans la gestion des affaires du pays. «Acceptés», voire même encouragés dans certains cas par les puissances occidentales qui y ont vu l’alternative aux pouvoirs dictatoriaux, les islamistes ne font plus recette. Non encore remis de ce choc de 2012, voilà que leur ultime espoir de dominer le Parlement se fracasse contre la réalité de l’urne. Ultime consolation, ils crient à la fraude…