Tout ne s’est pas déroulé comme le voulait le public. Mais l’essentiel était fait. Espérons que les leçons et les promesses seront tenues pour que la quarantième édition sera meilleure, et qu’elle retrouvera sa dimension internationale et, ainsi, participera à la richesse culturelle de la région et au dynamisme de la wilaya.
C’est le même décor, et rien ne dit qu’il y a quelques choses de nouveau en matière d’organisation… Ce sont les mêmes erreurs, et le commissaire du Festival international de Timgad, s’il voudrait véritablement réussir la prochaine fois, il devrait sévir et à y apporter beaucoup de changements au niveau de l’organisation et de la cellule de l’information qui, parfois, semblent faire tout pour empirer les choses. Le public et la presse locale souhaitent pouvoir arriver à une bonne organisation…Un bon accueil est une carte de visite, qui plaide pour le retour du public et l’image de marque du Festival international de Timgad, auquel les autochtones souhaitent une longue durée.
Aux premiers sons de flûtes et coups de bendirs, les gradins ondulent et entrent en transe. La fête commence ! Bouzaher et les éléments de sa troupe, habillés de leurs costumes traditionnels ou folkloriques, font leur apparition. Aux premiers pas de danse, le public connaisseur leur répond par une longue ovation. Les artistes khenchelis se déchaînent et mettent le feu sur scène. C’est la véritable fête aurassienne ! C’est l’état d’allégresse, de joie extravagante, l’exaltation. Aucune inhibition ! Tout le monde danse et chante. Même les confrères d’Alger ne se sont pas privés et se sont donnés à cœur joie. La voix de Bouzaher tonne et sa chanson ancestrale, très prisée dans les Aurès, El-Warchane, transporte le public. C’est le ravissement et la transe ! Qui ose dire que le chant aurassien (chaoui et ar’roubi) a perdu son public ? C’était du difficile pour les organisateurs de séparer Bouzaher de son public… C’est inoubliable !
Ensuite, c’était Kamel El-Guelmi de faire son apparition et d’enchaîner. Il a tout donné pour envoûter le public, complètement à plat. Quelques jeunes, surtout du sexe féminin, ont essayé de reprendre quelques refrains. Le public était reconnaissant et même poli, il n’a pas omis à chaque fois de l’ovationner pour chacune de ses chansons… Le public s’impatiente, piaffe même. Le nom de Cheb Mami est réclamé à plusieurs fois. Les organisateurs commencent à bouger… à s’agiter. On comprend que c’est Cheb Mami, qui se prépare à monter. A peine le trophée et le bouquet de fleurs remis au chanteur Kamel Guelmi, que le nom de la star Cheb Mami et le clou de la soirée sont annoncés.
Echeb Mami !, âchent les amplificateurs à pleins décibels. Les ovations et les sifflets font trembler les gradins. La star apparaît un peu vieux, mais l’âme jeune. Les cameramen et les photographes font leurs siennes et une forêt d’êtres humains vous obstrue la vue. Les organisateurs interviennent pour mettre un peu d’ordre… Instruments, trompette, violon, accordéon chantent et poursuivent la fête. Tout le monde se meut comme il veut. Au premier vers, tout le monde s’enivre et s’embarque. C’est le nirvana ! Les jeunes festivaliers se libèrent de leur condition de souffrance, chantent, dansent et même certains pleurent. Le festival frôle l’hystérie ou la crise émotionnelle. Très tard ! Des familles ont commencé à quitter les gradins. C’est le moment d’annoncer la clôture de la 39e édition du festival international de Timgad et de donner rendez-vous à la prochaine édition que nous espérons, tout simplement meilleure.
Il n’aura pas drainé les grandes foules: Le festival reviendra-t-il au théâtre antique ?
S’exprimant lors d’une conférence de presse, tenue jeudi dernier à l’hôtel Chélia quelques heures avant la clôture de la 39e édition du Festival international de Timgad, le commissaire de ce festival et directeur de l’ONCI, Lakhdar Bentorki, est revenu sur les principales péripéties qui ont marqué cette édition, à savoir, selon lui, la baisse de fréquentation et le manque de public.
Si tout le monde explique le recul du public, lors de ces deux dernières éditions, par la pauvreté de son affiche musicale, Lakhdar Bentorki voit le contraire, et l’explique par une résistance du public à l’accès payant au site, car, selon ses dires, les festivaliers avaient été habitués à ne pas payer et y entraient gratuitement. «Aux éditions précédentes, il y a eu un grand public. Et 80% des personnes ne payaient pas leurs accès au site», fait-il savoir. Et d’ajouter : «Maintenant, l’accès est payant, suite aux recommandations du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, données l’année dernière. La culture gratuite est révolue et tout le monde est tenu d’y participer, ne serait-ce que par une somme symbolique», prévient le même interlocuteur, qui se dit optimiste que cette résistance de nombreux festivaliers finira par se relâcher et contribuer au développement culturel et économique de la région.
Pour ce qui est de la qualité des artistes programmés, lors de cette édition du Festival de Timgad, objet de nombreuses critiques, Lakhdar Bentorki accroche l’échec de cette édition au goût du public. «C’est l’édition où le commissariat du festival a offert une grande diversité de programmation et a mis le paquet pour apporter du nouveau… Le problème est que le public du Festival de Timgad ne connaît pas ces nouveaux chanteurs. D’ailleurs, les mêmes artistes ont drainé de grands publics, ailleurs, dans d’autres villes», fait remarquer Lakhdar Bentorki. Le directeur de l’ONCI a expliqué aussi que la programmation des grands chanteurs dans d’autres villes, avant ou après leur passage au Festival de Timgad, était «tout simplement pour ne pas créer une crise à la ville de Batna, parce que cette dernière ne dispose pas des moyens en matière d’hébergement et de restauration». Lakhdar Bentorki n’a pas oublié de porter l’estocade aux riches et les affluents des bourgeois de la wilaya de Batna, qui refusent de participer au Festival international de Timgad, moteur de développement de la culture et partenaires appréciés dans le dynamisme économique de la wilaya et qui s’obstinent de ne pas tirer profit des retombées économiques conséquentes, et par la même occasion, de valoriser la vitrine de la région. «Nous avons envoyé des lettres à 150 riches de la ville de Batna pour les faire participer à ce festival, mais aucun d’eux n’a daigné répondre à nos sollicitations».
Le commissaire Lakhdar Bentorki pense déjà au retour de l’organisation du Festival international de Timgad au sein de l’antique théâtre romain, tout en assurant toutes les protections aux ruines de Thamugadi. Lakhdar Bentorki n’a pas caché son intention de faire de la ville de Timgad «une ville culturelle et économique, par une animation qui durera toute l’année et non seulement les huit soirées du Festival international de Timgad.» C’est un sujet très long. Nous y reviendrons prochainement…