Bouira: L’ete dans les villages de bechloul

Bouira: L’ete dans les villages de bechloul

La particularité de l’été cette année a suscité l’inquiétude parce qu’en plus de la dégradation des réseaux routiers, ce village vit annuellement un autre manque: l’eau.

Les dernières perturbations naturelles qui ont affecté la wilaya de Bouira, plus précisément la canicule qui s’est longuement installée, ont dévoilé plusieurs dysfonctionnements, mais surtout augmenté les difficultés au quotidien de milliers de citoyens vivant dans les zones retirées et enclavées.

Les exemples sont nombreux. Pour la circonstance, nous nous limiterons à trois villages de la daïra de Bechloul, en l’occurrence Tizza et Bouakache. De l’avis de tous, la vie en ces milieux ruraux qui s’est caractérisée par la quiétude, s’est transformée en l’espace d’un été chaud, en véritable calvaire. Par le passé déjà, le village «Azaknoun», situé à moins de 10 kilomètres au sud de la commune d’Al-Adjiba, daïra de Bechloul, figure sur la liste des localités les plus démunies en matière de développement.

Le chemin communal bitumé qui relie le chef-lieu de la commune aux autres bourgades de la partie sud, les pistes qui sillonnent, de long en large le village, sont dans un état d’impraticabilité totale et ont subi de plein fouet les aléas d’un hiver rigoureux qui a détérioré ces axes de passage.

Les pluies qui se sont succédé aussi ont porté atteinte à ces infrastructures, puisqu’il suffit de quelques petites averses pour que tout se transfome en marécage. Le village de «Tizza» ou «Taâribatt», situé à deux kilomètres au sud de la commune d’Ahl El Ksar, vit une situation identique.

La particularité de l’été cette année, a suscité l’inquiétude parce qu’en plus de la dégradation des réseaux routiers, ce village vit annuellement un autre manque: l’eau. Il ne s’agit pas de l’absence de ce liquide vital, mais d’une insuffisance générée par la dégradation et la vétusté du réseau AEP.

Les quantités d’eau qui coulent, vainement, dans la nature, sont très importantes comparativement à quelques gouttes atteignant les robinets.

Le projet portant réalisation de nouvelles canalisations AEP, à l’image de ce qui a été fait dans d’autres communes et les bourgades environnantes, a contourné le village. Et pour assurer la distribution de l’eau potable à partir du barrage de Tilesdit, les services concernés se contentaient d’utiliser un réseau existant déjà et dont la réalisation remonte à l’époque coloniale. Le débit et la pression générés par le refoulement de l’eau à partir du barrage sont venus à bout de ces canalisations qu’aucune partie ne tente de réparer ou simplement de changer. Les centaines de personnes habitant le village de «Tizza», sont dans la tourmente. Ils craignent de vivre éternellement le calvaire du citernage, solution préconisée à chaque saison chaude pour atténuer le problème aux clients.

Il est opportun de préciser que l’AEP concerne aussi toute la région et des communes comme Ahl El Ksar, Ouled Rachad, vivent cette difficulté, mais avec moins d’importance. Par ailleurs, dans plusieurs villages à travers les communes, la question des anciens réseaux d’AEP se pose avec acuité. A Haizer, Al-Adjiba, Bechloul, M’Chedallah et dans d’autres municipalités, les anciens réseaux, qui sont dans un état de vétusté avancé fonctionnent toujours, et ce, en dépit du danger qu’ils représentent sur la santé publique. S’agissant du village de Bouakache, situé à deux kilomètres à l’est de la commune d’Al-Adjiba et à quelques centaines de mètres de la RN 05, celui-ci souffre de l’isolement. Là aussi, les difficultés sont les mêmes. Les habitants souffrent le martyre.

Le gaz, qui a été un vrai problème lors des dernières intempéries, continue à manquer. Les habitants exigent le gaz de ville qui n’est plus qu’à quelques encablures de chez eux.

Le chemin menant à ce village est impraticable tout au long de l’année, été, comme hiver. Une piste de 600m que les autorités locales peinent à réhabiliter reste l’unique passage pour rallier l’endroit. Au-delà du manque flagrant des commodités qui tiennent ce village à la lisière, s’ajoutent d’au-tres calvaires. Ceux-ci ne font qu’alourdir le quotidien de ces habitants. Chaque jour que Dieu fait, écoliers, fonctionnaires et autres passent des heures et des heures au niveau de l’abribus, en attendant le transport public.

Qu’il vente ou qu’il neige, des centaines de personnes prennent leur mal en patience. Même si les récentes dégradations du temps n’ont engendré aucune victime, elles auront eu le mérite de rappeler que le développement ne doit en aucun cas se résumer aux villes et grandes agglomérations. L’administration en facilitant l’aide à la construction rurale veut freiner l’exode rural. Pour que l’objectif soit atteint, il est peut-être opportun de s’occuper de ces hameaux qui font l’Algérie profonde avec ses lots de difficultés.