Dans son long «Rapport sur le développement dans le monde 2019 : La nature changeante du travail», rendu public le 30 avril dernier, la Banque mondiale constate l’influence constante des technologies en général et du numérique en particulier dans ces changements.
Une enquête «Eurobaromètre» effectuée en mars 2017 sur «l’impact de la technologie sur l’économie, la société, et la qualité de la vie», montre qu’une majorité des répondants affirment que cet impact est «très positif» ou «plutôt positif». La question posée était : «Quel impact ont les technologies numériques les plus récentes sur l’emploi, la société et la qualité de la vie ?» Selon le rapport de la Banque mondiale, citant cet Eurobaromètre, «74% des répondants estimaient que la technologie est bénéfique pour l’emploi» ; «64% qu’elle améliore la société», «tandis que 67% des Européens pensaient que la qualité de vie augmente». Dans ce rapport de 166 pages, le «chapitre 5» est consacré à la manière dont le «changement technologique affecte la nature de l’entreprise». «Le progrès technologique a rendu les limites fermes plus perméables. Les nouvelles technologies numériques accélèrent la tendance vers les entreprises superstar. Les entreprises superstars ont un effet bénéfique sur la demande de main-d’œuvre en stimulant la production. Ces entreprises sont également de grands intégrateurs de jeunes entreprises innovantes, qui profitent souvent aux petites entreprises en les connectant à des marchés plus importants. Mais les super grandes entreprises, en particulier les entreprises de l’économie numérique, appellent également à la prudence et posent des défis politiques. Les réglementations échouent souvent à répondre aux externalités négatives qui peuvent être créées par de nouveaux types d’entreprises dans l’économie numérique. A bien des égards, les systèmes fiscaux ne sont plus adaptés aux besoins», indique le document.
La technologie, un élément de croissance
Parmi les exemples de pays où la technologie a été une «condition importante pour la croissance des entreprises», le rapport cite de nombreux pays africains comme le Kenya, le Nigeria, la Zambie, la Tanzani et l’Ethiopie. Très souvent évoqué comme exemple de réussite, le cas du Kenya avec le «succès de M-PESA, une plate-forme de paiement mobile et de microfinance». «Beaucoup attribuent le boom du démarrage du Kenya à la présence de M-PESA, qui fournit du crédit aux entrepreneurs». Le financement est aussi très important dans la création de l’emploi et le développement du tissu d’entreprises. «Au Nigeria, les jeunes entreprises qui ont reçu une subvention de 50 000 $ US dans le cadre d’un concours de plans d’affaires, ont créé plus d’emplois en trois ans que celles qui n’ont pas gagné. Le coût par emploi était également inférieur aux coûts de la formation professionnelle, des subventions salariales, de la formation à la gestion et des petites subventions prises ensemble». Selon le rapport, les «programmes qui préparent les jeunes entreprises à adopter de nouvelles technologies et à recevoir des investissements extérieurs constituent un autre outil» de développement. «Les start-up dans les pays émergents ont souvent de bonnes idées commerciales, mais ne sont pas préparées à attirer des financements extérieurs. Ils peuvent également ne pas avoir la gestion et pratiques organisationnelles nécessaires pour mettre une idée sur le marché», constate le document.
Les plateformes digitales en Afrique
Et des «programmes de préparation à l’investissement» on en trouve plus souvent dans les pays en développement. «Au Kenya, Swahilibox à Mombasa, LakeHub à Kisume, ainsi que d’autres pépinières d’entreprises donnent accès à des opportunités de formation, de mentorat et de mise en réseau avec des investisseurs potentiels. Les investissements suivent généralement. En 2017, le financement de démarrage en Afrique a augmenté de 51% par rapport à 2016, avec un nombre record de 159 start-up qui ont recueilli 195 millions de dollars». Le rapport cite de nombreuses plateformes digitales en Afrique ayant permis un développement des activités économiques. Outre M-Pesa au Kenya, le document de la Banque mondiale cite «VulaMobile, une plateforme de services sud-africaine, (qui) relie des dizaines de milliers de personnes dans les zones rurales à des services médicaux spécialisés dans des domaines aussi divers que l’ophtalmologie, la dermatologie, le traitement du VIH, la cardiologie et l’oncologie». Ou encore «Hello Tractor, une plateforme nigériane de partage d’actifs (qui) a mis en place un réseau de propriétaires de tracteurs, offrant du matériel et de la maintenance à ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter des machines pour leurs activités agricoles».
A. Z.