Nissan Motor : Au Salon de l’auto d’Alger, les concessionnaires “s’affichent” optimistes malgrĂ© la “crise”

Nissan Motor : Au Salon de l’auto d’Alger, les concessionnaires “s’affichent” optimistes malgrĂ© la “crise”

Nissan-logo-5.jpgPour les concessionnaires, c’est le temps des « vaches maigres » avec un marchĂ© en berne et des mesures administratives de contingentement des importations Ă  travers le système des quotas. Pourtant, au Salon international de l’automobile, qui se tient du 17 au 26 mars au Palais des expositions des Pins maritimes, les concessionnaires et constructeurs se disent « malgrĂ© tout … optimistes ».

La situation n’est pas rose dans le secteur qui ne retrouvera probablement plus jamais les annĂ©es fastes 2012-2013, rendues « florissantes » par les augmentations de salaires et les rappels distribuĂ©s dans un souci d’Ă©viter la « contamination » du printemps tunisien. Aujourd’hui, face Ă  la dure conjoncture du secteur, marquĂ©e par les blocages des quotas et des attributions de licences d’importations, nombreux sont les participants au salon qui prĂ©fèrent garder le sourire ou se forcent Ă  le faire.

Face aux journalistes, la tendance gĂ©nĂ©rale est Ă  afficher une confiance Ă  toute Ă©preuve, voire mĂŞme de l’ambition malgrĂ© la faible affluence des visiteurs et surtout la baisse du nombre de participants Ă  cette Ă©dition. CotĂ© difficultĂ©s, l’Association des concessionnaires de l’automobile (AC2A) a dĂ©jĂ  tirĂ© la sonnette d’alarme jeudi dernier sur la situation du marchĂ© automobile algĂ©rien. Des concessionnaires se retrouvent actuellement sans aucun stock, ni quotas ni licence d’importations.

Leur participation Ă  la 19e Ă©dition du Salon international de l’automobile reste « symbolique », se limitant Ă  la simple exposition des vĂ©hicules dans le but de prĂ©server leur notoriĂ©tĂ©. Une situation qualifiĂ©e de « très difficile » par le prĂ©sident de l’AC2A, Sefiane Hasnaoui, qui avait exhortĂ© lors de la mĂŞme confĂ©rence, jeudi, les autoritĂ©s Ă  se pencher sur leurs inquiĂ©tudes.

« Nous sommes en attente des quotas et des licences pour opĂ©rer normalement et pour rĂ©pondre Ă  la demande nationale de nos clients », a-t-il indiquĂ©, relayĂ© par le quotidien francophoneEl Watan. Il a estimĂ© que le « manque de ne permettra pas aux participants Ă  ce salon « de pĂ©renniser [leurs] investissements ».

Les annĂ©es « fastes » du marchĂ© automobile algĂ©rien, c’est visiblement du passĂ©. En 2012, 605.000 vĂ©hicules ont Ă©tĂ© importĂ©s pour une facture de 8 milliards de dollars. L’annĂ©e d’après, 550.000 vĂ©hicules ont Ă©tĂ© achetĂ©s pour un montant de 7.3 milliards.

En 2014, l’AC2A commençait dĂ©jĂ  Ă  dĂ©plorer une baisse des ventes de 30% pour atteindre une facture de 5.7 milliards USD. Un montant plombĂ© encore en 2015 par la baisse drastique des importations de vĂ©hicules, Ă  265.000 unitĂ©s pour 3,14 milliards de dollars.

« Seuls les reins solides rĂ©sisteront »

Cette conjoncture se fait bien ressentir Ă  cette 19e Ă©dition du Salon del’automobile. Certains concessionnaires l’ont dĂ©jĂ  subie de plein fouet, dont Jamal SPA, reprĂ©sentant de la marque Mazda, ou le groupe Elescom, reprĂ©sentant de la marque amĂ©ricaine Ford, qui se sont dĂ©jĂ  rĂ©signĂ©s Ă  ne pas y prendre part.

D’autres concessionnaires, au contraire, voient dans cette Ă©dition une occasion pour prĂ©server leur rĂ©putation ou mĂŞme … une « aubaine » pour prĂ©senter et Ă©couler leurs stocks restants et gagner ainsi des parts de marchĂ©s. Tout comme CitroĂ«n, Kia, Nissan, Lifan, Foton, Hyundai AlgĂ©rie et Sovac, Ă  une Ă©chelle moindre.

La marque Nissan a tenu Ă  participer Ă  cette Ă©dition. D’abord pour prĂ©server sa notoriĂ©tĂ©. « Une marque comme Nissan ne peut se permettre de rater le Salon international de l’automobile », lance, au HuffPost AlgĂ©rie, un cadre commercial. De plus, ce concessionnaire affiche de la disponibilitĂ© de la majeure partie de ces modèles touristiques.

« Nous avons encore 5.000 vĂ©hicules stockĂ©s, ce qui nous permettra de tenir bon jusqu’Ă  l’entrĂ©e en vigueur des quotas [d’importation de 152.000 vĂ©hicules] en septembre prochain », rassure-t-il.

CitroĂ«n se montre quant Ă  lui ambitieux. Le malheur des uns fait son bonheur. Pas question de rater cette Ă©dition puisque ce constructeur français voit dans cette dĂ©licate conjoncture … une opportunitĂ© de gagner des parts de marchĂ©.

« La crise pesait dĂ©jĂ  très lourd en 2015 et beaucoup de marques ont disparues. Ceci a permis Ă  CitroĂ«n de gagner des parts de marchĂ© et atteindre mĂŞme le TOP 10 du marchĂ© algĂ©rien », a affirmĂ©, souriant, un cadre.

« Nous sommes tout Ă  fait confiants pour cette annĂ©e, en dĂ©pit des quotas limitĂ©s de vĂ©hicules importĂ©s. D’ailleurs, ceci nous permet de rĂŞver du Top 5 du marchĂ© algĂ©rien … pourquoi pas ? », conclut-il. La marque chinoise Foton de vĂ©hicules utilitaires a aussi pris part Ă  cette Ă©dition. Et cette toute première participation est une »aubaine » pour ses responsables algĂ©riens.

« Nous nous y attendons pas en rĂ©alitĂ©. On nous avait rejetĂ© notre demande car nous ne proposons pas des vĂ©hicules touristiques mais utilitaires », rĂ©vèle le responsable de ventes de cette marque. Si ce concessionnaire, Ă©tabli depuis presque une annĂ©e en AlgĂ©rie, affiche de la disponibilitĂ©, ses responsables s’attendent nĂ©anmoins Ă  une prochaine rupture de stocks en attendant l’entrĂ©e en vigueur des nouveaux quotas.

Foton AlgĂ©rie reste tout de mĂŞme confiante. « Les nouveaux quotas vont permettre l’assainissement du marchĂ© automobile algĂ©rien. Seuls les concessionnaires aux ‘reins solides’ rĂ©sisteront », a rajoutĂ© le mĂŞme interlocuteur.

Les pouvoirs publics interpellés

Une attitude partagĂ©e par la marque Kia et Hyundai AlgĂ©rie. D’ailleurs, la marque sud-corĂ©enne ne propose qu’un seul modèle Ă  la vente Ă  cette Ă©dition du salon. Cependant, une majeure partie de sa gamme est exposĂ©e, de quoi prĂ©server la rĂ©putation de ce constructeur.

ParalysĂ© par le blocage de ces stocks, Kia AlgĂ©rie affirme avoir rĂ©pondu aux exigences du nouveau cahier des charges. « La balle est dĂ©sormais dans le camp des pouvoirs publics. Nous avons rĂ©pondu favorablement au nouveau cahier de charges et nous attendons ainsi notre quotas pour relancer les ventes », a dĂ©clarĂ© le chargĂ© de communication de la marque, qui s’attend Ă  une baisse de son chiffre d’affaires avec les nouveaux quotas.

« Nous avons Ă©tĂ© prĂ©voyants et nous affichons de la disponibilitĂ© sur la majeure partie de notre gamme », a rassurĂ© de son cĂ´tĂ© un chef de projet de Hyundai AlgĂ©rie.

L’autre marque chinoise, Lifan AlgĂ©rie, semble Ă©galement rĂ©sister Ă  cette crise grâce Ă  son stock. Le concessionnaire affiche Ă©galement de la confiance avec les nouveaux quotas, grâce sa stratĂ©gie Ă  court et moyen terme. En effet, deux unitĂ©s de montages seront rĂ©alisĂ©es cette annĂ©e Ă  Alger et Relizane, ce qui dotera la marque de 20.000 autres unitĂ©s par an.

Une information confirmĂ©e au HuffPost AlgĂ©rie par le Directeur-moyen gĂ©nĂ©ral de Lifan AlgĂ©rie, qui prĂ©cise que cette stratĂ©gie permettra Ă  cette marque de fixer des prix concurrentiels, amenĂ©s Ă  augmenter avec l’entrĂ©e en vigueur des prochains quotas.

A ce propos, Omar Rebrab expliquait que les augmentations des prix cette annĂ©e sont dues Ă  la dĂ©valuation du dinar et non pas au produit, puisque, « malheureusement, beaucoup de concessionnaires qui n’ont pas de stocks et n’ont donc rien Ă  proposer Ă  la vente », a-t-il dĂ©clarĂ© lors de la confĂ©rence de l’AC2A.

Tout ne va plus comme avant sur le marchĂ© de l’automobile. Mais en ces temps de vaches maigres oĂą la concurrence s’aiguise sur un marchĂ© rĂ©trĂ©cit, le plus important pour les concessionnaires est de ne pas trop montrer des signes d’inquiĂ©tudes voire de panique. Une affaire d’image Ă  prĂ©server…. en attendant la suite.