Arrêtés au port de Castellón: Cinq Marocains et un Algérien passent 48 heures dans un container

Arrêtés au port de Castellón: Cinq Marocains et un Algérien passent 48 heures dans un container

Par Moncef Wafi

Arrêtés au port de Castellón: Cinq Marocains et un Algérien passent 48 heures dans un container

Cinq Marocains et un Algérien ont été arrêtés, dans l’après-midi de mercredi dernier, par la police espagnole, à bord d’un navire arrivé du Maroc. Selon le compte rendu de la presse ibérique, ils sont restés enfermés dans un conteneur pendant 48 heures.

Après l’alerte donnée par le bateau, affrété par la compagnie maritime anglaise ‘Borchard’, et qui a accosté au port de Castellón, dans l’est de l’Espagne, plusieurs agents du département fiscal de la ‘Guardia Civil’ ont embarqué, empêchant les six passagers clandestins de débarquer jusqu’à l’arrivée de la police nationale. Ces derniers avaient embarqué à Casablanca et le navire a continué sa route, à destination de l’Algérie, accumulant ainsi un léger retard, dans son départ à cause du travail que devaient faire les agents de l’immigration, explique-t-on.

Les passagers clandestins étaient cachés dans un conteneur, à bord du navire venu de Casablanca et amarré dans le port de Castellón, pour y charger des tuiles. Ils ont été identifiés par la police et expulsé vers leurs pays d’origine.

Si cette manière de voyager n’est pas nouvelle, chaque jour on enregistre un ou deux cas de voyageurs clandestins, il n’en demeure pas moins que cette fois-ci le nombre étonne. En effet, et après le ‘11 Septembre’, la sécurité dans les ports et aéroports a été renforcée, rendant tout accès clandestin à ces infrastructures presque impossible. Voyager dans les cales des navires en partance vers l’Europe a été l’un des moyens les plus prisés par les ‘harraga’ algériens qui payaient leur droit de traversée à des membres d’équipage qui les faisaient embarquer. D’autres déjouaient la sécurité pour se cacher, à l’abri de l’équipage, et prendre le risque de se faire arrêter en pleine mer, dans les eaux internationales. Parfois, on signalait des ‘harraga’ jetés, tout bonnement, par-dessus bord.

Le 14 août 2002, un bateau battant pavillon philippin, ‘Le Marina’, quitte le port d’Oran, transportant du blé à destination de la Yougoslavie. Trois jeunes originaires de la ville d’Es Senia embarquent, clandestinement et seront découverts, une fois au large, par l’équipage philippin, dans la cuisine du navire. Ils ont alors été présentés au commandant de bord qui aurait ordonné de les jeter à la mer. Les trois jeunes Algériens tenteront, tant bien que mal, de convaincre l’équipage du ‘Marina’ de leur donner des bouées de sauvetage afin de regagner les côtes, en vain. Après plusieurs heures de négociation, on leur a accordé juste une bassine flottante pour qu’ils regagnent les côtes. Le plus jeune d’entre eux, se jette à l’eau et s’accroche à la grande bassine. Les deux autres n’ont pas voulu quitter le navire, ils se sont accrochés aux cordes. Ils seront attachés à l’aide des cordes et jetés à la mer. Selon l’article publié, en 2012, dans une revue en ligne de géographie politique et de géopolitique, on apprend que le sujet des passagers clandestins embarqués sur les navires de marine marchande et les conséquences de leur présence au sein du monde maritime et portuaire ont peu été étudiés jusqu’alors. « Phénomène invisible par définition et peu médiatisé, il entraîne pourtant, lorsque le passager est découvert à bord, des situations humainement insoutenables et révèle des pratiques complexes où les considérations économiques priment, souvent, sur les droits humains», lit-on. La présence et le traitement des passagers clandestins, à bord des navires de marine marchande, ne sont pas des phénomènes nouveaux. En 1957, l’Organisation maritime internationale (OMI) rédige une convention internationale relative aux passagers clandestins afin de faciliter, entre autres, le débarquement de ces derniers. Novateur, ce texte se propose de régler le sort de ces passagers avec beaucoup d’humanité et de précision en définissant, notamment, une obligation d’accueil à la charge des pays signataires.

Adoptée par la Conférence diplomatique sur le droit maritime, mais inapplicable car insuffisamment ratifiée, cette convention envisage, frontalement, le règlement de situations aussi complexes qu’événementielles : au problème, une fois posé, le texte offre des solutions. Le passager clandestin est un accident ; il s’agit alors d’organiser et de systématiser la gestion de l’aléa, alors même qu’il se réalise. En ce sens, cette convention allège les devoirs du capitaine, alors et encore juridiquement responsable du passager clandestin en couvrant son droit à «livrer» ledit passager clandestin, à l’autorité compétente du port d’un État contractant.