Air Algérie : quel avenir ?

Air Algérie : quel avenir ?

En 2013, l’ancien PDG d’Air Algérie, Mohamed Salah Boultif annonçait au Forum du quotidien El Moudjahid que 16 nouveaux avions viendront renforcer la flotte de la compagnie aérienne. 5 ans après, on essaye toujours de se débarrasser des 3 avions Boeing 767 (âgés plus de 25 ans) qui ne trouvent pas preneurs.

La compagnie Air Algérie a enregistré une baisse du chiffre d’affaires sur les 9 premiers mois de l’année en cours dans le sillage de « la concurrence des compagnies aériennes desservant l’Algérie »,  avait indiqué son PDG , Bakouche Alleche. L’arrivée d’un nombre important de nouvelles compagnies aériennes  concurrentes sur le marché algérien s’est traduite par une prise des parts  du marché par ces transporteurs, a-t-il indiqué lors d’une conférence de  presse tenue à l’issue de la rencontre annuelle entre Air Algérie et ses partenaires-agences de voyage au nombre de 506.  Actuellement, une vingtaine de compagnies concurrentes activent en  Algérie. Dans ce sens, le nombre de passagers transportés par Air Algérie a  « globalement diminué » en 2017, a-t-il relevé tout en se gardant de donner  l’ordre de grandeur de cette baisse du chiffre d’affaires.

Le nouvel aéroport d’Alger pour ‘’décoller’’

Air Algérie compte énormément sur le nouvel aéroport d’Alger pour booster ses activités et proposer des services de qualité notamment en ouvrant de nouvelles dessertes et acquérir de nouveaux avions. Selon un ancien P-DG d’Air Algérie, c’est cette compagnie qui devrait assurer la gestion du nouveau terminal de l’aéroport d’Alger. Le nouvel aéroport d’Alger qui sera livré fin 2018, a une capacité d’accueil de 10 millions de voyageurs par an. Cette infrastructure a été mise en place, selon Mohamed Salah Boultif, ancien P-DG d’Air Algérie, dans l’objectif de faire un hub. « Il faut sortir des allers-retours et faire un hub. L’avenir, c’est le trafic de sixième liberté, le transit. Avant, c’est-à-dire, depuis 2006, l’infrastructure nous faisait défaut  et on ne pouvait pas faire du transit. Mais avec le nouveau terminal, l’infrastructure est adaptée. On doit faire du transit. Le cas échéant, ce nouvel aéroport n’aura servi à rien de particulier», a-t-il indiqué.

L’instabilité managériale retar de la restructuration organique

Le défunt Président Directeur Général d’Air Algérie, Tayeb Benouis avait fait de la filialisation de cette entreprise nationale de transport aérien un de ses principaux challenges. Il avait consacré les dix années qu’il avait passées à la tête de cette compagnie fortement déstructurée à mettre œuvre des mesures de redressement visant à améliorer sur le court terme les graves problèmes de ponctualité et de réservation qui avaient terni l’image de marque d’Air Algérie et,  à restructurer à plus long terme cette dernière sous forme d’un Groupe filialisé. Les études relatives à la stratégie de redéploiement avaient été confiées à un bureau international de conseils qui avait achevé son travail en avril 2005. Le souhait du défunt patron d’Air Algérie de commencer à mettre en œuvre la nouvelle organisation avant le premier trimestre de l’année suivante ne se réalisera malheureusement ni à cette date, ni  après, puisque le regretté Tayeb Benouis décédera quelques mois après, le 16 août 2007. Ces nombreux successeurs n’ont pas duré suffisamment longtemps à leur poste pour donner corps à cette nouvelle organisation qui devait sortir Air Algérie de son archaïsme managérial et la hisser à un niveau de compétitivité mondiale respectable. Quant à la situation financière de cette entreprise, il a indiqué qu’elle était « équilibrée » et qu’elle a entrepris le remboursement des prêts  obtenus auprès d’un consortium de banques publiques ainsi que du Fonds  national d’investissement (FNI) pour l’achat d’avions. Sur ce point, il a été précisé qu’Air Algérie rembourse quatre (4) milliards de dinars/an et qu’à l’horizon 2020, elle aura remboursé douze (12)  milliards de dinars.

Une filiale cargo avec un seul avion qui fonctionne

La filiale Cargo, a eu encore moins de chance, sa tentative de création se résumant aujourd’hui encore, à une simple autorisation de principe accordée en 2014 par l’assemblée générale des actionnaires. Malgré son seul avion cargo ( 7T-VHL), sa situation de monopole et une demande en fret aérien en constante progression, cette filiale avait à l’évidence un bel avenir devant elle. Rien ne sera fait dans ce sens puisque des avions inutilisables d’Air Algérie n’ont pas été aménagés en avions cargo à l’instar du 7T-VJG (B767-3D6). La récente annonce de la prochaine entrée en lice du privé algérien dans le fret aérien rend la viabilité de la filiale Cargos encore plus hypothétique.

La crainte des syndicats

Le Syndicat des pilotes de ligne UGTA, le syndicat UGTA technique spécifique, le Syndicat du personnel navigant commercial UGTA et le Syndicat national des techniciens de la maintenance avion interpellent « les pouvoirs publics afin d’intervenir en vue de sauver la compagnie Air Algérie de la situation périlleuse dans laquelle elle est en train de s’enliser depuis l’arrivée du staff actuel ». Les quatre syndicats énumèrent les raisons du malaise : « Engagements non tenus ; dialogue creux non suivi de faits concrets ; prise de décision unilatérale sans concertation avec les partenaires sociaux ; non-respect des lois de la République, des conventions et des accords ; gestion dépourvue de plan d’action et sans perspectives d’avenir ; des interventions médiatiques et des communiqués semant le doute au sein du personnel de la compagnie quant à l’avenir de cette dernière, etc ».

Acquisition de nouveaux avions suspendue

Le PDG d’Air Algérie Bakhouche Alleche a indiqué que la compagnie aérienne nationale Air Algérie envisagerait d’acquérir 35 nouveaux avions de ligne d’ici l’an 2025. Quinze de ces avions seraient utilisés pour étendre la flotte de la compagnie nationale, tandis que les vingt autres auraient pour objectif de remplacer les avions vieillissants de la flotte. Bakhouche Alleche a confirmé que parmi les 20 avions à être mis en retraite se trouvent huit ATR 72-500s. Pour les remplacer, Air Algérie compte évaluer le Bombardier CSeries (Série C), l’ATR 72-600 et des modèles du constructeur brésilien Embraer non spécifiés par le DG de la compagnie nationale. Les trois Boeing 767-300s seront également retirés graduellement dans un futur proche, a précisé Alleche.

Lignes africaines

Le directeur général d’Air Algérie a également indiqué que des pays comme le Tchad, le Cameroun, le Gabon et d’autres pays de l’Afrique centrale font partie de sa liste de nouvelles destinations pour la compagnie aérienne. Bakhouche Alleche a également indiqué que la compagnie aérienne nationale souhaite lancer des vols à destination de New York, mais qu’elle ne peut le faire tant que l’autorité d’aviation civile ne sera pas certifiée par l’Administration américaine compétente dans ce domaine.
Source : REFLEXION