Agriculture : La spécialisation pour aller à l’autosuffisance alimentaire et à l’export

Agriculture : La spécialisation pour aller à l’autosuffisance alimentaire et à l’export

La signature, hier, d’une convention entre la fondation Filaha Innove et l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche du développement technologique (ANVREDET), destinée à l’accompagnement des porteurs de projets dans le secteur agricole, aura été surtout une occasion de lever le voile sur ce qui est considéré comme la principale faiblesse de l’agriculture en Algérie : l’inexistence d’une feuille de route précise.

D’où le manque de compétitivité du secteur, les agriculteurs ne possédant pas de cap à suivre. Une thèse défendue par Mohammed Hadj Henni, consultant, expert et membre de la fondation Filaha Innov, pour qui « la politique du gouvernement concernant le secteur agricole reste ambigüe, elle n’est pas suffisamment claire ». Pour passer de la dépendance à l’autosuffisance alimentaire, enchaîne-t-il, l’Etat doit « pleinement » exploiter les surfaces agricoles, en puisant dans son potentiel financier et humain. Surtout, il est primordial de « soutenir et de subvenir l’agriculteur », à la condition de l’orienter.

Or, la problématique, dit-il, est que tout individu qui veut s’engager dans le métier «ignore s’il doit suivre la voie ancienne, laborieuse, ou la voie moderne, très coûteuse car nécessitant machines et instruments cédés au prix fort ». Une autre « tare » propre à l’agriculture algérienne, sa polyvalence. Et à Nacer Idres, lui aussi membre de la même fondation, d’étayer son propos : « L’Etat doit passer du stade de la polyvalence qu’il avait adoptée au lendemain de l’indépendance, à un moment où il était dans l’obligation de le faire, à la spécialisation des filières ».

C’est nécessaire car il ne s’agit pas seulement de réaliser « une bonne production en termes de quantité et de qualité pour la consommation intérieure, mais c’est aussi pour exporter ». M. Idres insiste tout particulièrement sur la «spécialisation de segments de filières dans l’agricole », ce qui passe obligatoirement par la formation des travailleurs de la terre. Rappelant que le pays est vaste et que chaque région a ses spécificités, M. Idres appelle à «spécialiser l’acte humain dans la production agricole et spécialiser les régions de production».

Pour l’exemple, il cite Biskra, berceau de la datte, où le pays gagnerait beaucoup à mener des recherches sur le palmier de la région et réfléchir aux moyens d’apporter de l’innovation afin d’améliorer la qualité des dattes pour exporter un produit de qualité et labélisé.

D’autre part, dans la production agricole, « il ne faut pas qu’il y ait de l’écart, mais une production constante et continue dans le temps », a-t-il indiqué, non sans regretter que l’Etat n’a pas eu recours à l’expertise des professionnels de l’agriculture pour lui venir en aide !