Accord gazier entre l’Algérie et l’Union Européenne: Le plus dur reste à faire

Accord gazier entre l’Algérie et l’Union Européenne: Le plus dur reste à faire

Noureddine Boutarfa et Miguel Arias Canete se sont séparés hier, comme le font des boxeurs à la fin d’un round.

L’Algérie et l’Union européenne sont proches d’un accord sur la commercialisation du gaz algérien dans les pays de l’Union. C’est ce que disent les responsables du secteur des deux côtés de la Méditerranée. Mais la réalité est certainement plus complexe. Argument contre argument, Noureddine Boutarfa, ministre de l’Energie, et Miguel Arias Canete, commissaire européen en charge de l’Action pour le climat et de l’énergie, se sont neutralisés.

Autant le ministre algérien a fait une brillante plaidoirie sur les atouts de l’Algérie et l’intérêt qu’à l’Europe à développer le commerce du gaz, autant le commissaire européen réplique par la nécessité pour l’Algérie de revoir sa législation, entendre l’assouplir, voire la déréguler, pour apporter les garanties qu’attendent les Européens pour rester sur une position de «bons clients». La partie engagée, il y a plusieurs années, arrive à un point crucial.

L’Algérie et l’Union européenne sont entrés, hier, dans le vif du sujet. Chaque acteur tente de réduire au maximum sa dépendance, même si les deux admettent l’impossibilité de jouer en solo sur une question aussi stratégique.

Noureddine Boutarfa et Miguel Arias Canete se sont séparés hier, comme le font des boxeurs à la fin d’un round. Le combat continue donc et il le sera dans les règles de l’art.

Dans l’espace économico-diplomatique, le prochain round sera celui des experts. Ainsi, l’on apprend que pour départager des points de vue, jusque-là trop différents, des discussions entre experts européens et algériens ont été lancées. Cette phase de négociation, a priori technique, suppose tout de même des «ajustements» juridiques, voire politiques.

Les experts algériens sauront-ils trouver le moyen de convaincre leurs homologues européens d’adopter une formule qui ne chamboulerait pas les fondements de la stratégie nationale en matière d’énergie? En tout cas, le commissaire européen ne fait pas dans la nuance. «De nouveaux contrats d’approvisionnement, d’investissement, de production et d’exploration sont nécessaires», mais «le cadre réglementaire algérien d’investissement doit être amélioré afin que l’Algérie devienne une destination plus attrayante pour les investisseurs européens». Ce n’est là pas un voeu, mais une condition sine qua non que posent les européens pour maintenir un partenariat energétique sérieux avec l’Algérie.

Le défi est «historique» et les enjeux sont majeurs. Ils engageront le pays sur des générations, d’autant que l’ambition de l’Algérie est de s’imposer comme un acteur de premier plan dans le photovoltaïque et compte se faire accompagner par l’Europe dans une entreprise tout aussi historique orientée sur toute l’Afrique. Les propos du ministre de l’Energie sur le sujet ne laissent aucun doute. «Notre partenariat avec l’Europe, nous l’envisageons dans un espace qui s’étend encore plus loin que l’espace méditerranéen. Nous souhaitons l’étendre encore plus vers la rive sud et vers l’Afrique. Cette ambition peut se concrétiser si nous saurons créer une zone de prospérité partagée», a-t-il affirmé.

Seulement, cette ambition a un prix et celui-ci pourrait être un changement du sacro-saint principe de l’inviolabilité de la totale souveraineté du pays sur ses hydrocarbures. Mais on n’en est pas encore là et on y sera peut-être jamais. Cela dépendra de la compétence des négociateurs algériens, mais également de la capacité de l’économie nationale à relever le défi de l’indépendance aux hydrocarbures. Il se trouve, cependant que le temps joue contre cette solution. On voit mal le pays sortir de la rente pétrolière à très brève échéance. De fait, il n’y a pas d’autre option que celle de négocier serré avec les Européens et aboutir à un accord mutuellement bénéfique qui n’hypothèque pas l’avenir des générations futures.

L’Algérie dispose dans son jeu d’une carte maîtresse qui fait dire au commissaire Canete certaines évidences: «Si l’on considère le potentiel énergétique non exploité de l’Algérie, sa proximité géographique et l’existence de bonnes infrastructures de transport de gaz vers l’Europe, force est de constater que les conditions sont réunies pour que l’Europe profite davantage du gaz algérien et l’Algérie du marché européen.» Aux Algériens de savoir profiter des avantages comparatifs qu’ils détiennent.