A Gaza, journée la plus sanglante depuis 2014

A Gaza, journée la plus sanglante depuis 2014

Alors que les États-Unis inauguraient leur ambassade à Jérusalem, 59 personnes ont été tuées lors d’affrontements dans la bande de Gaza. Des violences condamnées par la communauté internationale.

Lundi aura été la journée la plus meurtrière du conflit entre Israël et la Palestine depuis la guerre de Gaza en 2014. 59 Palestiniens ont été tués par des soldats Israéliens lors de manifestations dans la bande de Gaza, dont un bébé palestinien de huit mois, décédé mardi 15 mai après avoir inhalé du gaz lacrymogène. Une journée sanglante également marquée par le déménagement de l’ambassade américaine.

Ouverture de l’ambassade américaine à Jérusalem

C’était une promesse très controversée de la part du président américain Donald Trump. Les États-Unis ont inauguré ce lundi leur ambassade à Jérusalem. En présence de la fille du milliardaire, Ivanka Trump et de son gendre Jared Kushner, de nombreux dignitaires des deux pays ont concrétisé cet engagement suscitant la colère des Palestiniens.

Saluée comme « historique » par Israël, elle est largement perçue comme un acte de défi envers la communauté internationale dans une période de grande inquiétude pour la stabilité régionale. Sur Twitter, Donald Trump a lui écrit « Grand jour pour Israël. Félicitations ».

Affrontements la frontière

Tout au long de la journée, le bilan n’a fait qu’augmenter. Au total, 59 Palestiniens ont été tués dans les affrontements qui ont éclaté à la frontière entre Israël et la bande de Gaza. « Huit enfants de moins de 16 ans » font partie des victimes, a affirmé Riyad Mansour, ambassadeur palestinien à l’ONU, et un bébé palestinien de huit mois est décédé mardi 15 mai après avoir inhalé du gaz lacrymogène. En tout, plus de 2 000 Palestiniens ont été blessés.

La communauté internationale condamne

Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a dénoncé « massacre » israélien et a estimé que les « États-Unis ne sont plus un médiateur au Moyen-Orient ».

Le président français, Emmanuel Macron, a condamné « les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants ». Il a également réaffirmé la « désapprobation de la France » quant à l’installation de l’ambassade américaine à Jérusalem, selon un communiqué. Macron a également « souligné le droit des Palestiniens à la paix et à la sécurité », rappelant par ailleurs « son attachement à la sécurité d’Israël et la position française constante en faveur d’une solution à deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans des frontières sûres et reconnues ». Le président français s’est entretenu avec le Roi Abdallah II de Jordanie ainsi qu’avec Mahmoud Abbas. Des échanges sont également prévus avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou mardi.

L’Union européenne et le Royaume-Uni ont appelé à la retenue tandis que les ONG internationales, Amnesty International et Human Rights Watch ont dénoncé un recours injustifié aux tirs à balles réelles, la première fustigeant une « violation abjecte » des droits de l’Homme et des « crimes de guerre ». La Turquie a, elle, estimé que les États-Unis, en déménageant son ambassade, « partagent la responsabilité du massacre ». Le président Erdogan a également accusé Israël de « terrorisme d’État » et de « génocide ». Le pays a par ailleurs rappelé ses ambassadeurs en Israël et aux États-Unis pour des consultations.

Le Koweït a demandé la tenue mardi matin d’une réunion publique du Conseil de sécurité, a annoncé lundi la mission diplomatique koweïtienne à l’ONU. « Nous condamnons ce qu’il s’est passé. Il y aura une réaction de notre part », avait affirmé un peu plus tôt Mansour al-Otaibi, ambassadeur à l’ONU du Koweït qui occupe un siège de membre non-permanent au Conseil de sécurité.

Enfin l’Afrique du Sud a décidé de rappeler son ambassadeur en Israël. « En raison du caractère grave et aveugle de la dernière attaque israélienne, le gouvernement sud-africain a décidé de rappeler l’ambassadeur Sisa Ngombane avec effet immédiat », a déclaré le ministre des affaires étrangères dans un communiqué.

… mais pas les États-Unis

Dans la soirée, la Maison Blanche a déclaré que « la responsabilité de ces morts tragiques repose entièrement sur le Hamas ».

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a justifié l’usage de la force par le droit de son pays à défendre ses frontières contre les agissements « terroristes » du mouvement islamiste Hamas. Israël réfute également le caractère proclamé pacifiste de la mobilisation. Celle-ci sert de couverture aux tentatives du Hamas de s’infiltrer en Israël, dit-il.

Crainte de nouveaux affrontements mardi

Une nouvelle mobilisation est prévue mardi, les Palestiniens commémorant le 15 mai la « Nakba », la « catastrophe » qu’a constituée pour eux la création d’Israël en 1948, synonyme d’exode pour des centaines de milliers d’entre eux.