5 mandat: La prudence diplomatique de Washington !

5 mandat: La prudence diplomatique de Washington !

“Comme vous le savez, les États-Unis apprécient notre partenariat avec le peuple algérien et nos partenaires dans le gouvernement. C’est plutôt le processus de l’élection qui compte pour la politique des États-Unis. La volonté des électeurs est ce qui compte le plus, le plus important (…)”, a souligné Brian Neubert.

Alors que Paris, via l’ex-chef du renseignement, Bernard Bajolet, semble avoir décidé de “sonner le tocsin” du cinquième mandat, Washington préfère plutôt opter pour la prudence. C’est, du moins, ce qu’il est permis de conclure de la réponse, somme toute très diplomatique, de la porte-parole du département d’État, Erica Chiusano, à une question sur la disponibilité des États-Unis à soutenir ou non un éventuel cinquième mandat du président Bouteflika.

“Les États-Unis entretiennent une relation fructueuse et profonde avec l’Algérie non seulement entre les deux gouvernements, mais également entre les deux peuples. Concernant les prochaines élections, les États-Unis suivent l’évolution (…) Il y aura des discussions avec la société civile, les politiques (…) Et l’ambassadeur aura à s’exprimer dans ce contexte. Le gouvernement américain est disposé à travailleur avec le gouvernement qui sortira de ces élections”, a indiqué, jeudi, Erica Chiusano, lors d’une téléconférence conjointe, depuis le siège des Nations unies à New York, avec son collègue Brian Neubert. Relancé de nouveau par Liberté, Brian Neubert s’est montré, lui également, très prudent en reprenant des poncifs liés au processus électoral. “Comme vous le savez, les États-Unis apprécient notre partenariat avec le peuple algérien et nos partenaires dans le gouvernement. C’est plutôt le processus de l’élection qui compte pour la politique des États-Unis. La volonté des électeurs est ce qui compte le plus, le plus important (…) Vous allez suivre les discours de mes collègues à l’ambassade et bien sûr de l’ambassadeur.” Si cette prudence procède probablement du “pragmatisme” américain, d’autant qu’ils ont été échaudés par la polémique de 2014 après la visite peu avant l’élection de l’ancien secrétaire d’État, John Kerry, Washington ne manque pas de mettre l’accent sur la qualité de la “coopération” entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme et les “leçons” qu’elle tire de l’expérience algérienne et le rôle d’Alger dans la “stabilité” de la région du Maghreb et du Sahel.  “Nous avons une relation forte avec l’Algérie, et l’un des domaines importants de coopération est le volet sécuritaire et la lutte contre le terrorisme. Nous apprécions l’Algérie pour ses efforts pour la stabilité dans la région. Nous avons beaucoup de programmes avec l’Algérie pour renforcer la relation dans ce domaine et approfondir la coopération”, souligne Erica Chiusano. La lutte contre le terrorisme doit-elle être limitée seulement à l’action militaire ?

“Parmi les leçons apprises de votre expérience dans le cadre de notre partenariat avec l’Algérie, c’est que la solution militaire et sécuritaire est nécessaire, mais pas suffisante.”

Pragmatisme américain

“Il y a aussi la possibilité de développement, la bonne gouvernance économique et la création des possibilités qui sont absolument nécessaires pour les jeunes et la population”, soutient, pour sa part, Brian Neubert. Interrogés dans le même contexte pour confirmer ou infirmer la présence de soldats américains en Tunisie, près de la frontière algérienne, comme rapporté récemment par une publication, les diplomates américains ont insisté sur le fait qu’en tant que diplomates, ils ne rentrent pas dans les détails et qu’ils suivent les déclarations du ministère de la Défense. “Ce que je peux dire, c’est qu’on coopère dans la lutte contre le terrorisme, la sécurité, l’investissement dans plusieurs domaines. Cette coopération ne concerne pas la Tunisie seulement, mais également d’autres pays de la région”, affirme Erica Chiusano. Par ailleurs, à la question sur les risques qu’encourt l’Algérie, en vertu d’une loi américaine préconisant des sanctions à l’égard d’entités qui coopèrent avec la Russie, un de nos principaux fournisseurs, notamment en armes, Brian Neubert suggère des “discussions” au préalable. “Parmi les crises, il y a celles qui sont provoquées par la Russie, c’est pour cela que nous avons imposé des sanctions (…) Nous respectons le choix souverain des pays, comme l’Algérie, dans la manière de gérer leurs affaires étrangères et leurs partenariats, comme nous savons que vous allez respecter nos intérêts et notre politique étrangère. C’est quelque chose que nous devons discuter, et je pense, dans ce sens, que nous pouvons trouver un moyen pour mettre la pression sur la Russie afin qu’elle arrête de menacer ses voisins et la paix mondiale.”

Karim Kebir