4e Séminaire sur la paix et la sécurité: La paix à tout prix

4e Séminaire sur la paix et la sécurité: La paix à tout prix

Ramtane Lamamra ne mâche pas ses mots quand il s’agit de booster les situations vers les déblocages, tout en se référant au droit international consacrant la liberté d’agir.

Le 4e Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité a été clôturé hier dans une ambiance africaine aux ambitions tant prometteuses, notamment en ce qui concerne la prise en charge des problèmes et conflits minant des pays africains. C’est du moins ce que laisse entendre l’ensemble des partenaires africains et internationaux, ayant pris part à la rencontre d’Oran retenant le principe de l’importance que revêt la question de la paix et de la sécurité tout en oeuvrant pour sa concrétisation dans le cadre d’un cadre prioritaire débouchant inéluctablement sur d’autres visées comme le développement. Le consensus est global.

L’ensemble des participants ont mis en valeur la nécessité de jouer un rôle plus important sur la scène internationale. Une telle mission n’est certes pas impossible, mais reste toutefois rude étant donné qu’elle exige d’amples efforts en particulier en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité.

Le cadre organisationnel structurant les pays africains, l’UA, sert justement à la consécration d’une telle visée tant recherchée. Aucun des présents, y compris les chefs de plusieurs délégations, n’a laissé inaperçu le rôle joué par l’Unité africaine dans le cadre du maintien et le renforcement de la paix à travers des mécanismes précis appuyant et soutenant les partenaires internationaux du continent.

Le maintien de la paix constitue l’une des priorités à mettre en valeur. Tout en renforçant la sécurité, les participants au conclave d’Oran n’ont toutefois pas mis de côté la place revenant de droit à l’Afrique. La concrétisation d’un tel objectif est tributaire de plusieurs facteurs à réunir avant de le mettre en oeuvre. En plus de Lamamra qui ne cesse de plaider quant à la nécessité de se serrer les coudes, le ministre tchadien des Affaires étrangères, et président du Conseil exécutif de l’UA, Moussa Faki Mahamat, n’est pas en reste en emboîtant le pas lui aussi à son homologue algérien. En ce sens, il a affirmé que «l’Afrique doit jouer un rôle plus important sur la scène internationale, dans la mesure où l’UA a les moyens de le faire». Une telle déclaration a été suivie par une autre à travers laquelle le ministre tchadien a souligné que «la paix et la sécurité figurent parmi les priorités des Africains pour la réalisation du développement durable».

L’Union d’abord

L’avenir de l’Afrique est dépendant des Africains et ce que peuvent oeuvrer les gouvernements africains dans un cadre uni permettant d’aller de l’avant. Le ministre tchadien des Affaires étrangères, et président du Conseil exécutif de l’UA, revenant à une autre déclaration, a souligné que «l’Afrique fait face sur le plan politique, économique et sécuritaire à ‘d’importants défis » sur lesquels on doit se focaliser». «La force du continent, qui compte plus d’un milliard d’habitants, réside dans l’union de ses pays», a-t-il plaidé.

Fin connaisseur de toutes les affaires africaines et des rouages internationaux, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, ne mâche pas ses mots quand il s’agit de booster les situations vers les déblocages tout en se référant au droit international consacrant la liberté d’agir, rappelant également le rôle de l’Algérie dans l’unification des rangs des frères africains les invitant à prendre leur destin en main. Lamamra a souligné lui aussi pour l’Algérie l’importance de toute initiative visant la stabilité des pays africains. Le processus d’Oran pour la paix et la sécurité en Afrique se trouve totalement au coeur de la diplomatie algérienne, qui a toujours veillé et depuis la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1963 sur la consécration, par l’ONU, de tous les objectifs et positions de cette institution africaine», a-t-il rappelé avant de saluer «les efforts de l’UA en tant qu’organisation agissante».

Les participants au conclave d’Oran sont donc unanimes à dire que l’Afrique, structurée dans l’Unité africaine, est un partenaire à part entière dans le règlement des conflits africains. C’est le principe défendu par le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Ben Helli. Tout d’abord, il a salué les efforts de l’UA «en tant qu’organisation agissante qui tente de régler les problèmes de l’Afrique au niveau continental avant de les soumettre à l’ONU». «Une position qui est importante pour les Africains», a-t-il indiqué ajoutant que «la Ligue arabe a souffert de ce genre d’ingérences internationales dans les affaires arabes». «Cette position africaine intervient au moment où l’on se dirige au sein du Conseil de sécurité à tenir compte des intérêts des grandes puissances, notamment celles ayant le droit de veto plus que ceux des Etats et peuples», a-t-il souligné expliquant que «cette démarche africaine est à même d’attirer l’attention sur les intérêts des peuples africains». Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe a, dans le tas, plaidé «pour la nécessité de procéder à la réforme du Conseil de sécurité». Le même principe est défendu par le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix auprès de l’ONU, Hervé Ladsous en affirmant que «le partenariat ONU-Afrique en matière de maintien de la paix jouissait d’une confiance mutuelle», saluant les efforts de l’UA pour le maintien de la paix et la sécurité dans le continent». «Puisque l’UA a la capacité de déploiement rapide ce qui est important dans ce genre d’opérations, l’ONU est prête à soutenir ses efforts au moment opportun à l’image de ce qui s’est passé dans plusieurs pays africains», a-t-il expliqué. Revenant aux opérations de maintien de la paix et de la surveillance menées par l’ONU, Ramtane Lamamra a affirmé que «neuf opérations de maintien de la paix et de surveillance de l’ONU sont menées en Afrique sur les 16 engagées à travers le monde». «Sur les 16 opérations de maintien de la paix et de surveillance engagées par l’ONU à travers le monde, neuf d’entre-elles sont menées en Afrique», a-t-il indiqué estimant qu’«il est nécessaire d’intensifier la coopération avec des institutions de l’Union africaine dans ce cadre pour instaurer la paix et la stabilité dans le continent». Lamamra a situé les responsabilités de chacune des instances internationales en charge du maintien de la paix en expliquant que «la différence principale entre les deux instances réside dans le mode et la qualité dévolus à ces missions internationales».

L’Afrique aux africains

«Les missions de l’ONU ont pour but de déployer des forces de maintien de la paix et du cessez-le-feu et d’aider les belligérants à mettre en oeuvre le contenu des accords de paix, alors que la mission de l’UA est d’aider des pays centraux aux moyens limités», a-t-il explicité avant de souligner que «la mission doit être commune entre l’ONU et l’UA car, la responsabilité du Conseil de sécurité ne se limite pas à l’Afrique». Et d’ajouter que «la coopération entre les deux organisations renforcera les efforts visant à instaurer une paix permanente, la stabilité et la réconciliation en Afrique». Plusieurs missions onusiennes se trouvent en Afrique, notamment la Minurso, chargée de l’organisation du référendum d’autodétermination au Sahara occidental, des missions au Libéria, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, au Soudan, au Sud Soudan, au Darfour, au Mali et en République centrafricaine.

Lamamra l’a déclaré à la clôture de la rencontre d’Oran

«L’Algérie restera la Mecque des révolutionnaires»

Clôturant les travaux du 4e Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, n’a pas caché sa conviction quant à voir le prochain sommet réunissant l’Unité africaine sanctionné par la mise en place d’une entité responsable prenant en compte des principes et objectifs recherchés par les pays africains. «Le Sommet africain devant se tenir en fin du mois de janvier de l’année prochaine à Addis- Abeba fournira à l’Afrique des responsables forts et prenant en compte tous les problèmes des pays africains», a souligné Lamamra ajoutant que «nous serons au rendez-vous avec nos responsabilités que nous assumons». La rencontre d’Oran a, à plus d’un titre, été bénéfique aussi bien pour les pays africains ayant pris part que pour l’Algerie l’ayant abritée. Là aussi, Lamamra indiquera que «l’Algérie a bénéficié de la confiance placée en elle par les pays africains dans le cadre de l’édification de l’Unité africaine, la solidarité et la complémentarité en jouant pleinement son rôle, en collaboration avec d’autres pays africains, dans ce saut qualitatif consistant en la transformation de l’Organisation de l’Union africaine en Unité africaine ayant inscrit plus de valeur, d’ambitions et d’objectifs élargis». La diplomatie extérieure algérienne, ayant depuis l’indépendance de l’Algérie plaidé pour l’unité des rangs a, encore une fois, renouvelé un tel principe par le biais de Ramtane Lamamra qui a, à partir d’Oran, déclaré que «l’Algérie ne sera jamais à l’écart de l’Afrique». Tel que reconnu par les pays du monde entier, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale n’a pas été en reste en qualifiant l’Algérie, de «la Mecque des révolutionnaires, et restera ainsi». Au passage, il n’a pas omis de saluer les participants pour leur présence, tout comme par la richesse dont ils ont fait preuve dans les débats ayant marqué les travaux de la rencontre d’Oran. Comme il a félicité les pays africains ayant réitéré leur engagement dans le cadre de la valorisation de la paix et de la sécurité.