Santé Le conseil de l’ordre des médecins veut ester en justice Zaïbet et critique le projet de loi sanitaire

Santé Le conseil de l’ordre des médecins veut ester en justice Zaïbet et critique le projet de loi sanitaire

Le Conseil de l’Ordre des médecins compte déclencher une poursuite judiciaire à l’encontre de «l’inventeur» du médicament qui guérirait le diabète (RHB).

Selon le président du Conseil, le docteur Mohamed Bekkat Berkani, qui a fait cette annonce hier au Forum El Moudjahid, l’Ordre des pharmaciens s’associe à la démarche des médecins. Ainsi, l’Ordre des médecins et l’Ordre des pharmaciens traîneront devant les tribunaux Toufik Zaïbet qui a défrayé l’actualité nationale par son invention «miraculeuse». Ces deux organisations professionnelles retiennent plusieurs griefs contre Zaïbet.

Le mobile de cette plainte est, selon le conférencier, «l’usurpation de fonction, le faux et usage de faux et la commercialisation de médicament sans autorisation». Pour l’invité du forum, cette affaire ne doit pas rester sans suite. « Il situe les responsabilités dans cette histoire. Les responsables doivent être sévèrement punis. L’enquête identifiera la responsabilité des uns et des autres», indique Dr Bekkat, médecin spécialiste en pneumologie. « Si nous arrivons à inventer ce genre de médicament, l’Algérie n’aura plus besoin des hydrocarbures pour vivre», ironise-t-il. Soulignant que «les géants mondiaux du médicament viendront acheter le brevet de cette invention qui peut rapporter des milliards de dollars ».

Le premier responsable de l’Ordre des médecins s’est exprimé sur le projet de loi sanitaire, en attente d’être débattue à l’APN. « Ce projet est globalement bon, mais il n’est pas complet. Il a apporté des réponses à certains problèmes qui se posent dans le secteur mais pas toutes les préoccupations des professionnels », estime le médecin. Il regrette que le Conseil qu’il dirige ne soit pas associé à la rédaction du texte qui sera soumis probablement, selon ses dires, à l’appréciation des députés le 19 janvier. Mais que reproche-t-il réellement à cette mouture ? Plusieurs choses. Bekkat émet des réserves sur les articles qui réprimandent le médecin. « Le projet contient 40 articles à caractère répressif. Nous n’acceptons pas qu’un médecin soit traîné devant les tribunaux pour des faits relevant du pénal dans l’exercice de ses fonctions. Il existe un code pénal pour des faits graves », dénonce-t-il. « Seul le Conseil de l’Ordre a le droit de punir ou suspendre un médecin si une erreur ou une faute médicale est commise », argue le président du Conseil qui compte 55 000 médecins adhérents. Questionné sur le nombre de médecins sanctionnés pour erreur ou faute médicale commise, M. Bekkat annonce avoir enregistré « 200 plaintes ». Il se contentera de dire que « des cabinets ont été fermés et des médecins ont été sanctionnés », sans donner de chiffres.

« Les gens ne portent pas plainte », dit-il, à cause de la complexité des procédures de justice. L’orateur a identifié d’autres points faibles dans ce texte de loi. D’après l’orateur, le texte de loi n’a rien prévu en ce qui concerne la veille sanitaire et la prévention. « Nous devons avoir une structure de veille sanitaire pour la lutte contre les épidémies et une autre chargée de la prévention », préconise le docteur Mohamed Bekkat Berkani. Il explique que la sécurité sociale fera des économies dans le cas où ces organes sont mis sur pied. Par ailleurs, le spécialiste en pneumologie pense qu’en Algérie il y a une inflation de médecins. « Il faut absolument réduire le nombre de médecins en formation. Nous avons trop de médecins », indique-t-il. L’Algérie compte un médecin pour 800 habitants et parfois un médecin pour 600 âmes.

« La moyenne mondiale est de un médecin pour 1 000 personnes », dira-t-il, pour étayer sa pensée. Le docteur Bekkat ne semble pas affecté par le nombre de médecins, estimé à 10 000, qui ont quitté le territoire national pour exercer sous d’autres cieux. La proposition du président du Conseil de l’Ordre peut provoquer la colère chez beaucoup d’Algériens, qui trouvent des difficultés à se soigner dans le secteur privé à cause de la cherté des prestations, et pis encore dans le secteur public, paralysé par le passe-droit et la mauvaise gestion.