Deux soeurs siamoises lancent un SOS: “Aidez-nous à vivre!”

Deux soeurs siamoises lancent un SOS: “Aidez-nous à vivre!”

Agés de 8 ans, ces petits anges sont nés siamois, mot qui désigne communément les jumeaux fusionnés.

Souvent on croit disposer de courage pour confronter les responsables à certaines situations et réalités qui dépassent l’imagination, mais rarement, quand on est face à ces mêmes situations et réalités on parvient à le faire. Seules ces images qui restent gravées à vie dans la mémoire peuvent transmettre la douleur, le drame et la tragédie. Même les mots n’ont pas le pouvoir de dire cette vérité que tout le monde connaît, mais que peu ont la force d’en parler, juste pour exprimer leur solidarité. Si cette histoire de Salsabil et Zaket ne crée pas l’évènement cela traduit tout simplement qu’on vit dans une société sans âme qui aura perdu tout son humanisme.

Agés de 8 ans, ces petits anges sont nés siamois, mot qui désigne communément les jumeaux

fusionnés. Autrement dit, ce sont des jumeux réunis par une partie de leur corps au cours du déveleppement embryonnaire. En termes scientifiques cela signifie qu’il s’agit d’une pathologie «rare». Elle ne survient que lors de grossesse gémellaire monochoriale monoamniotique, soit une seule enveloppe et un seul placenta pour les deux foetus. La fusion des jumeaux est alors un accident, comme souligné plus haut très «rare» du développement embryonnaire dont le mécanisme est incertain et les causes inconnues. Mais là c’est la vie de ces deux petites filles qui est incertaine.

Elles risquent de fermer les yeux à jamais à n’importe quel moment, d’autant plus que leur santé se dégrade de plus en plus sous les yeux de leurs parents impuissants et qui restent témoins d’une tragédie humaine que personne ne veut prendre en charge, malgré les promesses. Ce n’est pas une fiction, mais une amère réalité que celle de ces parents démunis qui vivent à la limite du soutenable. Ils supportent au quotidien la souffrance de leurs deux filles, tout en se gardant d’exprimer la leur, ils assument les regards méchants des gens qui voient leurs enfants comme des monstres, les critiques et les jugements injustes allant jusqu’à reprocher à la maman Sofia de ne pas avoir avorté.

Comment peut-on demander à une maman de tuer ses enfants? Ça paraît incroyable et pourtant c’est vrai, quand dans un pays comme le nôtre des cas aussi rares ne sont pas pris en charge, mais surtout quand on a voulu faire de ces deux petites filles qui n’ont jamais été à l’école des cobayes -et le mot est faible- pour certains qui souhaitent en faire un sujet d’étude en leur refusant toute aide. Pis encore, les deux petites ont perdu l’usage de la parole après une intervention chirurgicale ratée à l’hôpital Frantz Fanon de Blida en 2009 qui a failli tourner au drame.

La plaie était gravement infectée et ce n’est que grâce à un proche que les deux petites filles qui risquaient la septicémie furent sauvées. Les soins ont duré une année. Cette faute professionnelle grave est restée impunie, les parents n’ayant pas les moyens de déposer plainte. Paradoxalement, c’est le même chirurgien, le professeur Bouyoucef, comme le prouvent les documents et en témoignent les parents avec des pleurs, qui leur a refusé en dépit de toutes les démarches et interventions, la prise en charge en Grande-Bretagne là ou les spécialistes réussissent souvent ce genre d’opérations et qui n’ont jamais perdu espoir pour sauver les deux enfants.

Chaque année, les parents sont contactés par ces spécialistes, mais devant la somme exigée c’est presque un rêve: 20 milliards. Des parents désespérés. Un papa plein de tendresse qui garde un sourire pour cacher sa détresse et une maman révoltée par les injustices qu’elle subit au quotidien. Ils éduquent leurs quatre enfants dans une petite maison à Oued El Athmania, dans la wilaya de Mila, modestement meublée, selon les moyens dont ils disposent, mais où l’on sent une chaleur affectueuse.

C’est certainement cet amour qui nourrit leur courage et leur a permis de garder malgré tout la tête haute souhaitant un miracle. C’est à peine que le père Amokran Aïssa arrive à subvenir aux besoins de sa famille. Avec son frère il gère un petit commerce de tabac-journaux. Souvent l’argent manque. Pour les soins de leurs deux filles ils dépensent des sommes faramineuses, ce n’est qu’avec l’aide qu’ils reçoivent de part et d’autre qu’ils arrivent à surmonter leur situation. Même, la famille proche les a abandonnés à leur sort.

Aucune visite, ou assistance, même par une simple présence. Il s’agit pourtant de deux petites filles nées en 2008 à Constantine, qui ne cherchent qu’à vivre comme tout être humain. Les parents, dont le cas de leurs petites filles avait été médiatisé au Liban suite à une émission sur LBC qui soulève ce genre de pathologie rare, implorent les autorités pour leur venir en aide. Aussi bien le Premier ministre Abdelmalek Sellal, que le ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf au courant de ce cas et de la situation démunie des parents, sont sollicités pour faire un geste. Salsabil et Zaket aujourd’hui avec leurs dos complètement courbés et une santé dégradée ont bien le droit à la vie.