Quelles vision et stratégie pour la télévision privée algérienne de demain?

Quelles vision et stratégie pour la télévision privée algérienne de demain?

Lors d’une séance plénière durant laquelle les députés de l’Assemblée populaire nationale devaient approuver le Plan d’action du gouvernement, Abdelmajid Tebboune a tenu à rassurer et a précisé que l’activité des chaînes algériennes privées serait réglementée d’ici la fin de l’année, «parallèlement au lancement du projet de création d’une chaîne de télévision parlementaire».

Les télévisions privées seront ainsi accréditées «selon un cahier des charges plus précis, en tant que chaînes algériennes diffusant depuis l’Algérie et non de l’étranger».

Le Premier ministre a par ailleurs annoncé la création d’un Conseil d’éthique et de déontologie de la presse, qui travaillera main dans la main avec le gendarme de l’audiovisuel algérien, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav). Depuis la loi de 2012 sur la libéralisation de l’audiovisuel, seules cinq chaînes privées algériennes sont officiellement autorisées par le gouvernement: Dzaïr TV, El Djazairia One, Ennahar TV, Echorouk TV, et Hogar TV. Entre-temps une autre chaîne a été accréditée sans que ça soit officiellement annoncé: la chaîne de Mahiedine Tahkout, Numidia News. Pour ce faire la chaîne a lancé un recrutement massif visant à embaucher des journalistes et une équipe technique professionnelle pour la rentrée sociale. Numidia News qui est passée par plusieurs étapes durant son parcours a vu son entité bouger quand elle a reçu l’autorisation officielle du ministère de la Communication.

Voulant s’inscrire dans une stratégie globale d’ouverture audiovisuelle algérienne, Numidia News entend prendre le chemin du professionnalisme audiovisuel. Pour cela elle a recruté un nouveau responsable de l’édition pour définir une stratégie à long et court terme, construire une télévision qui s’inscrit pleinement dans le paysage audiovisuel. Aujourd’hui l’Algérie compte une cinquantaine de chaînes privées «offshore» non accréditées. Algériennes mais de droit étranger, elles disposent d’une rédaction en Algérie, mais émettent principalement depuis la Jordanie, le Liban, le Royaume-Uni et le Bahrein. Sur la cinquantaine de chaînes, seule une dizaine ont le standard de chaîne professionnelle, mais ne possèdent pas de stratégie ou feuille de route d’une télévision. Dans un monde global, aucune télévision algérienne privée ne possède un manager étranger. Contrairement aux télévisions libanaises, marocaines et des pays du Golfe qui ont recruté des techniciens et gestionnaires européens essentiellement anglais, français, italiens et espagnols, les Algériens sont restés avec un management algérien sans formation et sans vision claire du paysage audiovisuel mondial. C’est sans doute l’erreur fatale des patrons de télévisions algériennes aujourd’hui.