Mohamed Ahed Bensouda, réalisateur marocain, à l’expression: “Cette femme symbolise le pays”

Mohamed Ahed Bensouda, réalisateur marocain, à l’expression: “Cette femme symbolise le pays”

Lors du débat qui a suivi la projection samedi dernier, le réalisateur marocain Mohamed Ahed Bensouda, qui n’est pas à son premier film, répond à nos questions mais aussi à celles des journalistes présents à cette séance de cinéma.

L’Expression: La symbolique est omniprésente dans votre film. La liberté est une femme pour vous?

Mohamed Ahed Bensouda: Effectivement La femme représente cette société qui souhaite respirer, souffler et jouir de sa liberté. Elle est juste dans un état de coma, peut-être qu’elle se réveillera un jour comme tous les peuples arabes. On a voulu que les événements commencent en Irak en passant par d’autres pays arabes et africains jusqu’à aujourd’hui. Sommes-nous endormis ou inconscients? Que voulons- nous vraiment? Est-ce qu’on veut un peuple responsable de ses actes et libre de ses agissements ou pas? Le général est à l’image de Sissi; dans le film il est devenu une partie intégrante du peuple alors qu’il fait partie du corps de l’armée. Or il n’y a pas de distinguo entre la liberté et le pouvoir. Le pouvoir s’est fourvoyé car il n’y a pas eu d’équilibre et non plus d’harmonie de la liberté avec le peuple. Le message principal de ce film reste au goût du public. A lui d’interpréter les choses. Ce qui est clair est qu’à la fin du film le général choisit de partir vers le peuple. Sommes-nous prêts pour la liberté? Sommes-nous assez mûrs pour? Cette femme veut chanter, danser. L’art est en soi une forme de liberté. Ce que nous avons voulu montrer justement est quand le pouvoir a raison de la liberté c’est là où la pression se met en place et c’est ce qui est arrivé à cette femme qui, à la fin, s’est rebellée contre cet homme. Elle est effectivement menacée de mort, mais elle est dans un état comateux. il faut faire attention, un jour elle se réveillera. Nous sommes justes dans une étape de transition. Le pouvoir a certes fait pression c’est pourquoi cette femme est tombée malade et est devenue à l’image de nos pays, atteinte d’un cancer. Mais une question s’impose, le peuple est-il assez mûr pour accueillir cette liberté, la démocratie?

La réponse serait-elle vraiment la chute du pouvoir?

Ceci est juste un pan de l’interprétation de ce film. L’autre solution serait que l’armée doive encore rester car nous ne sommes pas encore habilités à jouir de cette liberté. Il faut une certaine force et puissance de décision. Vous avez vu le résultat dans certains de ces pays, un chaos. Le fiasco!

Un mot sur ce qui se passe dans le Rif marocain et qu’en pensez-vous?

Les événements qui se déroulent aujourd’hui au Maroc ne datent pas d’aujourd’hui. Je vous rappelle que ce genre d’événements au Maroc a toujours existé, à Fès, Meknès, Marrakech, je m’en souviens depuis que j’étais étudiant à l’université depuis 89. Ça a toujours existé, les mouvements de grève et de militantisme, cela ne va pas s’arrêter, ça va continuer. Ce qui se passe à El Houceïma est quelque chose d’ordinaire. Des jeunes qui expriment et revendiquent leurs droits. Nous sommes avec eux aussi. Par contre sur un plan politique je ne peux vous répondre car je ne suis pas un homme politique, mais un artiste. Je donne des données et c’est au public de les analyser et les interroger comme il le veut.

Par