Lydia Saidi, rédactrice en chef du Germanisten Magazin: “Le participatif est le moyen idéal pour permettre l’échange”

Lydia Saidi, rédactrice en chef du Germanisten Magazin: “Le participatif est le moyen idéal pour permettre l’échange”

Ce webmagazine, créé en 2013 par un collectif d’étudiants, propose un contenu dans la langue de Goethe, allant de la culture, la sociologie en passant par la philosophie, et qui se veut un point d’échange interculturel entre les jeunes des deux rives de la Méditerranée. Dans cet entretien, la rédactrice en chef du Gmag, Lydia Saidi, parle de la naissance de cette plateforme, la promotion de la culture maghrébine outre-Méditerranée, et l’objectif de faire de ce média un générateur de projets entre ces deux jeunesses.

Liberté : Tout d’abord, qu’est-ce que le Germanistan Magazin ?

Lydia Saidi : Le Germanisten Magazin est un webmagazine participatif trilingue (arabe, français et allemand) pour une connexion germano-maghrébine, c’est aussi une plateforme d’expression pour les germanistes du Maghreb et ailleurs dans le monde. Le magazine est né en 2013 tout d’abord dans un souci de transmission d’un savoir travaillé dans les universités dans les filières germanistes mais qui est malheureusement peu exploité

Quelle est l’équipe qui le constitue ?

Le G Mag (comme on se plaît à l’appeler) est constitué d’un groupe de jeunes rédacteurs du Maghreb et résidents en Allemagne passionnés de culture germanique ou encore de sciences humaines en général. Aussi, nous lançons encore fréquemment des appels à contribution pour les rédacteurs adeptes de sciences humaines et de culture en général.

Pourquoi la langue allemande ?

Le GMag est une initiative d’étudiants en germanistik (langue et littérature allemandes). Nous avons constaté qu’il y a un grand nombre de jeunes germanistes algériens qui, grâce à cette langue, ont accès à des sources d’informations et une documentation plus ample.

Un grand potentiel dans le domaine de la traduction (vers l’arabe ou encore le français) est aussi présent sans être exploité.

De même, la représentation du Maghreb dans les médias germanophones est très peu suffisante et a souvent une connotation négative (de par les seuls thèmes relatés : migration clandestine, attentats islamiques, etc.). A travers le G Mag nous tentons donc de faire connaître le Maghreb un peu autrement, en faisant entre autres la promotion de nos artistes sans pour autant être cloisonnés de l’actualité. Le magazine se veut donc le point d’un vrai échange interculturel et d’élaboration de projets artistiques ou rédactionnels entres les jeunes des deux rives.

Comment se porte le magazine actuellement ?

Le magazine est à ce stade encore non lucratif, nous travaillons pour la plupart du temps à distance grâce aux moyens de réseautage internet.

Votre média est un magazine participatif. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le Germanisten Mag est un magazine participatif, c’est-à-dire qui vit des contributions de ses lecteurs et qui est produit par eux-mêmes. Il y a évidemment une équipe de rédaction qui veille à la réception, correction et à la qualité des textes conformément à la charte éditoriale. Le participatif est le moyen idéal pour permettre l’échange et encourager les jeunes traducteurs ou apprentis rédacteurs. Les contributions peuvent être faites directement sur le site dans la page : “Participate” ou encore par e-mail.

Quels sont les sujets que vous proposez ?

Le magazine a surtout un axe culturel avec des rubriques comme : philo, musique, histoire, art, cinéma, lifestyle, etc. Nous proposons des articles variés allant de chroniques littéraires/cinématographiques, introductions à la pensée philosophique allemande ou encore un contenu plus léger comme des sélections de films, des playlists thématiques ou des astuces pour apprentissage de la langue allemande. Nous écrivons en arabe et français pour aborder la culture germanique et vice versa, en allemand pour aborder la culture maghrébine et faire la promotion de ses acteurs culturels. Le magazine encourage également la traduction dans les deux sens.

Votre Webmagazine se veut “une connexion germano-maghrébine et un coin d’échange culturel entre les jeunesses des deux rives”, comment s’articule cet échange ?

Plusieurs fondations et institutions allemandes sont présentes au Maghreb et offrent des soutiens financiers à des projets culturels maghrébins. Des conventions ont été signées avec la Tunisie et le Maroc pour faciliter la “transition démocratique”. Nous comptons donc saisir ces opportunités et les faire connaître pour ainsi créer et consolider ces ponts de culture. Cela dit, un peu plus loin des considérations politiques et des ambiguïtés des termes “démocratiques”, le magazine reste surtout en faveur d’un élargissement de visions culturelles et d’une circulation des idées, et ce, dans les deux sens et non pas dans un seul. Un de nos objectifs est donc d’en faire un futur générateur de projets de collaboration intellectuelle et créative entre les jeunes des deux pôles.

Selon vous, quel est le rapport des jeunes Algériens à la langue de Goethe ?

La langue allemande est plus répandue qu’on le croit, son apprentissage se fait déjà comme option dès le lycée à travers tout le territoire, il existe également au moins 3 facultés de langue et littérature allemandes en Algérie et bien d’autres en Tunisie et au Maroc. Mais beaucoup de nos contributeurs s’intéressent au magazine et trouvent également accès à cette culture à travers la philosophie et au monde des idées sans pour autant maîtriser la langue. Néanmoins, il reste des préjugés à éviter comme de lier l’intérêt pour cette langue uniquement à des fins d’immigration ou à le relier bêtement au passé nazi.

Votre magazine vient d’être relancé après un hiatus. À quoi était-il dû ?

Effectivement, le magazine remonte à 2013 et était feuilletable en ligne, exclusivement d’expression allemande et destiné aux étudiants germanistes algériens.

Le relancement a visé une mise au point et un élargissement de notre champ de vision ainsi qu’une réadaptation de la plateforme web. Aujourd’hui, le magazine est trilingue et participatif avec une cible plus large.

La philosophie, expliquée en algérien et les autres langues maghrébines, est en préparation. Est-ce difficile de procéder à cette traduction ?

Nous avons lancé un appel à rédaction en langue arabe quand nous avions finalement reçu des propositions de bloggeurs en langue derja. Nous trouvons que c’est un excellent moyen pour “vulgariser” certains concepts mais aussi pour développer l’écriture dans ces dialectes en touchant à des sujets assez costauds comme la philosophie. Cela pourrait donner un élan nouveau à l’expression maghrébine mais aussi encourager un intérêt plus large pour cette discipline.

Y. A