La plateforme créee par Farid Ziad soutient différents projets: “El houma” : la culture populaire au service de la jeunesse

La plateforme créee par Farid Ziad soutient différents projets:  “El houma” : la culture populaire au service de la jeunesse

Membre du mythique groupe de rap algérois Le micro brise le silence (MBS), Farid Belhoul, alias Diaz, entame, en ce mois de juillet, une tournée dans plusieurs villes françaises “entre associations, cafés littéraires et squats”, où il reprendra les titres de l’album El houma (2016), qu’il a autoproduit.

Mais “El houma”, c’est aussi un mode de vie pour l’artiste originaire du quartier de Hussein Dey, qui a rejoint la bande à Deymed, Donquishoot, ou encore Red One, en 2007, jusqu’à lui consacrer un site internet lancé l’an dernier avec le soutien d’associations marseillaises, qui œuvrent à la promotion des cultures méditerranéennes. “Ce qui nous manquait pour pouvoir parachever notre autonomie était un média et une base de production afin d’être complètement indépendants, pouvoir contrôler notre image et documentariser ce qui ce passe, car mis à part les canaux officiels, on ne sait pas ce qui se produit réellement chez nous”, expliquait le rappeur que nous avons rencontré à la veille de son départ pour la France. Ce site internet, en plus de réunir des personnes qui partagent les mêmes intérêts et la même vision du monde, est également un moyen pour le rappeur de soutenir des projets, en lien avec l’esprit d’initiative.

Une année après son lancement, Diaz dira qu’il y a “des projets d’albums de rap, de films ou encore de photographies qui ont été lancés grâce au site”. Et de continuer : “Nous leur apportons notre soutien avec du matériel et le local dédié à notre collectif, en plus de la mise à disposition du site pour la promotion de ces projets.” Composé de huit chansons qui ont nécessité plus d’une dizaine d’années de préparation, Diaz expliquera par ailleurs que l’opus “a demandé beaucoup de recherches, parce que ce n’est pas du rap classique. Ce n’est pas qu’un album, c’est tout un concept et un esprit particulier”. Et d’ajouter : “J’ai voulu apporter une nouvelle approche du rap et de notre langue, qu’on dit pauvre et inadaptée pour la réflexion.”

Comme un reflet de l’évolution de la société algérienne, cet opus, dira Diaz, a permis de constater l’évolution des revendications de la jeunesse sur plusieurs années. “Avant, il y avait des signaux qui présageaient de l’apparition d’un problème. Au fil du temps ils sont devenus des fléaux, dont je parlais parce que personne n’osait le faire.” Avant de poursuivre : “Mais aujourd’hui, je ne suis plus dans la dénonciation, que j’utilisais afin de mettre la lumière sur des sujets importants. Pour moi actuellement, il est impératif de se positionner par rapport aux problèmes que vit notre jeunesse.”

Outre l’obstacle financier pour réaliser l’album, le chanteur dira que le projet a pris autant de temps à cause des textes des chansons qui ont été mûrement élaborés : El houma a pris une dizaine d’années, parce que “j’avais envie de faire quelque chose de réfléchi, des paroles que je ne regretterai pas demain et que je peux dire dans un café comme devant un ministre”. Et même si, avoue-t-il, ce choix d’indépendance est difficile, “il reste une position politique par rapport à l’industrie de la musique et les institutions culturelles”. Évoquant enfin une possible reformation avec les anciens membres de MBS, il dira qu’une collaboration est envisageable, à condition que ses acolytes soient tous présents.