Exposition du jeune peintre Karim Belaidjila au CA de Paris: “En Algérie, l’art ne nourrit pas son homme”

Exposition du jeune peintre Karim Belaidjila au CA de Paris: “En Algérie, l’art ne nourrit pas son homme”

Le vernissage a eu lieu, vendredi dernier, en présence de l’artiste et de visiteurs intéressés par l’art pictural et surtout par l’originalité de l’œuvre, car le style de Beladjila est quasiment inclassable dans les écoles de peinture.

Le peintre algérien Karim Beladjila expose ses œuvres au Centre culturel algérien (CCA) de Paris jusqu’au 24 juillet en cours. Le vernissage a eu lieu, vendredi dernier, en présence de l’artiste et de visiteurs intéressés par l’art pictural et surtout par l’originalité de l’œuvre, car le style de Beladjila est quasiment inclassable dans les écoles de peinture. Certains y voient le “nuagisme” ou “l’art brut”. Appartient-il à l’école de l’abstraction lyrique ? Nul ne peut l’affirmer au vu de ses toiles aux tons très variés mais que l’on peut regrouper en deux grandes tendances : celles lumineuses qui représentent l’énergie positive du monde, et les autres sombres et parfois angoissantes qui expriment les ondes négatives de l’univers. Un connaisseur, présent au vernissage, affirme que positionner Beladjila dans des cases classiques de l’art pictural serait réducteur.

En un mot, nous assistons à la naissance d’un nouveau style de peinture. L’enfant de Constantine, où il est né il y a 32 ans, avoue lui-même ne pas chercher à s’inscrire dans une catégorie, s’inspirant un peu d’Auguste Rodin qui disait : “Il n’y a réellement ni beau style, ni beau dessin, ni belle couleur : il n’y a qu’une seule beauté, celle de la vérité qui se révèle.” Karim Beladjila n’en finit pas d’être original dans son art. Il n’utilise ni pinceau ni couteau pour ses toiles. Il étale la matière avec ses doigts et une gomme, puis il peaufine son tableau avec un demi-oignon qu’il imbibe de peinture et dont il se sert comme d’un tampon. C’est une technique inédite qui lui fait d’ailleurs verser une larme chaque fois qu’il coupe un oignon en deux. Autre singularité, il ne donne pas de titres à ses œuvres : “L’œuvre est déjà encadrée, je ne l’enferme pas encore en lui donnant un titre. Le visiteur peut s’évader en pensées et donner libre cours à son imagination.”

Les toiles sont puissamment évocatrices de tout ce que l’homme peut ressentir comme émotions. Un tableau fait penser à une pluie d’éclats de soleil, un second à une gigantesque tempête au-dessus d’un océan. Dans un autre, on peut deviner une galaxie qui tournoie dans le cosmos, l’impression de mouvement est frappante. Sombres ou inondées de lumières, les œuvres de Belaldjia ne laissent jamais indifférent. L’artiste a quitté Constantine pour s’installer en France où il pense améliorer sa technique au contact d’autres artistes. Pense-t-il pouvoir vivre de son art ? “Pour l’instant, j’ai des demandes d’achat de tableaux et j’espère que cela va continuer. À Constantine, j’ai dû travailler chez un grossiste en médicaments pour gagner ma vie. Vous savez, chez nous l’art ne nourrit pas son homme.”

Quand on lui demande quelles sont ses perspectives, l’enfant de Sidi Mabrouk répond : “Je veux aller aussi loin que possible, montrer partout mon travail, mes nouvelles techniques, mon style avec lesquels je souhaite m’imposer dans le monde de la peinture. Je veux tendre à l’universel.” Ambition démesurée pour un jeune artiste ? Absolument pas, comme le montrent les invitations à exposer qui se multiplient : “J’ai exposé à Constantine, Alger, Annaba, Chalon-sur-Saône et Paris où j’ai d’ailleurs peint 10 des 30 toiles que j’expose aujourd’hui au CCA. J’envisage d’exposer mes œuvres dans d’autres pays et en Algérie bien sûr.” Collectionneurs et critiques d’art parisiens s’intéressent déjà à ce jeune prodige qui fera certainement parler de lui dans un proche avenir.