Ali Haroun raconte Charles Henri-Favord : «Il vivait la colonisation de l’Algérie comme un deuil personnel»

Ali Haroun raconte Charles Henri-Favord : «Il vivait la colonisation de l’Algérie comme un deuil personnel»

Auteur de plusieurs ouvrages sur l’Algérie, notamment la Révolution algérienne et le FLN en Algérie, Charles-Henri Favrod était un ami très fidèle de l’Algérie. Les éditions Anep ont tenu avant-hier à lui rendre hommage en présence de l’ambassadrice de Suisse en Algérie.

Animé par Maître Ali Haroun, docteur d’Etat en droit, ancien responsable de la Fédération de France du FLN, ancien ministre et avocat et aussi auteur de quatre ouvrages, dont la Wilaya 7, il soulignera l’engagement anticolonialiste conséquent de Charles-Henri Favrod « qui a contribué à la décolonisation de notre pays en facilitant les préparatifs des accords d’Evian entre la France et le FLN ». Il a évoqué aussi les rapports particuliers entretenus entre le moudjahid et Favrod. « Lorsque j’ai quitté la Tunisie pour rejoindre le FLN de France, ils m’ont donné un contact d’un journaliste nommé Charles-Henri Favrod. Je l’ai rencontré et c’était la première personne qui m’a aidé et hébergé sans me connaître. Nous étions en 1958, et à cette époque-là, les Suisses prenaient un grand risque pour nous venir en aide. Ces personnes étaient très courageuses», a-t-il confié. Né le 21 avril 1927 à Montreux et décédé le 15 janvier 2017 à Morges, « Charles-Henri Favrod était anticolonialiste convaincu de la première heure, aillant des centre d’intérêts extraordinaire (littérature, photographie…) Il a connu les grands de ce siècle », a déclaré Maître Haroun. Avant d’ajouter : « Il vivait la colonisation de l’Algérie comme un deuil personnel, ce qui explique sa grande complicité avec la Révolution de Novembre et ses chefs historiques. » L’ex-responsable de la Fédération de France du FLN a remercié, cependant, tous les pays qui ont joué un rôle dans leur combat contre la colonisation. « Nous devons un grand merci pour nos amis suisses, belges, italiens et même français, qui aidaient notre action dans notre combat contre le colonialisme. Et aussi d’avoir reçu nos militants dans la clandestinité pour recevoir des soins », a-t-il fait savoir. Amoureux de l’Algérie et de son combat libérateur « Monsieur Favrod nous a permis d’avoir une porte ouverte très importante pour nous permettre d’avancer dans notre combat », a expliqué l’interlocuteur. Maître Haroun a aussi évoqué le travail des militants qui étaient à cette époque-là à l’étranger. Abordant entre autre, Pierre-Henri Simon qui a écrit une brochure contre la torture de l’armée française en Algérie en lisant une lettre écrite par Jean-Paul Sartre, envoyée à Pierre-Henri Simon, un professeur de l’université de Fribourg (suisse) où il a parlé du drame français qu’il définissait d’inopportun et de choquant. L’ex-ministre a aussi parlé de l’affaire Dubois et de l’assassinat du maire d’Evian, en 1961. Pour sa part, l’ambassadrice de Suisse en Algérie, Muriel Berset Kohen, a chaleureusement remercié l’Anep pour cette initiative. « Je remercie aussi Maître Haroun d’avoir partagé avec nous son témoignage et ses souvenirs », a-t-elle indiqué. Avant d’ajouter : « Le défunt journaliste a fait un cadeau à l’Algérie avant de quitter ce monde. Il a fait don d’un fonds d’archives photographiques aux archives nationales, un trésor qui devrait incessamment arriver en Algérie. Depuis l’année dernière, je suis en contact avec le directeur général des archives et nous attendons que ce fonds puisse arriver en Algérie pour ainsi le mettre en valeur et prouver par ce geste les liens qui nous unissent.»