Tabagisme en Algérie, 90% des Algériens pour l’interdiction du tabac dans les lieux publics

Tabagisme en Algérie, 90% des Algériens pour l’interdiction du tabac dans les lieux publics

tabac_1.jpgLes fumeurs algériens sont de plus en plus jeunes. La moyenne d’âge du fumeur est passée de 15-20 ans à 12 ans. Une triste réalité qui met les spécialistes en alerte, sachant que le tabac est à l’origine de 30% des cancers en Algérie.

Le tabagisme, une façon de se forger une personnalité et de prouver aux autres qu’on a grandi. C’est souvent le sentiment qu’éprouvent les jeunes adolescents qui se mettent à fumer à un âge très précoce. Bien que le tabagisme est à l’origine de 30% des cancers en Algérie, un taux qu’il faut prendre avec «beaucoup de précaution», préconise le professeur Messaoud Zitouni, les chiffres continuent à grimper. 25 % des fumeurs sont âgés de moins de 21 ans, 50 % de moins de 27 ans et 75 % de moins de 38 ans. L’âge moyen du début de l’intoxication tabagique est de 17 ans, lelon les chiffres avancés par l’association Ennour qui lutte contre le tabac.

Et si le citoyen ne fume pas, il est néanmoins exposé à la fumée que produit le fumeur car 33 % des Algériens disent vivre dans des foyers où d’autres personnes fument et 59,1% ont d’autres personnes qui fument ailleurs qu’au foyer, 79,1% pensent que la fumée produite par d’autres personnes est nuisible pour eux, 32,2% ont un parent au moins qui fume, 17,9% ont des amis dont la plupart ou la totalité sont des fumeurs. Face à ces chiffres alarmants, les spécialistes algériens plaident pour le sevrage du tabagisme chez les jeunes et 89 % des Algériens pensent que la consommation du tabac doit être interdite par la loi dans les lieux publics.

L’augmentation de la taxe sur le tabac de 10%, prévue par la loi de finances 2015, constitue «un pas en avant» dans la lutte contre le tabagisme mais un long chemin reste encore à parcourir avant de pouvoir juguler ce fléau qui est la cause principale de décès pouvant être prévenus dans le monde, estiment les spécialistes.

«L’Algérie fait face au problème de tabagisme chez les jeunes qui commencent à fumer à l’âge de 12 ans et demi alors qu’avant, ils s’y mettaient à l’âge de 15-20 ans», a indiqué avanthier, le professeur Messaoud Zitouni, coordinateur du comité national chargé du suivi de la lutte contre le cancer, lors du symposium portant sur le thème «Pour des centres ultramodernes de diagnostic, de radiothérapie, de suivi et d’évaluation des traitements oncologiques, réalisables en mois et non plus en années» tenu à Alger. Pour lutter contre le tabagisme «l’un des facteurs de risque du cancer», il a plaidé pour le sevrage chez les jeunes.

Il a évoqué l’amélioration du dépistage de certains cancers gynécologiques. «Il faut redynamiser le programme de dépistage du cancer col de l’utérus», ditil. «Nous sommes en retard sur les prises de décisions en équipe », souligne-t-il et d’affirmer que «certes, il existe beaucoup d’initiatives mais pas de résultat».

L’intervenant a indiqué, lors de ce symposium, que la qualité et la sophistication du matériel et des machines sont certes importantes mais «il faut aussi prendre en compte la maintenance et la compétence du personnel manipulateur ». S’agissant de l’orientation de l’accompagnement du patient, il a insisté sur la formation de médecins généralistes comme «coordinateurs au sien des centres anticancéreux».

L’industrie du tabac l’a bien compris depuis longtemps : «Les adolescents d’aujourd’hui sont les consommateurs réguliers potentiels de demain, et la très grande majorité des fumeurs commence à fumer à l’adolescence ». (Philip Morris, 1981). C’est donc primordial d’y faire face en faisant appliquer une loi visant à limiter la consommation du tabac chez les jeunes.

T. K.