Mesures prises par l’Etat pour faire face la crise pétrolière, Ali Benflis : «Populisme et cacophonie»

Mesures prises par l’Etat pour faire face la crise pétrolière, Ali Benflis : «Populisme et cacophonie»

ali-benflis-a-m-sila-le-02-04-14-ph-moh-sid-03_849388_679x417.JPGAvant d’aller faire un petit tour à la foire de la production nationale aujourd’hui, Ali Benflis a rendu publique une déclaration dans laquelle il s’exprime sur les mesures prises par le mini-conseil des ministres tenu avant-hier.

L’ex-candidat malheureux aux dernières présidentielles estime que l’Etat a mis beaucoup de temps pour réagir à la chute vertigineuse des prix du pétrole. « Le plus haut sommet de l’Etat vient, enfin, de se préoccuper de la gravité des répercussions de la crise énergétique mondiale actuelle sur l’économie algérienne. »

Pour Ali Benflis, cette réunion « est loin d’avoir éclairé l’opinion publique nationale sur le diagnostic de cette crise établi par le gouvernement, sur l’identification de ses effets inévitables sur notre économie et sur les mesures prises pour faire face à ses retombées. »

L’ex-chef du gouvernement n’hésite pas de qualifier de « cacophonie » les différentes déclarations émanant des pouvoirs publics. « (…) Ceux qui sont en charge des affaires publiques ne partagent pas un même diagnostic de cette crise. Il y a à ce sujet une véritable cacophonie au sommet de l’Etat. » Entre ceux qui ont tiré la sonnette d’alarme, ceux qui reconnaissent que l’Algérie est affectée par cette crise mais dispose des moyens pour y faire face et ceux qui rassurent que le pays est totalement à l’abri, il y a de quoi donner le tournis aux citoyens, sous-entend l’ex-membre du comité directeur de la Ligue algérienne des droits de l’homme, présidée à l’époque par l’un des ténors du barreau algérien, Me Miloud Brahimi. « Le populisme règne encore en maître sur l’action du gouvernement. Et la vérité sur l’ampleur de cette crise reste soigneusement cachée au peuple algérien », lit-on encore dans la déclaration transmise à la réaction de L’Éconews..

Ali Benflis va plus loin en affirmant que les mesures prises par le conseil restreint sont douteuses. « A un diagnostic erroné ne peut correspondre qu’un remède tout aussi erroné. Comme toujours, la gouvernance imprévoyante, approximative et souvent improvisée conduit nos gouvernants à privilégier les solutions de facilité et à céder à leur confort. Et c’est ainsi qu’une solution toute simple et toute trouvée nous est annoncée : elle consiste à puiser dans les réserves de change du pays et dans le Fonds de régulations de ses recettes. Par cette solution de facilité le gouvernement se dispense de tout effort et de toute imagination. »

L’ex-chef du gouvernement accuse « le régime politique » de n’avoir pour seul « souci obsessionnel que sa seule quiétude. Ses intérêts de durée de survie prévalent sur tout le reste. »

Celui qui a présidé aux destinées du Front de libération nationale reproche à l’Etat d’acheter la paix sociale. « Il est comme il l’a toujours été (y compris quand Benflis était directeur de cabinet du président de la République puis chef du gouvernement –NDLR) prêt à lui sacrifier la santé et les équilibres de l’économie nationale. Ce régime politique en fin de parcours ne répond plus qu’aux exigences de son présent et n’a que peu d’intérêt pour l’avenir du pays tout entier. »

La comparant presque et de manière indirecte au crash de 1929, Ali Benflis dénonce le fait que « nos gouvernants se contentent de nous annoncer ce qu’ils ne feront pas. » L’auteur de la déclaration parle d’opacité qu’ils veulent entretenir, « alors que la première de leurs responsabilités est d’informer notre peuple qui payera, ultimement, le prix de leur non-gouvernance. »

Et le 13e chef du gouvernement de l’Algérie indépendante de tirer de tout cela deux conclusions, non sans une pointe d’amertume. « Ce n’est pas sur un pouvoir vacant et des institutions en panne que l’on peut raisonnablement compter pour faire face à cette crise. Et ce ne sont certainement pas des institutions dépourvues de légitimité, de représentativité et de crédibilité qui mettront réellement notre pays en position de relever les défis nombreux et sérieux que l’ampleur de cette crise lui impose. »

Par ailleurs, et voulant absolument être plus que jamais présent sur la scène politique, M. Benflis a tenu à apposer son empreinte en se rendant aujourd’hui à la foire de la production nationale. Une visite à l’issue de laquelle, il a rendu encore une fois une déclaration, dans laquelle il dit avoir écouté les opérateurs nationaux et conclu que les pouvoirs publics, loin d’encourager la production nationale, privilégiaient le tout importation, la corruption et le clientélisme.

Faouzia Ababsa