Louisa Hanoune : ouvrir des canaux de communication et de dialogue avec les jeunes

Louisa Hanoune : ouvrir des canaux de communication et de dialogue avec les jeunes

louiza_hanoune45_621175605.jpgLa secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a appelé samedi à Alger à ouvrir des canaux de communication et de dialogue avec les jeunes pour être à leur écoute. Le “déficit” de communication entre les canaux officiels et les médias lourds et les jeunes constitue “un véritable danger pour la stabilité du pays”, a estimé Mme Hanoune dans une allocution prononcée à l’ouverture d’une session extraordinaire du bureau politique du parti.

Pour la SG du PT, “l’absence totale de communication avec les jeunes a exacerbé leur sentiment d’inconfiance et d’appréhension quant à l’avenir”, d’où, a-t-elle dit, la nécessité d’être à l’écoute de cette frange de la société et de répondre à ses attentes “afin de restaurer sa confiance et de l’apaiser”.

Mme Hanoune a, dans ce contexte, appelé les institutions concernées à parler aux jeunes et à leur communiquer les chiffres réels concernant les emplois qui leur seront offerts au niveau de chaque secteur. Elle a, dans ce cadre, appelé à accélérer la mise en oeuvre des plans de soutien aux entreprises.

Elle a aussi exhorté la Télévision nationale à donner la parole aux jeunes et à couvrir toutes les protestations. “Ceci voudra dire que l’Etat leur tend la main et qu’il cherche des solutions à leurs problèmes”, a-t-elle estimé.

Pour la SG du PT, ce qu’elle a qualifié de “soulèvement” des jeunes “ne concerne pas seulement le ministère du Commerce, mais l’ensemble du gouvernement qui est appelé à ouvrir la porte du dialogue autour de toutes les mesures pouvant être prises afin d’améliorer les conditions socioprofessionnelles”. Elle a, à cet effet, appelé à la création d’offices des produits vitaux subventionnés par l’Etat.

Mme Hanoune a en outre appelé à accorder aux jeunes sans emploi une allocation chômage qui ne soit pas inférieure à la moitié du salaire national

minimum garanti (SNMG), proposant d’accélérer l’élaboration d’une loi de finances complémentaire 2011 prévoyant cette allocation, ainsi que d’autres mesures qui concrétisent le monopole de l’Etat sur les matières premières importées.

“Les jeunes ne sont pas sortis dans la rue à cause de la hausse des prix de l’huile et du sucre mais en raison de l’accumulation de leurs problèmes, dont le chômage et la crise de logement”, a dit la SG du PT, qualifiant les récentes hausses des prix de certains produits de première consommation de “provocations” et de “hausses criminelles”.

“Les séquelles du redressement structurel et de la tragédie nationale sont toujours présentes”, a-t-elle dit. “Les jeunes qui se sont soulevés sont nés durant les années du terrorisme. Ils sont imprégnés de violence et ont perdu leurs repères”, a-t-elle précisé, soulignant la nécessité pour l’Etat de les prendre en charge.

Mme Hanoune a en outre souligné la nécessité de saisir les messages adressés par les jeunes à travers leur soulèvement, estimant que cette frange “est la moins bien lotie dans la société et la plus inquiète pour son avenir”.

“Ces jeunes ont trouvé dans ce soulèvement et ces actes de violence un véritable exutoire à leur colère et une manière d’exprimer leur appréhension de l’avenir”, a souligné Mme Hanoune.

L’Etat doit enregistrer ces protestations comme un S.O.S “car ces jeunes en détresse peuvent être manipulés par n’importe qui”, a-t-elle dit.

Elle a également jugé “insuffisantes” et “inefficaces” les décisions prises par l’Etat en matière d’emploi, estimant que la flambée des prix absorbe toute augmentation de salaires.

la SG du parti des Travailleurs a en outre appelé l’Etat à combattre la spéculation et “les importateurs qui monopolisent toujours le marché local”.

Par ailleurs, Mme Hanoune s’est dit étonnée de la manière avec laquelle certains médias arabes et occidentaux ont traité ces protestations, de leurs interprétations “tendancieuses et graves et de leur amplification” d’un soulèvement de jeunes qui ont voulu exprimé leur colère.

Elle a en outre exprimé son étonnement quant à la réaction de la diplomatie française qui a appelé ses ressortissants à ne pas se rendre en

Algérie la qualifiant “de position étrange” et de pression sur l’Algérie pour renoncer à ses décisions visant à la protection de l’économie nationale”.

Cette colère “légitime” des jeunes provoquée par la situation sociale “n’a pas atteint le degré ni l’ampleur des manifestations violentes enregistrées à Paris et sa banlieue la nuit du 31 décembre 2010 et même dans d’autres pays”, a-t-elle ajouté.

“L’Algérie n’applique pas une politique d’austérité à l’instar de plusieurs pays touchés par la crise économique mondiale mais elle est en phase d’édification et d’investissement. Plusieurs pays du monde enregistrent des manifestations violentes du fait des répercussions de la crise économique, mais il n y a pas eu de commentaires comme ça a été le cas pour l’Algérie”.

Estimant qu’il y a “des parties étrangères qui se réjouiront de l’effondrement de l’Etat algérien pour qu’elles puissent piller ses richesses”, Mme Hanoune a indiqué qu’”on ne peut comparer les événements de l’Algérie à ceux enregistrés en Egypte, en Tunisie et même en Cote d’Ivoire et on ne peut dire que ces événements nous rappellent ceux d’octobre 1988, car la situation du pays aujourd’hui diffère complètement sur les plans politique, économique et social”.

Par ailleurs, Mme Hanoune a déploré la destruction d’infrastructures “dont ont besoin de larges franges de la société et même les familles de ces jeunes”.

Le secrétariat du bureau politique du parti des travailleurs est depuis jeudi en session ouverte.

APS