Les algériens de plus en plus attirés par les plantes médecinales

Les algériens de plus en plus attirés par les plantes médecinales

arton147315-a2c11.jpgLa nature au service de la santé

Les remèdes de nos grand-mères retrouvent depuis quelques années une seconde jeunesse. D’ailleurs, sans même nous en rendre compte, nous utilisons régulièrement la phytothérapie.

Une tisane au tilleul avant de se coucher, de l’huile d’olive se masser les jambes, des bonbons à l’eucalyptus pour calmer la toux ou encore une infusion de ginseng pour vaincre la fatigue.

En cette période de pandémie de grippe A(H1N1), une grippe qui menace réellement la santé des populations, la phytothérapie est une pratique courante.

Les herboristes ainsi que les pharmaciens sont pris d’assaut par des gens à la recherche de solutions, gélules ou tisanes pour faire barrage au virus de la grippe et renforcer le système immunitaire. Ainsi, plusieurs spécialistes sont unanimes à dire que la phytothérapie rencontre un succès grandissant auprès des consommateurs, soucieux d’utiliser au quotidien les bienfaits de la nature. Les plantes concurrencent aujourd’hui la médecine moderne.

Des marques de gélules, de tisanes et de crèmes à base de plantes se multiplient dans les pharmacies pour traiter les problèmes digestifs, neurologiques, la forme et la beauté. Mais comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Les produits se présentent sous plusieurs formes mais les spécialistes mettent en garde contre les abus : « Les plantes ne guérissent pas tout, et naturel ne signifie pas sans danger. »

La phytothérapie est passée depuis des années de la phase empirique à la phase scientifique et des études cliniques ont identifié les composants et extraits actifs de plusieurs plantes dont les vertus sont chaque jour confirmées, a déclaré le Dr Michel Roussel, enseignant à la faculté de pharmacie de Lyon, auteur de plusieurs ouvrages et phytothérapeute, lors d’une conférence sur la phytothérapie qu’il a animée à Alger.

Pour l’Organisation mondiale de la santé, il faut distinguer deux types de phytothérapies. La première est issue d’une pratique traditionnelle et parfois très ancienne, dite de « remèdes de grand-mère ». Elle est basée sur l’utilisation de plantes dont les vertus ont été découvertes de façon empirique.

C’est une médecine dite « parallèle » du fait de l’absence d’étude clinique. En Afrique, jusqu’à 80% des populations ont recours à la médecine traditionnelle. C’est en 2002 que l’Organisation mondiale de la santé a mis en place sa première stratégie globale en matière de médecine traditionnelle.

Cette stratégie a pour but d’aider les pays à élaborer des politiques nationales d’évaluation et de réglementation des pratiques de la médecine traditionnelle et de la médecine complémentaire ou parallèle. En phytothérapie, les plantes ne sont généralement pas utilisées dans leur intégralité. Selon les variétés, on ne conserve que les racines, les feuilles, la tige, les baies, les fleurs, l’écorce ou les graines.

Les produits sont ainsi transformés en tisanes, gélules, huiles de massage… On peut également préparer ses « potions » soi- même en utilisant les plantes fraîches ou sèches. Une grande variété de produits est aujourd’hui disponible en officine.

Le laboratoire Mag Pharm commercialise, à lui seul, une riche gamme complète de produits de phytopharmacie pour entretenir la forme, le bien-être, la santé et la minceur. Parmi ces produits, on peut citer la tisane de ginseng qui diminue la sensation de fatigue et aide à surmonter le stress.

« Elle est recommandée en cas d’asthénie sexuelle, physique ou intellectuelle, de convalescence, en période d’examen ainsi que dans les baisses de forme dues au surmenage », lit-on dans les indications. Mycantis, un produit à base de champignons, renforce les défenses naturelles de l’organisme.

Des solutions douces et naturelles

Le laboratoire propose également des solutions douces et naturelles pour prévenir et lutter contre les troubles de la sphère ORL : Thymo, un sirop à base de thym, est un antiseptique respiratoire qui fluidifie les sécrétions bronchiques ; Bronchonet est indiqué dans la toux allergique, il contient du miel dont l’efficacité a été prouvée dans le traitement de la toux nocturne de l’enfant.

Ce dernier peut également trouver remède pour ses troubles bénins dans la gamme de produits de Mag Pharm dont Appetikid (pour le manque d’appétit), Genikid (difficultés d’apprentissage), Babygaz (sirop efficace contre les coliques)… « La médecine par les plantes est prouvée scientifiquement, donc on peut l’utiliser sans danger même chez les enfants, quand on respecte le mode de prescription.

Il ne faut pas oublier que la majorité des médicaments chimiques est fabriquée à partir d’extraits de plantes », souligne le Dr Ammar Aroua, pédiatre, qui précise : « Actuellement on trouve sur le marché algérien plusieurs produits à base de plantes.

Dans ma consultation je les utilise pour soigner les coliques des nourrissons, le manque d’appétit, les maux de gorge, les toux d’irritation, les désordres digestifs (spasmes, flatulences) et récemment pour l’hyperactivité et les troubles de la concentration et de l’attention chez certains enfants. je pense que c’est une bonne alternative pour soigner certaines maladies ».

Abondant dans le même ordre d’idée, le Dr Haouara Boubekeur, généraliste, déclare que la phytothérapie dans le traitement des maladies chroniques peut s’avérer délicate.

En effet, cette science (car c’en est une) ne peut en aucun cas être considérée comme une thérapie de substitution mais plutôt comme une alternative complémentaire. Souvent, le traitement est proposé sous forme de cures de 10, 15 ou 30 jours renouvelables.

Il faut faire du fameux adage populaire « tout excès est nuisible » un véritable dogme. Le Dr Haouara estime que certaines pathologies chroniques (rhumatismes, troubles gastro-intestinaux, insuffisance veineuse, etc.) sont soulagées par des traitements symptomatiques proposés par la médecine « moderne ».

Mais il est intéressant de substituer à ces traitements, qui entraînent souvent des effets secondaires, voire indésirables, des produits naturels maîtrisés.

Elle précise que dans le traitement des troubles métaboliques, la place de la phytothérapie peut être prépondérante car l’organisme tire ses besoins métaboliques de l’alimentation censée être naturelle.

Lors d’un déficit métabolique, la phytothérapie propose des solutions pouvant combler ce déficit. Par exemple, en cas d’anémie par carence martiale, la phytothérapie propose des produits naturels possédant une forte concentration en fer.

Par Djamila Kourta