Le malheur des uns fait le bonheur…

Le malheur des uns fait le bonheur…

arton5974-2718b.jpgDes dizaines, voire des centaines d’Algériens pris de panique continuent d’affluer aux postes frontaliers est. Le drame vécu par les pensionnaires de l’hôtel Impérial Marhaba à Sousse et la peur qui s’en est suivie n’a pas laissé indifférents les Algériens séjournant actuellement en Tunisie.

Le départ massif des touristes rarement vécu, de l’avis de responsables d’agences touristiques, par ce pays, a instauré un climat de terreur. Une panique qui a touché aussi les familles qui s’apprêtaient à s’y rendre juste après l’Aïd pour passer quelques jours de vacances.

Selon le chef d’une agence, Rama Tours, à Constantine, plusieurs parmi les clients de la boîte ayant prévu de séjourner dans la ville de Sousse ont annulé leurs réservations d’après-ramadhan. Partagés entre l’annulation pure et simple et le changement de destination, plusieurs parmi les touristes algériens à la recherche d’une destination paisible hésitent à se décider encore selon le propriétaire de l’agence.

Une peur qui n’a toutefois pas laissé indifférents certains prestataires touristiques marocains et turcs. A en croire une responsable d’une autre agence de tourisme activant dans la capitale de l’Est, des agences de voyages marocaines n’ont pas tardé à lancer des offres promotionnelles en direction des touristes algériens.

Des offres alléchantes, selon notre interlocutrice, qui pourraient défier toute concurrence. Les agences marocaines viseraient le quart des probables touristes récalcitrants. En 2014, 1.28 million d’Algériens avaient séjourné au pays du Jasmin contre une centaine de milliers ayant opté pour le royaume de l’Ouest.

Selon les chiffres de fréquentation de l’aéroport Houari-Boumediène, le Maroc reste la première destination arabe des voyageurs algériens. Une tendance juteuse que semblent vouloir exploiter les responsables marocains lesquels souhaiteraient tripler, voire quadrupler leur quota, et pourquoi pas frôler le demi- million de touristes algériens.

Relativement chères par rapport aux prix proposés par les Tunisiens, les offres de séjours au royaume chérifien devront connaître d’alléchantes remises, selon les agences contactées et qui semblaient unanimes sur le sujet. Auparavant, un séjour d’une dizaine de jours à Agadir aurait coûté au minimum 90 000 DA alors qu’une formule identique est proposée à Hammamet entre 65 000 DA et 70 000 DA.

Contrairement aux deux pays maghrébins, la Turquie reste excessivement inaccessible à certaines bourses puisqu’un séjour de même durée ne coûterait pas moins de 150 000 DA par personne.

Ce pays aurait plutôt, selon nos interlocuteurs, lancé des campagnes de sensibilisation en direction des pays européens. En effet, à la suite du drame de Sousse ce serait faire preuve d’innocence que de croire que les Occidentaux fouleront de sitôt les plages tunisiennes.

La reprise du secteur touristique tunisien, névralgique pour le pays, semble, à en croire tout cet affolement, compromise de façon durable.

Des Algériens empêchés de se rendre en Tunisie

Paradoxalement nombreux étaient les Algériens à avoir annoncé, aussitôt après l’attentat de vendredi ayant coûté la vie à 39 personnes en majorité des touristes occidentaux, leur total soutien au peuple tunisien. Des messages de soutien via les réseaux sociaux et autres canaux médiatiques avaient envahi la sphère des communications.

Une réaction similaire avait été engendrée par l’attentat, le 18 mars dernier, du musée du Bardo et qui avait coûté la vie à 24 personnes dont 21 touristes. Selon des chiffres fournis par des responsables du tourisme tunisien, en sus des messages de soutien, les Algériens ont été nombreux à se rendre en Tunisie après la tuerie. Ils ont été 256 000 à avoir visité le pays voisin entre le 1er janvier et le 15 avril 2015.

Seulement, l’attentat de l’hôtel Impérial Marhaba a provoqué des réactions peu ordinaires des responsables des postes frontaliers tunisiens. Selon des témoignages recueillis hier, des dizaines d’Algériens avaient été empêchés de se rendre en Tunisie. Les autorités de ce pays leur auraient exigé d’abord que l’âge minimal soit de 35 ans en sus d’un document prouvant qu’ils ont effectivement une réservation d’hôtel.

Il faut aussi rappeler que les autorités algériennes et tunisiennes avaient placé depuis l’attentat toute la bande frontalière sous haute surveillance.

Selon des témoignages d’habitants algériens à la lisière des deux pays, les patrouilles de l’armée sont devenues plus fréquentes. Ceci en plus des postes de garde avancés, lesquels auraient été revus à la hausse au niveau de tous les postes-frontaliers, à El-Tarf, Souk-Ahras et Tébessa. Une surveillance qui aurait au passage donné un coup aux trafiquant et autres contrebandiers contraints faut-il le souligner, d’opérer un repli en attendant que la tension baisse. Une tension qui met en tout cas toute la région en état d’alerte.